L'histoire de la faïencerie de Saint-Clément est intimement liée à celle de Lunéville, érigée en manufacture royale en 1749, dont elle est en quelque sorte la fille. Jacques Chambrette, fils du faïencier dijonnais Jean-Jacques Chambrette (1683-1751), fonde une première faïencerie en territoire lorrain, à Lunéville, entre 1726 et 1730, date du début de l'activité. Il met au point la terre de pipe (1748) - mélange d'argile, provenant majoritairement de Cologne, de craie de Champagne et de cailloux blancs broyés extraits de la rivière de la Meurthe - qui donne une faïence fine et blanche pouvant rivaliser avec la porcelaine. Afin de contourner la taxation imposée par la France sur les produits étrangers, il développe un deuxième site de production de faïence en terre évêchoise, à Saint-Clément, situé à 8 km à au sud-est de Lunéville, dont les bâtiments sont construits en 1757-1758. A son décès survenu en 1758, son fils Gabriel prend la direction de l'entreprise familiale. De 1759 à 1763, l'établissement est exploité par Charles Loyal, gendre de Jacques Chambrette, le sculpteur Paul Louis Cyfflé et l'architecte Richard Mique, qui en devient propriétaire de la moitié en 1786. En 1863, la famille Thomas acquiert la faïencerie de Saint-Clément qui connaît un grand rayonnement artistique grâce à la collaboration de Charles et Émile Gallé. En 1892, Keller et Guérin, propriétaires de la manufacture de Lunéville, la rachètent à leur tour. Sous la marque K & G, déposée en 1879, la production de Saint-Clément domine, avec celle de Lunéville, le marché français. Les bâtiments du site sont considérablement agrandis à la fin du 19e siècle. Entre 1923, Edouard Fenal, propriétaire de la faïencerie de Badonviller, se rend acquéreur de Saint-Clément et de Lunéville. Les frères Mougin puis Géo Condé créent les modèles artistiques, dans le style Art Déco, qui contribuent à la renommée internationale du groupe "SA Faïenceries de Lunéville Badonviller Saint-Clément". En 1978, celui-ci mène une OPA sur les actions du groupe Drouot lui permettant d'intégrer la faïencerie de Sarreguemines. En 2006, la société Faïence & Cristal Fins, propriétaire de la faïencerie de Niderviller, de la cristallerie de Vallérysthal et de la verrerie de Portieux, rachète les faïenceries de Lunéville et de Saint-Clément pour créer un nouveau groupe réuni sous la raison sociale Terres d'Est. Ce dernier est placé en liquidation judiciaire en juillet 2012. En septembre de la même année, les faïenceries de Saint-Clément et de Lunéville sont reprises par le groupe le groupe Émaux et Mosaïques de Briare.

Sources consultées le 8 janvier 2020 :

-site Ministère de la Culture, POP, Notice sur la faïencerie de Saint-Clément, REF IA54001028, https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA54001028?mainSearch=%22Saint-Cl%C3%A9ment%20fa%C3%AFence%22&producteur=%5B%22Inventaire%22%5D&last_view=%22list%22&idQuery=%22074c1f-f614-ca1-5a3c-34256c7a1ec%22

-site internet de l'Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, http://www.amisfaienceluneville.fr/index.php/histoire

-site internet Terres d'Est, https://terresdest.fr/faiencerie-de-luneville/

-site internet Céramique et faïence, http://www.ceramique-et-faience.com/faiencerie_de_luneville-saint-clement.php

-site internet de l'université du Luxembourg, GR-Atlas, Manufacture Chambrette, https://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/ce959/lo1166/cl1102

-Hamman Philippe. La construction d'une histoire officielle d'entreprise: l'«auguste ancêtre», François-Paul Utzschneider. In : Genèses, 40, 2000. Fabrique des lieux. pp. 53-80;doi : https://doi.org/10.3406/genes.2000.1635https://www.persee.fr/doc/genes_1155-3219_2000_num_40_1_1635