Dossier d’œuvre architecture IA76000510 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
filature de coton Octave Fauquet et cie, puis Filature d'Oissel, puis filature Gustave Le Verdier, puis filature Robert De Ménibus
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Oissel
  • Adresse quai de Rouen
  • Cadastre 1982 AK 460,461,466,603,609,628
  • Dénominations
    filature
  • Précision dénomination
    filature de coton
  • Appellations
    filature Octave Fauquet et Cie, filature d'Oissel, filature Le Verdier, filature De Ménibus
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, chaufferie, cheminée d'usine, entrepôt industriel, cour, salle des machines, cité ouvrière, quai, voie ferrée, voie navigable

Cette filature de coton est construite en 1860 par la société Fauquet et Cie et démarre son activité l’année suivante. L’usine est édifiée en bord de Seine et est reliée par une voie particulière à la ligne de chemin de fer Paris-Rouen qui passe à proximité. Elle bénéficie ainsi des moyens de transport ferré et fluvial pour son approvisionnement en matière première (coton) et en combustible (charbon). Elle dispose pour entrainer ses métiers renvideurs totalisant 45 000 broches de deux machines à vapeur de 120 CV chacune qui consomment 2 000 tonnes de houille par an. En 1872, une chaudière à vapeur timbrée à 6,5 kg est rachetée à la société papetière du Marais installée à la Ferté-Ganches (77). Dans les années 1870, la production de l'usine atteint 1 000 000 de kg de coton filé par an. Cette production consiste en fils d’une grande finesse pour lesquels l'entreprise Fauquet obtient une médaille d'or lors de l'exposition internationale de Paris de 1878. La même année l’usine emploie 334 salariés dont 151 hommes et 183 femmes. C’est alors le plus important établissement textile d’Oissel : sa capacité de production est supérieure à l’ensemble des autres filatures établies sur la commune. Pour loger une partie de ses ouvriers, Fauquet fait édifier à l’est de son usine une importante cité ouvrière comptant une soixantaine de maisons en bande d’un étage disposant toutes d’un jardinet en façade. Outre le logement, le personnel de la filature Fauquet bénéficie d’autres avantages tels que : une caisse de secours mutuel pour les malades, une caisse de prévoyance et de retraite alimentée par une participation aux bénéfices. Ces actions sociales sont saluées par le député Jules Ferry lors de sa visite de l’usine le 21 décembre 1878.

En 1885, l’établissement est repris par la société anonyme de la Filature d'Oissel dirigée par Georges Leverdier et dotée d’un capital de 1 600 000 F, puis en 1898 par la société Le Verdier. L’usine connait à cette période une importante phase de modernisation. En 1896, une nouvelle chaufferie est construite et un générateur d'une surface de chauffe de 92 m², timbré à 12 kg est installé. En 1901, les anciens métiers renvideurs sont remplacés par des continus à filer plus performants. En 1905, 3 chaudières semi-tubulaires sont déclarées par la société Le Verdier.

A la veille de la Première Guerre mondiale, les ateliers comptent 19 760 broches de continus alors que le nombre de broches renvideuses passe de 45 000 à 36 000. L’usine bénéficie d’une réputation d’envergure nationale pour la qualité de sa production.

Au sortir de la Grande Guerre, la filature d’Oissel ne compte plus qu’un effectif de 227 salariés. Pour autant la politique de l’entreprise est de renforcer les moyens de production : le remplacement des métiers renvideurs par des continus à filer se poursuit, de sorte qu’en 1935 la filature dispose de 27 120 broches de continus et de 10 704 broches de renvideuses. A la même époque, un atelier de filature utilisant les déchets est mis en service. Cependant malgré ces investissements, l’usine est fortement impactée par la crise économique de 1929. Son activité connait un net ralentissement dès 1932, et deux ans plus tard Georges Leverdier est contraint de fermer l’usine après avoir assuré le reclassement de l’ensemble de ses ouvriers.

Une fois la crise passée, Georges Leverdier se rapproche de Robert De Ménibus, industriel du textile à Déville-lès-Rouen afin qu’il reprenne son établissement. Le rachat est effectué en 1936 et la production est relancée aussitôt avec l’embauche de près de 300 ouvriers. C’est à cette période qu’est édifiée à l’ouest de l’usine une seconde cité dédiée au personnel qualifié et d’encadrement composées essentiellement de maisons individuelles ou jumelées d’un étage, toutes entourées d’un grand jardin.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’usine subit plusieurs bombardements. La plupart des ateliers sont détruits et les quelques machines sauvées des décombres sont transférées à la filature de Déville relativement épargnée.

La reconstruction de la filature d’Oissel permet le redémarrage de la production en 1951 avec 18 000 broches c’est à dire bien en deçà de sa capacité d’avant-guerre. En 1960, sa production annuelle de coton filé atteint néanmoins 1 800 000 kg pour un effectif de 220 employés. Mais la crise cotonnière provoquée par la concurrence étrangère contraint la société De Ménibus à fermer ses usines dont la filature d’Oissel le 31 décembre 1968 laissant au chômage 235 ouvriers dont 120 femmes. Au moment de l’enquête, le site divisé en six parcelles abrite divers petits ateliers de confection et de conditionnement.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1860, daté par source
    • 1896, daté par travaux historiques

L'usine, édifiée sur les berges de la Seine, le long de la voie ferrée Paris-Rouen-Le Havre, bénéficie à la fois d'une desserte fluviale et ferroviaire. Le bâtiment à usage d'atelier de fabrication et d'entrepôt industriel est édifié en rez-de-chaussée, toit à longs pans, pignon découvert, tuile mécanique et verre en couverture. La chaufferie construite en brique bicolore et charpente métallique est en rez-de-chaussée avec toit à longs pans, pignon couvert, ardoise.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique, verre en couverture
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente métallique apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
    • pignon découvert
  • Énergies
    • énergie thermique
    • produite sur place
  • Typologies
    arc segmentaire ; arc plein cintre
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, mauvais état, menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Seine-Maritime. Série S ; sous-série 8 S : 8 S 51. Registre des déclarations de chaudières à vapeur, mars 1865 à février 1889.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 8S51
    Déclaration par Octave Fauquet et fils d'une chaudière à vapeur timbrée à 6,5 kg provenant de la société de papeterie du Maris à la Ferté-Ganches (Seine et Marne), 9 février 1872.
  • AD Seine-Maritime. Série S ; sous-série 8 S : 8 S 52. Registre des déclarations de chaudières à vapeur, mars 1889 à février 1900.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 8S52
    Déclaration par la société de la Filature de Oissel d'une chaudière d'une capacité de 19,3350 m3, d'une surface de chauffe de 100 m², timbrée à 6,5 kg, 23 aout 1895.
  • AD Seine-Maritime. Série S ; sous-série 8 S : 8 S 52. Registre des déclarations de chaudières à vapeur, mars 1889 à février 1900.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 8S52
    Déclaration par la société de la Filature d'Oissel d'un générateur d'une capacité de 4,3716 m3, d'une surface de chauffe de 92 m², timbré à 12 kg pour alimenter les machines à vapeur de l'établissement, 3 décembre 1896.
  • AD Seine-Maritime. Série S ; sous-série 8 S : 8 S 52. Registre des déclarations de chaudières à vapeur, mars 1889 à février 1900.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 8S52
    Déclaration par Leverdier d'un réchauffeur d'une capacité de 3m3, d'une surface de chauffe de 120 m², timbrée à 12 kg, 17 septembre 1898.
  • AD Seine-Maritime. Série S ; sous-série 8 S : 8 S 53. Registre des déclarations de chaudières à vapeur, février 1900 à mai 1913.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 8S53
    Déclaration par Leverdier de trois chaudières semi-tubulaires ayant chacune des capacités de 20 m3, 3,380 m3 et 2 m3, des surfaces de chauffe de 150 m², 144 m² et 144m² et timbrées toutes trois à 12 kg, 24 janvier 1905.
  • AD Seine-Maritime. Série U. Sous-série 6 U : 6 U 298. Registre du commerce.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 6U298

Bibliographie

  • LEVERDIER, Georges. Etat actuel de l’industrie cotonnière en France et en Normandie. Rouen, 1903, 112 p.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen
  • SEMENT, Pierre. Un industriel rouennais : Georges Leverdier. In Précis analytique des travaux de l’académie des sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, 1964, p. 35-47

Périodiques

  • DANTAN, Alain. Le développement de l'industrie dans les cantons de Sotteville et de Grand-Couronne 1914-1939. In: Études Normandes, 23e année, n°280, 1974. pp. 1-23.

Date(s) d'enquête : 1994; Date(s) de rédaction : 1995, 2005
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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