Le papier peint dit "la Chambre aux Chinois" (Inv. 2165) provient du château de la Tour (Saint-Pierre-Canivet), construit de 1769 à 1770, où Adélaïde de Bullioud, comtesse de Séran, a reçu les écrivains les plus célèbres de son temps. C'est certainement cette amie proche de Louis XV qui fut à l'origine de la commande de cette pièce remarquable dont la mise en place serait intervenue peu après la construction du château. Il ornait les murs d'une chambre à l'étage. S'inscrivant dans une utilisation traditionnelle des papiers dans les maisons chinoises, les papiers peints, élaborés en Chine, témoignent de l'engouement général de l'Europe occidentale pour les chinoiseries au 18e siècle qui marque l'apogée des échanges commerciaux avec l' "Empire du milieu". Articles de luxe exclusivement destinés à l'exportation, les papiers peints étaient négociés à des prix élevés pour une clientèle très aisée. Cet ensemble décoratif constitue l'un des rares exemples répertoriés en France et le témoin insigne d'une production florissante qui a séduit les fortunes européennes jusqu'en 1880.

Dégradé du fait de l'abandon de la demeure, le papier peint a été déposé dans l'urgence en prévision de la mise en vente de la propriété. Il a été acquis le 24 novembre 1996 par la Région auprès des commissaires priseurs associés Tancrède et Lô Dumont (Caen) pour un montant de 387 989 francs (59 148 euros). Avec l'aide de l’État et du Département, la restauration a été confiée à Claude Laroque, Isabelle Lambert et Barbara Essaïan (2000-2001). L'intervention a consisté dans le dépoussiérage, le démontage de la toile au revers (toile brunâtre très lâche sur laquelle était monté le papier doublé d'un papier occidental gris), la reprise des déchirures (collages et renforts), le doublage des panneaux sur papiers japons, leur entoilage sur un non-tissé polyester, l'élimination des repeints à l'huile, la retouche des manques. Le papier peint a été remonté 2001 sur du papier japonais et une toile polyester dans le salon de réception de l'Hôtel de Région, dont les proportions adaptées ont permis de redonner au décor sa continuité.