Le tableau (Inv. 2478) a été acquis par la Région Basse-Normandie le 21 janvier 2002 à la Galerie d'art et d'antiquités Michel Bertran (Rouen) pour un montant de 1 677 euros. Son cadre actuel (gamme Delf) provient de la Galerie Rollin (Rouen).

Affranchi de l'enseignement académique, suivi à l’École des Beaux-Arts de Rouen auprès de Philippe Zacharie (Radepont (Eure), 1849-1915), Louvrier se rapproche de Joseph Delattre (1858-1912), issu de la même formation et pourfendeur de l'art officiel, qui jouit d'un certain charisme, entraînant dans son sillage nombre de peintres. A l'instar de ce nouveau maître, proche des impressionnistes, il devient l'un des chantres de la vallée de la Seine et un représentant de l’École de Rouen. L'artiste va cependant plus loin dans la dilution des formes qui se confondent en harmonies vaporeuses. Dans le tableau de la collection régionale, les brumes envahissent la toile au point de dissoudre les rives de la Seine où se reflètent quelques maisons. La couleur s'étale en touches plus ou moins larges. Une infinité de bleus, de verts et de gris se mêlent pour former une composition atmosphérique saturée d'humidité.

Dès le 19e siècle, le site pittoresque de La Bouille devient un lieu de villégiature volontiers représenté par les peintres (Alfred Sisley, William Turner, Paul Gauguin...). Louvrier perpétue, avec d'autres artistes comme Pierre Eugène Duteurtre (1911-1989) qui y réside, cet attrait pour ce petit village des bords de Seine au siècle suivant.