Le tableau (Inv. 831 bis), précédemment vendu le 22 mai 1985 à l'Hôtel Drouot, a été acquis par la Région Basse-Normandie le 30 novembre 1987 auprès de l'antiquaire Yves Blondel pour un montant de 60 000 francs (9 146 euros). Il est représentatif de la production d'Alfred de Dreux qui s'est consacré au genre animalier. Le peintre se montre fasciné par la force et la fougue animale qu'il restitue au travers de scènes de combat avec une rigueur presque documentaire. A ce titre, il s'inscrit dans les pas de Théodore Géricault (1791-1824) - dont il fait la connaissance, enfant, grâce à son oncle, le peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy (1789-1874) - peintre de la beauté animale, en particulier sauvage, qu'il fixe avec un réalisme puissant et sensuel. Alfred de Dreux hérite de cette même passion et bien qu'il ait à peine eu le temps de le connaître - il est âgé de 14 ans lorsque Géricault décède - il en fut plus marqué que par l'apprentissage suivi chez le peintre d'histoire Léon Cogniet (1789-1874).

Les chiens sont les compagnons obligés de la chasse à courre dont s'éprend Alfred de Dreux à la suite d'un séjour outre-Manche (1844-1852). Ils peuvent être, comme dans la toile de la collection régionale, le seul sujet du tableau, ce qui n'est pas novateur en soi. C'est plutôt de la captation d'un instant cruel dans un style enlevé que l’œuvre tire son impétuosité romantique. Les attributs du guerrier, rassemblés tel un trophée, trônent sur le fond esquissé d'un champ de bataille. Si la composition reste classique, la touche se libère et la couleur s'anime sous l'effet de la lumière. Celle-ci sous-tend l'art d'Alfred de Dreux, influencé par la peinture anglaise. Tout en restant fidèle à Horace Vernet (1789-1863), Alfred de Dreux captive le regard par la vivacité de ses compositions animalières.