Dossier d’œuvre architecture IA76002751 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
pont de Normandie
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Grand Port Maritime de Rouen

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Sandouville
  • Lieu-dit le Marais
  • Cadastre domaine public, non cadastré
  • Commune Honfleur
  • Lieu-dit le Banc Herbé
  • Cadastre domaine public, non cadastré
  • Dénominations
    pont
  • Précision dénomination
    pont à haubans, pont routier
  • Appellations
    pont de Normandie

Le pont de Normandie qui enjambe la Seine et une immense plaine alluviale associant prairies humides, roselières et de vasières constitue un élément remarquable du paysage estuarien car il s’impose comme le seul signal vertical de l’horizon.

L’idée de lancer un grand pont en travers de l’estuaire de la Seine, à proximité d’Honfleur sur la rive gauche et à l’extrémité est de la zone industrialo-portuaire du Havre en cours d’aménagement sur la rive droite, apparaît au schéma d’aménagement de la Basse Seine en 1969. Dans un contexte de forte croissance économique, il s’agissait alors de donner les moyens d’édifier une énorme zone de développement industriel et urbain des deux côtés de l’estuaire. Longtemps ajourné en raison de la crise pétrolière des années 1970, le projet ressurgit dans les années 1980, à l’initiative de la Chambre de commerce du Havre (maître d'ouvrage), comme moyen de création d’emplois pendant la durée du chantier et comme symbole de l’unité normande en reliant la Seine-Maritime et le Calvados, c’est-à-dire en réunissant les deux régions Haute-Normandie et Basse-Normandie. En outre, il doit faciliter la liaison entre la Grande-Bretagne et le Sud-Ouest de la France voire l'Espagne.

La Direction départementale de l'équipement de la Seine-Maritime, maître d'œuvre de l'opération, confie en septembre 1986 la conception du pont à un groupe d’une quinzaine de bureaux d’étude pilotés par le service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Setra) sous la direction de Michel Virlogeux avec la participation des architectes Charles Lavigne, François Doyelle et Alain Montois. Il en résulte en février 1988 un avant-projet détaillé sur la base duquel est lancé l’appel d’offres en mars 1988. La conception du pont, partie en béton, partie en métal a nécessité de faire appel à deux types d’entreprise.

Les travaux commencent en mars 1988 par la mise en place des travées d'accès sur chacune des rives. L’essentiel des fondations est achevé en septembre 1991. Les pylônes et le tablier sont montés en même temps. Avant même leur achèvement, le coulage des voussoirs du tablier est réalisé de façon symétrique à chaque pylône. Le tablier peut ainsi être raccordé aux travées d'accès, puis prolongé vers le centre. La partie métallique est ensuite montée par tronçons de 20 m amenés à pied d'œuvre sur des pontons depuis l’atelier de Radicatel, et hissés sur place un côté après l'autre. La jonction est réalisée le 5 juillet 1994.

Pendant sa construction le pont de Normandie constitue l'un des plus grands chantiers de France. Il occupe pas moins de 500 personnes sur les trois sites du chantier : rive gauche, rive droite et à Radicatel où sont construits les éléments du tablier métallique. En y ajoutant les effectifs des bureaux d'études, fournisseurs et sous-traitants, ce sont plus de 1600 personnes qui travaillent sur l’ouvrage d’art.

Le pont de Normandie consiste en une structure unique de 2 141 m avec une travée centrale de 856 m. Le tablier est en béton à haute performance tout au long des viaducs d’accès et sur 116 m en porte-à-faux dans la travée centrale, les 624 m restants étant en acier. Les pylônes sont en béton précontraint et ont une forme de Y renversé de façon à constituer un portique d'une grande stabilité. Pour ne pas gêner la navigation, ces pylônes ont une hauteur de 214 m. Hautes de 121 m, les piles/jambes sont reliées, au niveau des fondations, par un tirant précontraint et, au niveau du tablier, par une entretoise dans laquelle le tablier vient s'encastrer. Elles prennent chacune appui sur une semelle en béton posée sur des pieux enfoncés à 50 m de profondeur. Les piles ont une section d'environ 5 m sur 9 m et sont creuses. Elles se prolongent par un pylône de 81 m sur lequel est encastrée une structure métallique, qui reçoit les deux fois 23 paires de haubans. Les câbles Freyssinet ont de 100 à 440 m de longueur, ce qui représente 60 % de la surface au vent. Ils sont constitués de 30 à 50 torons de 150 mm2 de section, tous protégés par une galvanisation et assemblés en faisceau (recouvert d'une gaine aérodynamique). Sur les pylônes, les câbles sont ancrés par paires pour tenir les deux bords du tablier à même distance. Des câbles de suspension fixés transversalement sur les haubans amortissent les vibrations. Ainsi, la conception et le dessin du pont tiennent compte de la force du vent dans l’estuaire, dont les rafales peuvent atteindre 180 km/h, de façon à optimiser sa stabilité et sa résistance à la torsion.

Le pont de Normandie est inauguré le 22 janvier 1995, après 6 ans de travaux. Ses caractéristiques techniques en font alors le plus important pont à hauban du monde (une portée de 856 m, une longueur de 2 141 m, des pylônes atteignant une hauteur de 206 m) record battu en 1999 par le pont de Tatara au Japon avec 890 m de travée centrale. Il a coûté environ 2,3 milliards de F. Il compte quatre voies pour les voitures, une piste pour les vélos, des trottoirs pour les piétons.

 

 

 

Les pylônes en forme de Y renversé sont construits en béton précontraint à haute résistance. Ils culminent à 214 m de hauteur. Le tablier en béton à haute résistance mesure 624 m de longueur. Les haubans en acier mesurent entre 95 m pour le plus petit et 460 m pour le plus grand et ont 31, 44 ou 53 torons, sachant qu'un toron a une capacité de résistance de 27 T.

  • Murs
    • béton béton précontraint
    • acier
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • DEROUBAIX, Bertrand. Le Pont de Normandie. Le Cherche Midi Éditeur, Paris, 1995.

Périodiques

  • DEROUBAIX, Bertrand, DEMARE, Alain, LAVOUE, Roger. Le pont de Normandie. Pont à haubans sur la Seine entre Le Havre et Honfleur. In : Travaux, n. 642, avril 1989.

  • BESSINETON, C., DEROUBAIX, B., DEMARE, A., LAVOUE, R. L'implantation du pont de Normandie dans le remarquable milieu naturel de l'estuaire de la Seine. In Travaux, n. 676, mai 1992

  • VU BUI, Ngoc. Pont de Normandie - le tablier métallique. In Ouvrages d'Art, n°19, novembre 1994.

    p. 3-9
  • FOUCRIAT, Jean-Claude, VU BUI, Ngoc, VIRLOGEUX, Michel.  Pont de Normandie. In : Bulletin ponts métalliques, n. 17, 1994

Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2007
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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