Dossier d’œuvre architecture IA76001508 | Réalisé par
Royen Nathalie (Contributeur)
Royen Nathalie

Chargée d'étude par le SRI et la CRMH de Haute-Normandie sur les églises du XXe siècle, en vue d'une protection MH raisonnée.

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Chéron Philippe (Contributeur)
Chéron Philippe

Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.

Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.

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Auber Lise (Contributeur)
Auber Lise

C.A.O.A. Seine-Maritime ; Membre de la CDAP Seine-Maritime.

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  • inventaire topographique
  • label XXe
église paroissiale Saint-Martin
Œuvre repérée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Seine-Maritime - Gournay-en-Bray
  • Commune Serqueux
  • Cadastre AC 161
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Martin
  • Parties constituantes non étudiées
    presbytère

L'ancienne église, située près de la ligne de chemin de fer, est totalement détruite par un bombardement, le 6 septembre 1943.

Sa reconstruction n’a pas été sans difficultés. Le projet de reconstruction du bourg confié à Monsieur Auzelle et approuvé par le conseil municipal le 15 mars 1945. La municipalité adhère à la société coopérative de reconstruction des églises et édifices religieux pour la reconstruction de son église en mars 1954. Deux architectes ont travaillé sur le projet : Das à Forges-les-Eaux et Godard à Amiens. Das, d’abord choisi, est écarté en novembre 1953 par la municipalité au profit de Godard.

Le projet de Godard consistait à reconstruire une église à l’identique, de facture classique avec clocher au portail ouest et la sacristie au sud du chœur. Mais Godard n’envoie pas les devis détaillés et les éléments complémentaires demandés par la société de reconstruction. Par ailleurs celle-ci n’est pas satisfaite de ses prestations sur un précédent chantier. Finalement elle désigne Monsieur Percheron, architecte à Rouen pour se charger du projet.  En avril 1946 le maire écrit au chef du service de l’urbanisme et de l’architecture de Rouen pour préciser que le plan proposé plait beaucoup au conseil municipal, mais demande néanmoins quelques modifications quant aux dépendances de l’église et au presbytère dans un souci d’économie.

Un nouvel emplacement est choisi au centre du village à proximité des écoles pour faciliter la venue des « enfants pour le catéchisme ». Les autorités religieuses entendent bien donner leur avis sur l’emplacement du futur édifice et sont d’accord avec ce projet. Lors d’une réunion en Préfecture en novembre 1949, la municipalité est contrainte au « transfert de l’église et du presbytère dans la propriété Boulard » à ses frais. Mais le maire conteste cette décision. Il semble qu’il ait été en faveur du nouveau projet qui portait l’église à plus de 200 ou 300 m des premières maisons du hameau de la Rosière et désavantageait les habitants d’autres hameaux. Entre autres argument de son mécontentement les projets n’ont pas vraiment été soumis à l’approbation de la commune.  

Le plan de Michel Percheron de décembre 1954 est résolument moderne et développe sur la gauche de la construction la sacristie dans la continuité de laquelle on trouve une salle de catéchisme puis le presbytère. Le projet de l’église dépasse largement les crédits alloués par le MRU et la commune ne peut supporter ce dépassement : il serait alors souhaitable de supprimer la salle de catéchisme puisqu’il n’y en avait pas dans l’ancienne église. Par ailleurs du fait du déclassement de la gare de Serqueux, la population n’est pas amenée à augmenter. Enfin le presbytère d’après le conseil municipal n’aurait pas vocation est être occupé par un prêtre, puisque les jeunes prêtres résident tous à Forges. Il pourrait par contre être loué comme à Beaubec-la Rosière. L’archevêque Mgr Martin est obligé d’argumenter sur le fait qu’il permettra de loger un des jeunes prêtes sous l’autorité du doyenné de Forges et que l’absence de prêtre résidant à Beaubec, commune voisine le justifie amplement. Le nombre de pièces du presbytère sera respecté, mais garage et cave ne sont pas prévus. Le conseil municipal souhaite aussi que le passage entre église et presbytère soit supprimé pour en faire deux blocs distincts. Autre souci, le toit en terrasse n’est pas, d’après l’expérience municipale adapté au climat.

 Compte tenu des crédits limités, l’architecte « a été amené à prévoir la réalisation d’une voûte légère, isothermique supprimant toute ossature et superstructures couteuses ». Concernant la fusée de céramique, les archives conservent de la documentation (111 j 673). Ce type de matériau était connu sur le département, puisque le président de la société de reconstruction des édifices religieux pour la Seine-Inférieure est démarché par la société d’exploitation de la fusée céramique.

Un campanile attenant est prévu : "22 m de haut et réduit à sa plus simple expression [il] permet néanmoins d’abriter une cloche de 350 kgs,, seul vestige après sinistre".

Pour les entreprises choisies pour le projet, on peut citer, pour la maçonnerie, Lanctuit à Gournay, pour la couverture Sommier à Forges-les-Eaux, Doré pour la menuiserie et quincaillerie, Venambre pour l'électricité, Guignant pour la serrurerie et Bodet pour l'installation de la cloche.

Finalement si pose de la première pierre en octobre 1956, la réception des travaux se fait en avril 1959, la bénédiction de l’église le 2 juin et l’église est inaugurée par Mgr Martin le 25 octobre 1959. La réception définitive des travaux intervient en avril 1960.

La plupart des vitraux envisagés n'ont pu être réalisés par manque de crédits ; ils devaient représenter des scènes de chemin de croix. De même, un coq destiné au sommet du clocher n'a pu être exécuté.

En 1961, le curé de Forges se plaint que l’architecte n’est encore pas venu constater de nombreux désordres : dans le presbytère, le parquet pose soucis, ainsi que l’évier de la cuisine, le mur de la douche se lézarde, il note de l’humidité dans la chambre ; dans la grande salle du presbytère se sont développés des champignons ; dans l’église il y a des fuites d’eau du côté du baptistère, etc. Il semble que l’affaire avec l’entreprise Lanctuit soit allée jusqu’au tribunal. En 1966, des travaux d'étanchéité sont entrepris, suite à un protocole d'accord passé entre la mairie et les entreprises Sommier et Lanctuit. Cette dernière réalise un devis pour plusieurs nouvelles interventions en 1972. Les travaux semblent suivis jusqu'en 2007, date à laquelle il est envisagé de changer la couverture pour une membrane d'étanchéité à base de polyisobutylène (P.I.B.), diffusée par la marque Rhépanol.

Les spécificités de sa construction et son esthétique résolument moderne valent à l'église d'obtenir le label Patrimoine du XXe siècle en 2001.

Une étude en 2016 de l’architecte Frédérique Petit pour transformer le lieu en espace culturel avoisinait le million d’euros, sans compter des dépenses annexes. La restauration était de l’ordre de 450 000 euros. L'église est fermée au public en 2015 et en févier 2016, la flèche est déposée et détruite. Une consultation menée en 2021 auprès des habitants débouche sur un avis très majoritaire en faveur de la destruction, validée par le conseil municipal.

Le principe constructif de l'édifice est celui de la fusée céramique rainurée, procédé Jacques Couëlle (brevet du 27 avril 1940). La longueur de chaque fusée est de 30,3 cm et son diamètre extérieur est de 8 cm. La tête conique permet l'emmanchement des différents éléments entre eux et la réalisation de courbures nécessaires à l'élaboration de voûtes. En l'église Saint-Martin, la voûte des fonds baptismaux n'a pas été enduite et le système est ainsi apparent.

L'édifice n'est pas orienté. L'entrée principale s'effectue donc vers l'est. Un presbytère et le logement du prêtre ont été conçus dès l'origine vers le sud. L'église comporte un vaisseau rectangulaire et une abside saillante vitrée en plaques ondulées de plastique incolore. Elle est couverte d'une voûte parabolique, limitée par des murs pignons. De minces feuilles de cuivre protègent l'extrados. Au-dessus de l'entrée secondaire, s'élevait un clocher en béton armé d'une hauteur de 19,50 m, formé de quatre piliers se rejoignant au sommet et portant à mi-hauteur la chambre des cloches.

Le chœur de l'édifice, souligné par un large emmarchement, est mis en valeur par un grand ambon en pierre se rattachant au mur pignon ouest. Les murs de la nefs sont percés de baies carrées ; une d'entre elles est traitées en vitrail, à l'instar de ses jumelles du mur occidental. La chapelle des fonts baptismaux est décorée de mosaïque bleue. Cette dernière fait la jonction, par deux portes distinctes, avec la galerie extérieure du presbytère et la sacristie.

Les claustras intérieures en bois délimitant les espaces des fonds baptismaux et du sas d'entrée sont particulièrement soignées. Par souci d'isolation, les jours de celle donnant sur l'entrée occidentale sont clos de verres de Saint-Just de nuance orangée, maintenus par des plombs.

  • Murs
    • béton
    • verre
    • terre
    • ciment enduit
    • calcaire pierre de taille
    • bois
  • Toits
    cuivre en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte de type complexe, en brique
  • Couvertures
    • extrados de voûte flèche carrée
  • Typologies
    bâti de la Reconstruction
  • État de conservation
    menacé
  • Techniques
    • vitrail
    • mosaïque
    • céramique
    • maçonnerie
  • Mesures
    • l : 20 mètre (vaisseau)
    • la : 12 mètre (vaisseau)
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    architecture contemporaine remarquable
  • Protections

  • Référence MH

Label Patrimoine du XXe siècle, 2001.

Documents d'archives

  • AD Seine-Maritime. Série J, sous série 111 J, Fonds MRU, 111 J 671, 673, 674 : Serqueux.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen
  • AM Serqueux.

  • PETIT, Frédérique. Eglise Saint-Martin, commune de Serqueux, APS-Faisabilité pour la reconstruction de l'église, novembre 2021.

Bibliographie

  • DELEMONTEY, Yvan. Industrialiser le bâtiment sous l’Occupation : un « repli » prolifique, entre restrictions et substitutions, in Architecture et urbanisme dans la France de Vichy, collection Conférences, collège de France, 2020, 232 p.

    p.137-150
  • ROYEN, Nathalie. Les églises du XXe siècle en Haute-Normandie. Conservation régionale des Monuments historiques de Haute Normandie, Inventaire général Service régional Haute-Normandie. Etude d'inventaire en vue d'une protection raisonnée au titre des Monuments historiques. Rouen : 1999. 3 tomes multigr.

    Centre de documentation du SRI Haute-Normandie

Annexes

  • Journal Paris-Normandie, 14 mai 2021.
Date(s) d'enquête : 1999; Date(s) de rédaction : 1999, 2023
(c) Région Normandie - Inventaire général
Royen Nathalie
Royen Nathalie

Chargée d'étude par le SRI et la CRMH de Haute-Normandie sur les églises du XXe siècle, en vue d'une protection MH raisonnée.

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Chéron Philippe
Chéron Philippe

Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.

Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.

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Auber Lise
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C.A.O.A. Seine-Maritime ; Membre de la CDAP Seine-Maritime.

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