Dossier d’œuvre objet IM14006185 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice rez-de-chaussée de l'aile sud du cloître

Cette œuvre s'inscrit dans un projet d'action artistique en milieu carcéral porté par l'association "Regards croisés" en 2007 dans le cadre de la politique inter-ministérielle "culture-justice". En faisant appel à la plasticienne Cécile Raynal, il s'agissait d'une part, d'initier et de sensibiliser les détenus à une pratique artistique et d'autre part, de permettre la présentation d’œuvres d'art dans ces lieux singuliers. Il était attendu qu'un dialogue puisse naître de cette rencontre entre les personnes détenues et l'artiste autour d'une réflexion sur le processus de création à l’œuvre. "Il ne s'agira donc pas d'un projet pédagogique ou thérapeutique pour les détenus ; mais d'une sorte d'itinéraire initiatique autour de la question de la représentation du corps, de la mémoire, de son étrangeté, de sa beauté" (Anne Marie Husson, médecin) qui se pose avec une acuité particulière en prison où les individus perdent tout repère identitaire. Cette aventure collective, associant détenus, personnel pénitentiaire, médecin, sociologue et artiste, a été l'occasion de s'interroger sur la capacité de l'art à capter la dimension mémorielle de l'expérience carcérale pour modifier le regard négatif portée par la société et donner un sens au destin perturbé des détenus. Le portrait est utilisé ici comme un détonateur cathartique, une tentative d'ouverture de "la pensée enfermée" capable de révéler son histoire intime.

Grâce au parrainage de Robert Badinter (1928-), Cécile Raynal a pu réaliser ce projet à la maison d'arrêt des femmes et au centre de détention de Caen. Quatre installations de neuf bustes sont nées de cette initiative qui a duré de juin 2008 à août 2009. Après les séances de pose in situ, les portraits en terre des détenus ont été acheminés en atelier pour être cuits et intégrés aux installations (chaises, tables), afin de rappeler les situations vécues par ces personnes "dissimulées, punies, bannies" (dispositif de confrontation, de parloir). "Dans Duo, l'herbe fonctionne comme la structure métallique, la simplicité de cette présence emmène les deux figures dans un espace plus léger, ludique, elle ouvre sur une possibilité de paix" (Cécile Raynal). Une quiétude émane de cet improbable duo humain, l'herbe vert tendre reliant le temps d'un échange deux sociétés qui s'ignorent.

Exposée dans une galerie du cloître, l’œuvre rappelle une autre forme de "mort au monde", la réclusion monastique. Elle a d'abord été présentée dans le cadre de l'exposition itinérante émanant du projet "Regards croisés" intitulée Persona, ae : Acteur, personne (centre pénitentiaire de Caen, novembre 2009 ; CCI du Havre, 18 mars-28 avril 2010 ; Abbaye-aux-Dames de Caen, 1er mai-2 juin 2010). A proximité était diffusée via des casques audio une pièce sonore de 13 minutes mêlant noms de papillons et citations littéraires de Jim Harrison, Marguerite Yourcenar et Jack London. Le groupe statuaire a été acquis par la Région Basse-Normandie le 14 juin 2010 pour un montant de 10 000 euros. Il a été exposé l'année suivante au Cap d'Ail (château des Terrasses).

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 2009
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Raynal Cécile
      Raynal Cécile

      Né à Château-Thierry, Cécile Raynal se forme à l’École des Beaux-Arts de Perpignan tout en travaillant à la fonderie d'art Cockin dans l'Aude (1986), puis à celles du Havre (Diplôme national d'arts plastiques, 1989) et de Toulouse (Diplôme national supérieur d'expression plastique option art, 1991). Assistante en moulage, tirage de cire et ciselure du bronze à la fonderie Cockin de 1990 à 1992, elle part ensuite en Afrique de l'Ouest (1992-1993). Revenue en France, elle mène parallèlement à son activité de plasticienne une carrière de danseuse et chorégraphe (1993-2008) notamment en lien avec l'Université du Havre en tant que chargée de mission Danse puis directrice artistique du festival Mars et Danse (2002-2007) ; elle a notamment animé et dirigé un atelier de danse afro-contemporaine. Cécile Raynal expose régulièrement ses œuvres en France, notamment en Normandie où elle vit, dans des lieux aussi différents que galeries, CHU de Rouen (Les fils de..., 2006 ; Du très haut au très bas, 2008), chapelle Saint-Louis de Rouen (2008), centre pénitentiaire de Caen (Persona, ae, 2009), abbaye-aux-Dames de Caen (id., 2010), CCI du Havre (id., 2010), EHPAD de Bolbec (A l'endroit, à l'envers, ..., 2010), château des terrasses du Cap d'Ail (Autour de l'échelle, 2011), musée d'Art, d'Histoire et d'Archéologie d'Evreux (Le déjeuner sans l'herbe, 2013), Espace culturel des Docks Vauban du Havre (Hommes d'équipage, 2013), CHUM de Rouen (Tant que tournent les roues, 2013), Centre d'art contemporain de la Matmut à Saint-Pierre-de-Varangeville (Travers/ées, 2014), Institut mutualiste Montsouris à Paris (Des ombres d'Alice au vestibule des pommes, 2015-2016). Elle a reçu un certain nombre de commandes publiques des mairies de Limoux (Masque, bronze, 1991) et de Saint-Jouin-Bruneval (Marianne, 2009). Cécile Raynal a axé sa pratique sur le portrait lui permettant d'explorer l'intimité des êtres comme autant de géographies et de lieux de mémoire, redonnant à des individus oubliés ou marginalisés une dignité humaine et sociale. C'est par le matériau de l'argile que l'artiste fait surgir de cette continuelle "immersion en altérité" (Florence Calame-Levert) des figures calcinées comme si elles avaient été piégées dans une gangue de lave. La ductilité du matériau révèle ainsi la singularité propre de chaque psyché.

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      sculpteur

Les deux figures représentées à mi-corps et disposées sur un dé ont été réalisées en argile carbonisée ou enfumée cuite à 900°C, et résine. Les installations (socles) sont en acier rouillé puis verni. L'ensemble occupe 6 m2 au sol. La plaque de métal était initialement recouverte de terre plantée d'herbe posée sur une couche de sphaigne du Chili pour retenir l'humidité.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
    • groupe non relié
  • Matériaux
    • acier
    • résine, verte
    • terre cuite
  • Mesures
    • h : 180 centimètre (dimension de l'installation au sol)
    • l : 200 centimètre (dimension de l'installation au sol)
    • la : 110 centimètre (dimension de l'installation au sol)
    • pds : 220 (poids total en kg)
    • pds : 60 (poids d'un socle en kg)
  • Précision dimensions

    Dimensions de la table centrale : h = 104,5 ; la = 75,4 ; pr = 95,3. Hauteur du socle soutenant la table : 95 cm. Figure dextre sans le socle : h = 74,5 ; la = 55 ; pr = 79. Figure senestre sans le socle : h = 80,5 ; la = 53 ; pr = 87,5.

  • Iconographies
    • captif, assis, face à face, groupe de figures, sur dé
  • Précision représentations

    Le groupe représente un détenu du centre pénitentiaire de Caen et un ami de l'artiste.

  • Inscriptions & marques
    • signature, sur l'oeuvre
    • date, sur l'oeuvre
    • inscription concernant l'iconographie, sur cartel
  • Précision inscriptions

    Signature et date sur le haut de la cuisse droite de la figure senestre : RAYNAL / 09. inscription concernant l'iconographie [propos de l'artiste en préambule du projet d'action artistique en milieu carcéral mené à la maison d'arrêt de femmes et au centre de détention de Caen] : Je ne savais rien de ce qui se passe dans une prison, ni comment on y arrive, par quels chemins, quels désordres, quels choix, quels acteurs ou quelles malchances. Passer, avec chacun d'entre ceux qui le désiraient, le temps qu'il fallait pour réaliser son portrait ; à travers cette rencontre, rendre visible en partie un corps et son visage, contraints à l'immobilité et à l'attente, 2006.

  • État de conservation
    • bon état
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    Restauration en résine sur le buste du détenu : doigt de la main gauche.

  • Statut de la propriété
    propriété de la région
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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