Dossier d’œuvre architecture IA76006324 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
centrale électrique de Yainville, dite Yainville 2
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Seine-Maritime - Duclair
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Yainville
  • Lieu-dit le Bac
  • Dénominations
    centrale thermique, centrale électrique
  • Appellations
    Yainville 2
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    salle des machines, chaufferie, transformateur, aire des matières premières, réservoir industriel, bureau, station de pompage, quai, voie ferrée, voie navigable, poste de chargement

La loi de nationalisation de la production et de la distribution de l'électricité promulguée le 18 avril 1946 octroie à EDF la gestion en monopole du réseau électrique français. A cette date, le renouvellement de l’appareil productif de Yainville est un projet déjà bien avancé qu’EDF reprend à son compte, avec ses moyens de firme nationale. Son programme porte sur la construction d’une seconde centrale thermique qui, par son envergure et sa puissance, dépasse en tout point les réalisations précédentes édifiées sur la vallée de la Basse-Seine.

Pour édifier la nouvelle usine et la cité qui en dépend, EDF fait l’acquisition de 90 ha de terrain - représentant près du tiers du patrimoine foncier de la commune : en novembre 1947 elle achète 12 ha pour y implanter la cité du personnel, entre 1950 et 1955 4 ha en parcelles situées à droite du chemin communal n°20, en août 1956 71 ha à gauche du chemin communal n°20 pour y installer un immense parc à charbon. Tous ces terrains trouvent une utilisation à l’exception du dernier. En effet, le nouveau parc ne sera jamais réalisé, les tranches 1 et 2 ne fonctionnant que partiellement au charbon et les tranches 3 et 4 n’ayant quant à elles jamais utilisé ce combustible.

Le chantier de la nouvelle centrale est lancé en 1948 et la mise en service de l'usine s'effectue par étapes. En 1950 et 1952, les deux premiers groupes de turboalternateurs de 50 MW sont respectivement mis en service. Deux autres groupes de turboalternateurs de 125 MW leurs sont adjoints en 1955 et 1956. Avec une capacité globale de 350 MW, la puissance de cette centrale est plus de trois fois supérieure à celle qu’EDF vient d’implanter à Canteleu. Ses quatre groupes sont positionnés en ligne dans la salle des machines, vaste bâtiment de 3800 m² où se trouvent également les salles de commande, des pompes et les postes d’eau basse pression. La chaufferie attenante abrite les six chaudières d’alimentation des groupes. L’équipe technique chargée de la conception du site avait intentionnellement surdimensionné le volume des bâtiments pour permettre l’installation de nouveaux groupes de turboalternateurs en cas de besoin.

Conçue pour fonctionner essentiellement au fuel, la centrale reçoit son combustible des raffineries voisines par voie fluviale ou ferrée. Un quai de 85 m de long doté d’un appontement permet le dépotage quotidien de cinq péniches, soit 3 400 t de fuel lourd. La centrale en consomme près de 2 300 t par jour. En cas de rupture d’approvisionnement, l’usine dispose de trois réservoirs de 20 000 m3 et un réservoir de 10 000 m3 qui permettent de stocker le fuel nécessaire à un mois de marche continue à pleine charge. Une petite cuve de 2 500 m3 assure le stockage du fuel léger, nécessaire à l’allumage des générateurs de vapeur. Le charbon, accessoirement utilisé par les deux premiers groupes de turboalternateurs, est entreposé sur un parc de 18 000 t situé au nord de la première usine.

Dans les années 1960, la centrale Yainville 2 emploie 225 agents. La majorité du personnel loge dans la cité des Clairs-Logis qu'EDF fait construire sur le plateau non loin de l'usine.

Au début des années 1980, après 25 ans de marche soutenue, l’usure des installations, la flambée du prix du fuel après les chocs pétroliers de 1973 et de 1977 et l’apparition du nucléaire -la centrale de Paluel est mise en chantier en 1977- déterminent le Conseil d’administration d’EDF à déclasser le site. L’usine est arrêtée progressivement entre 1981 et 1985. En juin de la même année, la centrale désaffectée est réutilisée comme salle de concert dans le cadre du Festival d’Été de Rouen qui a demandé au compositeur anglais Michael Nyman d'écrire une œuvre d’une heure pour la soprano Sarah Leonard, adaptée à la salle des machines où elle sera jouée.

En 1991, faute de repreneur, EDF prend la décision de détruire la centrale désaffectée. Sa démolition commencée en octobre 1992 est achevée en décembre 1993. Après le démontage des équipements, des verrières et des murs, la structure en béton armée de l’usine est abattue à l’explosif.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Principale : milieu 20e siècle
  • Dates
    • 1948, daté par travaux historiques
    • 1956, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Démaret Jean
      Démaret Jean

      Jean Démaret est né en 1897 à Charleville-Mézières, Ardennes (08), et décédé en 1967 à Paris. Diplômé de l’École Centrale de Paris et de l’École nationale des Beaux-Arts. Inspecteur général des Bâtiments Civils et Palais Nationaux. Professeur à l'École Centrale des Arts et Manufactures. Elève de Paul Tournon et de Gustave Umbdenstock. Construit avec Joseph Belmont, l'Ambassade de France à Tokyo au Japon (1954-1959).

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      architecte attribution par source

La centrale dite Yainville 2 est détruite.

Elle était implantée entre la falaise et la Seine, dans le prolongement de la centrale primitive dit Yainville 1 (au sud de celle-ci) et comprenait outre le bâtiment de la centrale proprement dite : une route d'accès à l'usine reliée à la route départementale 982, une voie ferrée raccordée à la ligne de Barentin à Caudebec-en-Caux, deux cheminées en béton armé culminant à 125 m de hauteur, deux postes de transformation de 90 kV et 225 kV ainsi que des ouvrages annexes, tels que au nord le parc à charbon, les réservoirs à fioul, l'ancienne centrale (Yainville 1) réutilisée comme atelier, magasin, bureau des méthodes, au sud les fosses de stockage des cendres et la tour d’évacuation des suies, enfin en amont de la centrale, en bordure de Seine et directement reliée au fleuve la station de pompage.

La centrale proprement dite se composait :

-d'une salle des machines de 180 m de long et 21 m de large qui abritait du nord au sud : une travée de manutention, les groupes 1 et 2 de 50 MW avec leurs postes d’eau (réchauffeurs-distillateurs) situés entre les groupes turboalternateurs, les groupes 3 et 4 de 125 MW (tous ces groupes étaient disposés en long), la travée des pompes de 8,5 m de large, dans laquelle étaient intercalés les postes d’eau basse pression et la salle de contrôle centralisé des tranches de 125 MW.

-d'une chaufferie mesurant 160 m de long, 24 m de large et 55 m de hauteur sous toiture et comprenant du nord au sud les quatre chaudières des tranches 50 MW et les deux chaudières des tranches 125 MW au dessus desquelles étaient installés les dépoussiéreurs.

-de broyeurs et silos installés dans une travée qui bordait la chaufferie côté route nationale.

-d'un quai de déchargement sur Seine de 85 m de long où se trouvaient plusieurs réservoirs dédiés au stockage du fuel (3 de 20 000 m3, un de 10 000 m3 et un de 2 500 m3)

Du point de vue architectural, la centrale Yainville 2 dessinée par l’architecte Jean Démaret était un véritable monument de style moderne doté de façades épurées en béton appareillé de briques rouges, presque entièrement vitrée côté Seine. Ce palais de l’industrie, expression de la puissance et de la modernité, vitrine prégnante d’une grande firme nationale constituait l'un des fleurons de l'architecture industrielle du XXe siècle.

  • Murs
    • béton béton armé
    • brique parement
  • Toits
    béton en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Couvrements
    • charpente en béton armé apparente
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    détruit

Bibliographie

  • ÉLECTRICITÉ DE FRANCE. GROUPE RÉGIONAL DE PRODUCTION THERMIQUE NORMANDIE. Yainville, histoire d'une centrale thermique 1917-1987. Paris : EDF, 1988, 152 p.

  • BLO, L. Lebon et Cie. Un Centenaire 1847-1947. Paris : Imprimerie E. Baudelot, 1947, 316 p.

  • REAL, Emmanuelle. Le paysage industriel de la Basse-Seine. Rouen : Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, Service régional de l'inventaire du patrimoine culturel de Haute-Normandie, coll. Images du patrimoine 249, 2008, 263 p.

    p.66 à 69

Périodiques

  • BIDAULT, E. La centrale thermique de Yainville. In La Revue de Rouen, n°1, 1952.

  • Centrale thermique de Yainville. Jean Démaret architecte. In L'Architecture d'aujourd'hui, n°27, 1949, p. 20-21.

    Cité de l'architecture et du Patrimoine, Paris
Date(s) d'enquête : 1998; Date(s) de rédaction : 2000, 2005
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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