Dossier d’œuvre architecture IA76000547 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
usine de cellulose de la Fabrique rouennaise de Cellulose, puis usine de cellulose et papier d'impression Navarre s. a.
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Grande Paroisse

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Le Grand-Quevilly
  • Adresse Stalingrad
  • Cadastre 1982 AB 11,12
  • Dénominations
    usine de cellulose, usine à papier
  • Précision dénomination
    usine à papier d'impression
  • Appellations
    usine Navarre
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, poste de chargement, hangar industriel, quai, entrepôt industriel, cheminée d'usine, salle des machines, aire des matières premières, logement d'ouvriers, cité ouvrière, voie navigable

En 1907, la société anonyme Fabrique Rouennaise de Cellulose lance la construction à Grand-Quevilly de la première usine de pâte à papier chimique française. Elle utilise pour cela des bois résineux traité par un procédé au bisulfite du chaux. Ses bâtiments occupent un vaste terrain de 45 000 m² en bord de Seine, coincé entre les Chantiers de Normandie et la raffinerie de pétrole A. André. Cette implantation lui permet de recevoir par le fleuve les matières premières dont elle a besoin : le bois importé de Suède et de Russie, le charbon d’Angleterre, la pyrite d’Espagne... Elle lui permet aussi profiter d'une nappe d'eau claire située à 30 m de profondeur et d’un débit de 2 000 m3/h, l’eau sale de la Seine ne répondant pas aux exigences de qualité cette industrie.

L’usine est édifiée par l’entreprise de travaux publics Chouard, d’après les plans conçus par l’architecte rouennais Duveau et l’ingénieur Folin, sous la supervision du directeur du site Gouraud. Elle dispose d’un équipement lui permettant de produire 15 000 T de pâte à bois au bisulfite de chaux à condition de disposer de 60 000 stères de rondins, 20 000 T de charbon et 10 000 T de pyrites. La production démarre en 1908 avec un effectif d’une centaine d’ouvriers dont une partie loge dans la cité Navarre, bâtie à proximité du site.

En 1913, l’usine de cellulose est rachetée par la société des Papeteries de Normandie. Durant la Grande Guerre, l’arrêt des importations de bois contraint l’entreprise à utiliser des résineux français de moins bonne qualité. Son fonctionnement et son rendement s'en trouvent fortement perturbés que l’usine doit participer à l’effort de guerre en consacrant une part de son activité à la production d’oléum destiné à la fabrication des poudres et explosifs.

En 1919, la société lyonnaise des Papeteries de Navarre, créée par André Navarre, rachète l’usine de Grand-Quevilly afin de développer sa zone de production localisée jusqu’alors dans le centre et le sud-est de la France. Le site, placé sous la direction du frère du fondateur Bernard Navarre, fait l’objet d’investissements lourds dans le but de porter ses capacités de 15 000 T à 18 000 T de pâte à papier par an.

Parallèlement, l’usine de cellulose est complétée par la construction, en 1920, d’une unité de fabrication de papier d’impression. Les deux établissements, séparés par le boulevard industriel qui dessert la rive gauche rouennaise, sont reliés entre eux par un réseau permettant l’acheminement de la cellulose de l’un vers l’autre. La nouvelle usine est mise en service en 1921 avec deux machines à papier provenant des papeteries Saint-Antoine (Ariège). Une cité ouvrière est édifiée à la même période à proximité de l'usine.

A la veille de la guerre, elle emploie 215 ouvriers et produit annuellement 2 000 T de papier. Elle est alimentée en pâte à papier par l’unité voisine dont la fabrication atteint 18 000 T par an.

L’usine de cellulose, gravement touchée par l’incendie des réservoirs de la raffinerie de Petit-Couronne en juin 1940, reprend son activité en 1943, mais les dégâts provoqués par les bombardements entravent son fonctionnement. A la sortie de la guerre, son taux de production n’est plus que 10 800 T soit 60% de celui d’avant-guerre. Les travaux de reconstruction s’accompagnent d’une toute aussi indispensable modernisation de sorte que la production de l’unité de cellulose passe à 20 000 T au début des années 1960.L’usine de papier, arrêtée pendant le conflit, redémarre en 1947, est augmentée en 1953 d’une troisième ligne de production, puis en 1967 d’une quatrième, une machine ultramoderne spécialisée dans le papier d’impression fine. Sa production annuelle double en 10 ans, passant de 25 000 T à 50 000 T de papier entre 1958 et 1968. Dans le même temps, l’effectif des deux unités augmente de 450 à 650 employés.

La restructuration du groupe des Papeteries de Navarre en 1973 entraine la fermeture de l’usine de Grand-Quevilly en 1973. L’entreprise de produits chimiques Rhône Progil rachète le site et fait détruire progressivement les bâtiments. Les derniers disparaissent en 1997.

L'usine de cellulose comprend en 1910 :

- un appontement d’une centaine de mètres équipé de trois grues électriques et d’un poste de déchargement pour recevoir les matières premières acheminées par bateaux

- un parc à bois et des entrepôt

- un parc à charbon et un réseau ferré interne pour transporter le charbon par wagonnets jusqu'à la centrale thermique

- une centrale thermique dotée de six chaudières tubulaires (système Naeyer) capables de fournir la vapeur nécessaire à la cuisson du bois et au fonctionnement des machines. La force motrice est communiquée dans l'usine par une dynamo génératrice, d'une puissance de 750 CV.

- un atelier de râperie où le bois est déchiqueté en morceaux

- cinq fours destinés à produire la lessive au bisulfite de chaux à base de pyrite

- un atelier de fabrication de pâte construit béton armé (ossature) et brique (maçonnerie) sur trois étages où le processus de fabrication simplifié est le suivant : les copeaux de bois sont acheminés dans l’atelier par chaîne à godets, jetés dans un blutoir, puis conduits par une toile sans fin jusqu'à l’atelier principal qui s'élève sur 3 étages. A l’intérieur de cet atelier, le processus s’effectue de haut en bas (du 3e étage au rdc) pour profiter de la force de gravité. Ainsi, le troisième étage comprend trois entonnoirs dont les orifices aboutissent dans la gueule des trois chaudières installées au deuxième étage. C'est là que les copeaux cuisent, mélangés à la lessive au bisulfite de chaux. Après 20 heures de cuisson, les chaudières sont vidées par le bas. Il en sort une pâte grisâtre qui est lavée à l'eau froide, déversée dans des tambours barboteurs et précipitée dans des épurateurs. La pâte descend ensuite au premier étage où elle est essorée puis précipitée dans un agitateur où tourne une roue à écopes et finalement compressée dans un presse-pâte entre des rouleaux de fonte.

- une station de pompage et un château d'eau

La papeterie qui lui est adjointe en 1920 comprend :

- des ateliers de type halles en béton armé à toit bombé

-un poste de chargement sur pilotis au dessus du réseau ferré

  • Murs
    • béton béton armé
    • brique maçonnerie
  • Toits
    béton en couverture, tuile mécanique
  • Étages
    3 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit bombé
  • Énergies
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    détruit
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Seine-Maritime. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 518. Établissements industriels dangereux et insalubres de Grand-Quevilly.

    Description sommaire du site

Périodiques

  • DUVEAU, Edouard. La fabrique rouennaise de cellulose. In L’Architecture et la construction dans l’Ouest, n°8, août 1910.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : JPL305/3
    p. 87-93
  • CHAMPEAUX, Pierre. La moitié du papier journal français se fabrique à Rouen. In La revue de Rouen, 1947, n°2.

    p.14-16
  • DANTAN, Alain. Le développement de l'industrie dans les cantons de Sotteville et de Grand-Couronne 1914-1939. In: Études Normandes, 23e année, n°280, 1974. pp. 1-23.

    p. 3 - 11
Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 1996, 2005
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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