Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.
- patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Collection particulière
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Vallée de la Basse-Seine
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Hydrographies
la Seine
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Commune
Sotteville-lès-Rouen
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Adresse
8 rue Antoine Lavoisier
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Cadastre
2009
AT
32
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Dénominationsusine de cellulose, usine à papier
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Précision dénominationusine de ouate de cellulose, usine de papier à usage domestique, usine de papier absorbant, usine de mouchoirs en papier
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Appellationsusine Sopalin
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Parties constituantes non étudiéesatelier de fabrication, bureau, entrepôt industriel, station d'épuration, chaufferie, voie ferrée
Cette usine de papiers à usage domestique issus de la transformation de la ouate de cellulose est fondée en 1967 par la société anonyme Sopalin (Société du Papier Linge) créée en 1946 à l’initiative des Papeteries Darblay et Monvrain. Peu après la mise en service d’une première usine à Corbeil (91) et face au succès que connaissent ce type de papier à usage domestique, notamment l’essuie-tout breveté en 1948, la société Sopalin décide de s’associer au groupe américain Kimberly-Clark Corporation en 1958 pour développer sa capacité de production. Plutôt que l’extension du site existant comme prévu initialement, elle fait le choix d’une implantation hors de la région parisienne afin de bénéficier des aides publiques accordées par l’État dans le cadre de sa politique de décentralisation industrielle.
La nouvelle usine est finalement implantée à Sotteville-lès-Rouen sur la zone industrielle en cours d’aménagement et occupe un terrain de 10 ha entre la Seine et la voie de chemin de fer Paris-Rouen, pouvant servir d’axes de communication de même que l’autoroute A13 rapidement accessible par le boulevard industriel qui dessert la zone.
La conception de l’usine est confiée à Marcel Lods, architecte en chef de la reconstruction de Sotteville et à son collaborateur, Marc Alexandre. Les travaux lancés le 1er décembre 1965 vont durer un an et demi. La papeterie est mise en service le 13 janvier 1967 avec 80 salariés et inaugurée officiellement le 20 juin 1967 par le ministre de l’industrie Olivier Guichard.
L’usine signée Lods consiste un bâtiment monobloc de 10 000 m2 comprenant deux niveaux constitués de panneaux préfabriqués maçonnés au rez-de-chaussée, métalliques à l’étage. Le rez-de-chaussée est dédié à la fabrication de la ouate de cellulose. Y est installé une machine gigantesque ultra moderne de type Beloit qui mesure 32 m de long et 12 m de haut et est équipée d’un cylindre sécheur de 60 T. L’étage est quant à lui affecté à la préparation de la pâte et à son conditionnement en bobines de grande taille. Elle est complété par un bâtiment de plain-pied de 5500 m2 qui sert au reconditionnement, au stockage, à l’expédition et accueille provisoirement les bureaux. Une chaudière de marque Babcock assure l’alimentation en vapeur des ateliers.
L’usine de Sotteville utilise comme matières premières de la pâte à papier (56%) provenant des USA, du Canada ou des Pays Scandinaves et des vieux papier (44%) dont les deux tiers sont acheminés jusqu’à l’usine par voie d’eau. Une fois sur site, ces matières entrent dans le processus suivant : elles sont traitées dans des pulpeurs (sorte de grands broyeurs) pour former une pâte qui est ensuite lavée, filtrée, décantée et blanchie par traitement chimique. Toutes ces opérations qui visent à obtenir une pâte pure et immaculée, exigent beaucoup d’eau (retraitée en interne dans une station d’épuration). La pâte en contient à ce stade plus de 97%. Elle est ensuite essorée dans le cylindre sécheur tournant à grande vitesse puis pressée entre des rouleaux pour former une longue feuille humide qu’il faut sécher à nouveau par passage entre plusieurs cylindres chauds. A l’issue de ce processus la pâte est transformée en une feuille plate, sèche et uniforme qui est conditionnée en bobines géantes de deux mètres. Celles sont acheminées vers les autres usines du groupe qui assurent la finition c’est-à-dire leur transformation en différentes gammes de papiers à usage domestique : essuie-tout, mouchoir jetable, papier toilette et d’hygiène féminine… En 1969, la production annuelle de l’usine est de 15 000 T de ouate de cellulose ce qui représente alors la moitié de la consommation française.
Dès mai 1970, des agrandissements sont apportés à l’usine avec la construction de 23 000 m2 de surface d’atelier de plain-pied supplémentaire. Cette extension permet de rapatrier à Sotteville de la ligne de finition de l’usine de Corbeil et d’opérer sur le site normand une concentration de la fabrication. Outre la finition, le nouvel espace reçoit l’atelier de conditionnement, le magasin de stockage des produits finis et les bureaux de l’administration. La papeterie normande emploie alors 225 salariés.
L’activité est brutalement interrompue le 8 juillet 1971 par un incendie meurtrier qui ravage l’entrepôt des matières premières, détruit une partie de l’espace de production et fait 4 victimes. La reconstruction des bâtiments sinistrés est l’occasion de développer la production : en 1972 une seconde machine est installée permettant de doubler la production d’ouate de cellulose. L’usine est alors au plus fort de son activité et son effectif atteint 592 salariés.
A la fin des années 1970, les perturbations que connait de la filière papetière française se traduit par des restructurations profondes. Ainsi, en 1979 la société Sopalin cède à son associé Kimberly-Clark la totalité de son capital pour devenir une simple filiale du groupe. Commence alors, pour l’usine normande, une longue phase de baisse d’activité et des effectifs. Le pic est atteint à la fin de l’année 1992, lorsque le groupe américain engage une réorganisation de sa stratégie de production et décide de spécialiser chacune de ses usines européennes dans un produit unique. La papeterie de Sotteville, qui produisait jusqu’à 45 produits différents, est alors recentrée sur la seule fabrication des mouchoirs en papier (de la marque Kleenex) conditionnés en boite. 312 des 465 salariés sont licenciés et une partie de l’équipement industriel est déménagé. S’en suit un long conflit social qui s’achève au bout de 4 mois, en avril 1993 par l’intervention les forces de l’ordre pour mettre fin à l’occupation de l’usine. La même année, malgré un effectif drastiquement réduit, la production redémarre à haut régime suite au nouveau rythme de travail mis en place, les trois-huit, de sorte que l’usine fonctionne 24h/24, 7j/7. C'est également en 1993 à l'occasion de ce changement que de nouveaux bureaux sont édifiés. En 2010, la production atteint 20 000 T de ouate et 125 millions de boites de mouchoirs en papier distribuées dans toute l’Europe sous les marques Kleenex, Sopalin, Brévia...
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Période(s)
- Principale : 3e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
- Principale : 4e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
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Dates
- 1967, daté par travaux historiques
- 1970, daté par travaux historiques
- 1971, daté par travaux historiques
- 1972, daté par travaux historiques
- 1993, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Lods Marcelarchitecte attribution par travaux historiquesLods Marcel
Diplômé de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1923, Marcel Lods, associé à Eugène Beaudoin, réalise plusieurs oeuvres majeures du mouvement moderne pendant l'Entre-Deux-Guerres (école de plein-air de Suresnes, maison du Peuple de Clichy). Architecte en chef de la reconstruction de Sotteville-lès-Rouen après la Seconde Guerre mondiale, il réalise de nombreux ensembles de logements dans l'agglomération rouennaise au début des années 1960.
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Auteur :
Alexandre Marcarchitecte attribution par travaux historiquesAlexandre Marc
Architecte, collaborateur de Marcel Lods
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Auteur :
L’usine conçue par Marcel Lods et Marc Alexandre est un bâtiment de plan libre utilisant une structure en poteaux-dalles en béton armé, comprenant deux niveaux, soit 10 000 m2 de surface d’atelier, et couvert d’un toit terrasse : un rez-de-chaussée surélevé, composé de panneaux de façade préfabriqués en béton vibré incrustés de galets servant à la fabrication de la ouate de cellulose et un étage composé de panneaux de façade en aluminium peints de couleur blanche et argentée servant à la préparation de la pâte et à son conditionnement en bobines de grande taille. Elle est complétée par un bâtiment de plain-pied de 5500 m2 construit en parpaings de béton recouvert de tôle en façade et doté d’une série de toits à longs pans qui sert au reconditionnement, au stockage, à l’expédition et accueille provisoirement les bureaux. Une chaufferie, une station d’épuration, une aire de stockage des matières première, un raccordement ferré complètent le site.
L’extension réalisée au début des années 1970 est un bâtiment de plain-pied de 23 970 m2 utilisant le même système constructif que le précédent et construit dans son prolongement. Le bâtiment des bureaux réalisé dans les années 1980 est construit en poteaux-dalles en béton sur deux niveaux et couvert d’un toit terrasse.
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Murs
- béton parpaing de béton
- galet
- aluminium mur-rideau
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Toitsbéton en couverture, matériau synthétique en couverture
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Étages1 étage carré
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Couvrements
- charpente en béton armé apparente
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Couvertures
- terrasse
- toit à longs pans pignon couvert
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Énergies
- énergie thermique produite sur place
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Statut de la propriétépropriété d'une société privée
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Collection particulière
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- (c) IGN
Bibliographie
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ALEXANDRE, Alain, CROGUENNEC Michel. Histoire d’usines, 180 ans de vie industrielle dans l’agglomération rouennaise. Ed. L’écho des vagues, 2013, 320 p.
p. 264-265
Périodiques
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Sopalin à Sotteville. In : Présence Normande, 1970, n° spécial, pp. 25-26.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.
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