Dossier d’œuvre architecture IA76001769 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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Pottier Gaëlle (Contributeur)
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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  • inventaire topographique, boucles de la Seine normande
  • label XXe
  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
pont de Brotonne
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Grand Port Maritime de Rouen

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Caudebec-en-Caux
  • Lieu-dit Pont de Brotonne
  • Cadastre domaine public 2008 AK 101 ; non cadastré
  • Dénominations
    pont
  • Précision dénomination
    pont routier à haubans
  • Appellations
    pont de Brotonne

Dès les années 1960, étant donné le développement de la circulation routière, le conseil général de Seine-Maritime décide de construire un second franchissement de la Seine, entre Rouen et Tancarville.

En 1969, sous l'impulsion du maire de Caudebec-en-Caux, Maurice Collet, une étude préliminaire est effectuée par le port autonome de Rouen. Deux sites sont pressentis : l'un au niveau du phare des Meules, sur les communes de Notre-Dame-de-Bliquetuit, rive gauche, et de Saint-Wandrille-Rançon, rive droite ; l'autre site, proposé par M. Collet, porte sur un pont s'appuyant sur le contrefort de la colline de Rétival à Caudebec, rive droite et aboutissant sur la commune de Saint-Nicolas-de-Bliquetuit, rive gauche.

Le site de Caudebec-en-Caux est retenu afin de désenclaver le pays de Caux. En 1973 un appel d'offre est lancé pour un pont à haubans, technique moins onéreuse et plus moderne que celle du pont suspendu.

La Direction générale de l’Équipement confie la maîtrise d’œuvre à M. Brault, ingénieur des ponts-et-chaussées. Lui sont adjoints 3 ingénieurs des travaux publics de l’État : MM. Néron et Raclin, sont chargés des études et de la réalisation du pont, et M. Aguie chargé des accès routiers. Le 14 février 1972, le Préfet ouvre l'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique. Celle-ci est close le 23 juin 1972. En juillet 1973, l'entreprise Beugnet, qui a obtenu le marché de terrassement, débute les travaux sur la rive gauche. Le concours est ouvert aux entreprises européennes. Le 13 octobre 1973 a lieu l'ouverture des plis de la consultation : 10 groupements d'entreprises ont répondu.

Avec un projet en béton précontraint chiffré à 55 MF TTC (valeur de 1974) l'entreprise française Campenon-Bernard-Cetra devient maître d'oeuvre d l'opération. Les ingénieurs de l'entreprise, sous la direction de Jean Muller (directeur scientifique chez Campenon-Bernard) et de Jacques Mathivat (directeurs des études chez Campenon-Bernard), conçoivent un pont avec piles en béton armé, poutres en béton préfabriqué et précontraint et câbles acier. L'ouvrage est dessiné par Auguste Arsac (professeur à l'école Polytechnique) et Philippe Fraleu (architecte). Le devis de 55 MF prévoit : 36 MF pour l'ouvrage principal, 15 MF pour le viaduc d'accès rive gauche et 4 MF pour celui de la rive droite. Au final, le coût de la construction s'élève à plus de 75 MF, auxquels il faut ajouter environ 50 millions nécessaires aux voies d'accès.

Pour pouvoir supporter les efforts longitudinaux et transversaux, l'entreprise décide de réduire à deux mâts axiaux les points porteurs. Un maillage de câbles en acier palie la faible épaisseur des parties en béton. Les mâts, également en béton, reposent sur des colonnes de 10 à 11 m de diamètre enfouies à 35 m de profondeur. Leur conception fut délicate à mettre au point d'autant qu'ils doivent résister à des charges verticales de 10 000 t et au vent dans le sens horizontal. Les essais en soufflerie permirent de vérifier sa résistance à des vents de 324 km/h, soit le double de la vitesse maximale rencontrée dans le site.

Le chantier est ouvert en avril 1974. Le pont, rebaptisé "Pont de Brotonne" en raison de la proximité de la forêt du même nom et du Parc naturel régional nouvellement créé, est inauguré le 9 juillet 1977, après 39 mois de travaux. Il constitue alors le plus grand pont à haubans du monde (le record précédent étant de 240 m pour un ouvrage édifié en Argentine). Sa mise en service supprime les bacs de Caudebec et de la Mailleraye-sur-Seine.

Pont suspendu à haubans constitué de 84 haubans pour un tablier d'une longueur totale de 320 mètres. Longueur : 1 278 mètres ; largeur : 2 x 19 mètres ; hauteur : 125 mètres.

Le tablier se trouve à 50 mètres au-dessus du niveau de la Seine. La structure porteuse pèse à elle seule 90 000 tonnes et peut supporter un poids de 7 000 tonnes. Le pont comporte 9 piles de viaduc, rive gauche, 3 piles, rive droite, et 2 piles pylônes. Les piles de forme octogonales, curvilignes et aplaties, ont été coulées dans le béton et sont fixées sur une semelle rectangulaire. Elles ont la particularité d'être creuses. Les deux piles principales (n° 10 et 11) sont surmontées d'un mât. Leur profil est identique à celles du viaduc, mais leur section s'inscrit dans un carré. Distants de 70 mètres au-dessus des piles principales, les mâts forment avec celles-ci un pylône de 120 mètre de haut. Emboîtés dans les piles, ils reposent sur une assise en ferraille constituée de 500 kg d'acier au mètre cube. Les haubans, fixés aux mâts, sont des tubes en acier à l'intérieur desquels passe le câble fait de torons d'acier et est injecté un coulis de ciment. Le voussoir, en encorbellement, repose sur des âmes préfabriquées, disposées de part et d'autre du chevêtre des piles et formant 2 pans inclinés. Dès la mise en place du chantier, un atelier de préfabrication des âmes s'est installé rive gauche, fabriquant en moyenne 16 âmes par semaine. D'une rive à l'autre, 170 âmes forment l'ossature du pont. Ensuite, un équipage mobile, installé à chaque extrémité du pont, a permis d'aligner le viaduc. Une charpente métallique très légère sert alors au coffrage de ce grand corps qui s'allonge progressivement. Les travaux de finition (peinture des haubans, revêtement de la chaussée et éclairage des mâts) sont réalisés au printemps de l'année 1977. Lors de son inauguration en 1977, le pont de Brotonne détient le record mondial de portée des ouvrages en béton précontraint, loin devant le pont de Corientes, construit sur le Rio Parana en Argentine en 1972.

  • Murs
    • acier
    • béton béton précontraint
    • béton béton armé
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Sites de protection
    parc naturel régional, architecture contemporaine remarquable
  • Référence MH

CLAIRE1; label patrimoine 20e siècle

Bibliographie

  • SALIGAL, Alain. Le Pont de Brotonne, d'une rive à l'autre. Imprimerie Yvetotaise, juin 1986.

    Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande
  • BAUD, Véronique. BOITELLE Franck. Ponts sur Seine. 2 000 ans d'histoires le long du fleuve. Éditions des Falaises, Imprimerie Kapp, Évreux, octobre 2008.

    Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande
    Brotonne. Le pont a changé leur vie, p 78-79.

Périodiques

  • Le pont de Brotonne. In Annales des Ponts et Chaussées, n° 4, 1977, p. 41-44

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2008, 2016
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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Pottier Gaëlle
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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