L'ensemble des 13 claveaux appartient aux collections lapidaires de la Société des Antiquaires de Normandie déposées depuis 1983 au Musée de Normandie qui a autorisé son exposition dès 2005 dans les anciens bâtiments conventuels de l'abbaye de la Trinité, siège de la Région Normandie. Il provient de l'église Saint-Samson de Ouistreham (Calvados), un des fiefs donné par Guillaume le Conquérant et son épouse Mathilde en 1082 à l'abbaye de la Trinité qui en a assuré le patronage quelques années plus tard, au titre duquel elle a perçu des dîmes. Les claveaux datent en majorité de la construction de l'édifice, au milieu du 12e siècle, doté d'un nouveau chœur avec érection d'une tour-clocher sur la première travée (chantier terminé d'après Maylis Baylé au début du 13e siècle) puis fortifiée au 15e siècle. Cette église possède des similitudes à la fois avec l'architecture d'outre-Manche (alternance de grosses piles rondes et de piles composées dans la nef) et l'église abbatiale de la Trinité de Caen (coursière au niveau des fenêtres hautes).

Dans le cadre de ses missions d'étude archéologique des monuments de la région, la Société des Antiquaires de Normandie a recueilli les éléments de ce décor consécutivement aux travaux menées sur l'église, classée au titre des monuments historiques par liste de 1840, par les architectes Paul Vérolles (1843-1857), Victor Ruprich-Robert (1867-1887) et Anthyme de la Roque. Conformément aux statuts de l'association, chaque membre était invité à relever l'existence d'éléments architectoniques, de les documenter et de proposer des solutions pour assurer leur conservation. Comme le rappelle Jean-Yves Marin dans un article consacré aux collections de la SAN (1987), l'association a accueilli des pièces lapidaires dès sa création avant d'ouvrir un musée en 1860 dans l'ancien collège du Mont qui a abrité les moulages, la collection lapidaire personnelle d'Arcisse de Caumont et le dépôt lapidaire propriété de la Ville de Caen. Les problèmes de gestion et le bombardement de 1944 ont rendu la compréhension de ces collections difficiles jusqu'aux travaux menés par le Musée de Normandie (Caen). Deux inventaires réalisés en 1973 et 1992 en ont dressé un descriptif précis avec leur état de conservation et leur datation. Présentant de nombreux manques et épaufrures, les claveaux de l'église Saint-Samson ont perdu leurs dimensions initiales. C'est sans doute leur état de conservation qui a entraîné leur dépose au cours des travaux très interventionnistes des architectes au 19e siècle. Comme l'indique Maylis Baylé, l'ensemble de l'édifice a été très restauré et a perdu en authenticité, notamment au niveau des sculptures et des moulures. L'emplacement initial de ces claveaux dans l'édifice n'est pas précisément connu. Les rouleaux des arcs du portail et des baies sont ornés de beak-heads, de chevrons et de bâtons brisés qui se retrouvent sur les claveaux déposés où prédominent les visages émergeant de bâtons brisés.