Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.
- inventaire topographique, Le Havre agglomération
- patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
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Kollmann ChristopheKollmann Christophe
Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, de 1981 à 2022.
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Archives départementales de Seine-Maritime
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Le Havre agglomération
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Hydrographies
canal de Tancarville
la Seine
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Commune
Le Havre
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Lieu-dit
Le Port du Havre,
quartier des Neiges
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Adresse
rue des Chantiers
,
rue Marmesse
,
rue du Hoc
,
ancienne rue de l' Estacade
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Cadastre
1983
NK
6
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Précisions
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Dénominationsusine de construction navale
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AppellationsChantiers de Graville, Ateliers et Chantiers du Havre, ACH
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Parties constituantes non étudiéescale de construction, hangar industriel, bassin de radoub, quai, voie ferrée
En 1871, la société de Forges et Chantiers de la Méditerranée, fondée en 1856 à la Seyne (Var), achète les Chantiers et Ateliers de l'Océan (ex Mazeline), dont les chantiers situés sur bassin de l'Eure s'avèrent trop petits. Elle acquiert à Graville sur la rive nord de l'estuaire à l'est du fort des Neiges un terrain de 120 000 m² où elle établit un chantier de construction de coques métalliques équipé de cales en charpente. Avec ses cales modulables en nombre et en taille (certaines pouvant atteindre 140 m de long), cet établissement dénommé désormais Chantier de Graville compte, dès le début du siècle, parmi les plus importants chantiers navals de la région. L'établissement est relié au réseau ferré en 1887.
En 1900, les chantiers comportent douze cales de construction en maçonnerie, dont cinq de 120 à 140 m. De ces cales, entourées d'un mur percé d'une série d'arcades et prolongées par les rampes de lancement, sortent torpilleurs, dragues pour le canal de Suez, paquebots transmanche. En 1893, y est construit le premier pétrolier européen, le Lion, long de 85 m et pouvant transporter 2 860 tonnes de brut. En 1914, les chantiers, qui ont à leur actif la construction de 510 navires de toutes catégories, bénéficient d'une grue Titan de 40 tonnes, de quatre grues de six tonnes, d'une plate-forme de soudure avec grue de levage, d'ateliers de tôlerie, chaudronnerie, formage de profils, zingage à chaud, menuiserie, fours à cornières et de parcs aux bois et aux tôles. Ces ateliers, qui fabriquent aussi des charpentes métalliques et des réservoirs d’hydrocarbures, sont constitués de halles en brique, couvertes en tuile mécanique, toujours en place. En revanche, les cales ont été conçues comme modulables en nombre (cinq en 1918, six en 1955, deux en 1960) et en forme, en fonction des coques.
L'usine assez peu endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, occupe 550 ouvriers en 1954. En 1959, le livre blanc de la construction navale annonce la réorganisation radicale des chantiers français afin de ne garder qu’un seul chantier par façade maritime. Les chantiers de Graville sont ainsi maintenus en place. En 1966, la société des Ateliers et Chantiers du Havre, nouvellement constituée par les sociétés Duchesne-Bossière et Augustin Normand rachète le site des Chantiers de Graville. Cette reprise semble la promesse d’une belle longévité. Dès sa création, la nouvelle société s’emploie à construire des navires de tout type et de toute taille, certains très spécialisés tels que des méthaniers (tel que le Pythagore commandé par le groupe Gazocéan), des chimiquiers, des navires de recherches océanographiques (le Jean Charcot), des câbliers, des cargos adaptés au transport de déchets nucléaires ou encore des grands paquebots à voiles type Wind Star et Club Med. Les années 1980 marquent l’apogée des ACH qui comptent près de 1 000 ouvriers et déjà une centaine de navires à leur actif. Ses dernières commandes portent sur trois chimiquiers (de 37 000 T dotés de 54 citernes, avec double coque et double fond, et motorisation diesel-électrique) destinés à l’armateur américano-norvégien Stolt Parcel Tanker Inc. qui exige leur livraison avant décembre 1998. A la suite de nombreux problèmes techniques, un seul des trois bâtiments est réalisé en temps. Pour éviter le dépôt de bilan, à la suite du déficit financier de l’opération, correspondant à la valeur unitaire d’un des trois bâtiments, la direction se tourne vers l’état, qui, sous la pression générale, confirme en 1997 le soutien des finances publiques aux ACH. Mais la situation est intenable d’autant que les directives européennes proscrivent toute aide financière directe à la construction navale. Le rapport d’audit rendu public en août 1998 préconise l’abandon de la construction navale pour sauver l’activité réparation et surtout la recherche d’un repreneur, qui se solde par un échec. Malgré le soutien de l’ensemble de la population et une mobilisation sans précédent, la fermeture des ACH est prononcée le 22 octobre 1998.
Afin d’obtenir le dédommagement partiel des aides financières administrées à fond perdu, l’état impose la liquidation de l’ensemble des actifs de l’entreprise : terrains, outillage, filiales … Les chantiers sont mis aux enchères entre le 6 et le 10 juin 2000. Ils constituaient le dernier grand chantier de construction navale normand, après la fermeture de ceux du Trait en 1976 et du Grand-Quevilly en 1986. Toutes les machines, grues, portiques sont vendus aux enchères. Le plus grand portique, symbole de l’usine, est démonté durant l’été et acheminé vers un chantier croate. A l’issue du plan social, un tiers seulement des 691salariés retrouvera un emploi. Tous les ateliers et cales sont entièrement rasés au début des années 2000 (à l'exception d'un petit bâtiment servant de vestiaire au personnel). Le site des anciens Chantiers de Graville est désormais occupé par une aire de déchargement de conteneurs, hérissée de grues porte-conteneurs.
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Dates
- 1872, daté par source
- 1914, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Personnalité :
Forges et Chantiers de la Méditerranée (1853 - 1966)commanditaire, propriétaire attribution par sourceForges et Chantiers de la Méditerranée
Fondée en 1853 par Louis Henri Armand Béhic (1809-1891) soutenu par Napoléon III, avec un chantier de construction naval à La Seyne et d'un atelier de mécanique de forge à Marseille, François Bourdon, ingénieur. En 1872, elle acquiert des établissements au Havre comprenant le chantier de construction navale à Graville-Sainte-Honorine et l'usine Mazeline de moteurs et hélices. L'ensemble du groupe participe au réarmement de l'artillerie de l'armée française et pendant la Première Guerre mondiale. La crise de la construction navale à partir de 1959 entraîne sa cessation d'activité en 1966. Elle est reprise par par les Constructions navales et industrielles de la Méditerranée (CNIM) et au Havre par les Ateliers et Chantiers du Havre (ACH).
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Personnalité :
L'usine est détruite.
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État de conservationdétruit
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Statut de la propriétépropriété d'une société privée
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Bibliothèque nationale de France
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Musées historiques du Havre
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Musées historiques du Havre
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Archives municipales du Havre
- (c) IGN
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) IGN
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) IGN
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) IGN
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- (c) Archives municipales du Havre
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Archives départementales de Seine-Maritime
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Grand Port Maritime du Havre
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Archives départementales de Seine-Maritime
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Collection particulière
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Documents d'archives
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AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 8 M 540. Chantiers et Ateliers de l'Océan, autorisation, 1862-1863.
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AD Seine-Maritime. Série S. Ports maritime et fluviaux. Sous-série 4 SP 374. Pose de voies ferrées jusqu'aux chantiers de la Méditerranée, 1887.
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AD Seine-Maritime. Série S. Ports maritimes et fluviaux. Sous-série 4 SP 306. Port du Havre. Digues de l'Eure : coupure pour le lancement des navires.
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AD Seine-Maritime. Sous-série 139 J. Ateliers et chantiers du Havre, répertoire numérique, par Virginie Jourdain, février 2003. 26 p.
Bibliographie
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Forges et Chantiers de la Méditerranée. Notice historique. Description des établissements. Nomenclature des principaux travaux. Paris : Forges et Chantiers de la Méditerranée, 1900.
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BARREY, Philippe. Constructions navales : Industrie havraise. Paris : Imprimerie nationale, 1909, 7 p.
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Seine-Maritime. Paris : Documents de France, 1955 245 p.
Forges et Chantiers de la méditerrannée, établissements du Havre. -
FORGES ET CHANTIERS DE LA MEDITERRANEE. Etablissements La Seyne-Le Havre. Paris : Paul-Martial, 1956. 48 p.
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BIETTE, Emile. 600 Boulevard Jules-Durand - Deux vieilles maisons havraises : les Chantiers et Ateliers Normand et les Ateliers Duchesne et Bossière. Présence normande, octobre 1965, p. 25-30
-
MAILLARD, Jean-Louis. La Révolution industrielle au Havre, 1860-1914. Le Havre, 1978. 364 p.
Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée. -
CHAMBRE SYNDICALE DES INDUSTRIES METALLURGIQUES DU HAVRE. L'évolution des industries métallurgiques et mécaniques électriques et connexes de 1881 à nos jours. Le Havre : CSIMH, 1981. 335 p.
-
MAUBANT, Christiane, DUBOC, Franck. NAVALIS, cinq siècles de construction navale au Havre. Le Havre : Ville du Havre, 1989.
-
SIMON, Christophe. Les Ateliers et Chantiers du Havre. Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine sous la direction de M. Leménorel, Université du Havre, 1999, 116 p.
-
CANU, Pierre-Georges. Les ateliers et chantiers du Havre. Le Chasse-Marée, n°139, 2000, pp 2-15
-
BOUDOT, Olivier. La grande traversée des ACH. Deux siècles d'industrie navale et d'aventures havraises. Paris : Anabole, 2001. 280 p.
-
PERROT, Albert. Tempête et colère aux ACH. Imprimerie Rivet, Editions La vie ouvrière, 2001, 174 p.
-
QUEVAL, Stéphanie. Un travail de deuil autour des Ateliers et Chantiers du Havre ? La Mémoire orale : Rencontres ethnologiques de Rouen. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007, p. 111-128
-
REAL, Emmanuelle. Le paysage industriel de la Basse-Seine. Rouen : Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, Service régional de l'inventaire du patrimoine culturel de Haute-Normandie, coll. Images du patrimoine 249, 2008, 263 p.
p. 91
Périodiques
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L'Illustration, 1868, p. 65-67 : Galerie des machines des Chantiers et Ateliers de l'Océan.
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AUGUSTIN-NORMAND, Paul. Les ports et la construction navale sur la rive nord de l’estuaire de la Seine de l’Antiquité à nos jours. In Journal de la Marine Marchande, 1949, p. 1- 20
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BELLONCLE, J. Les chantiers de construction navale au Havre. In : Revue maritime, n°282, décembre 1970, p. 1348-1362
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MAILLARD, Jean-Louis. La construction navale au Havre de 1830 à nos jours. Études Normandes, n°3, 1980, pp. 41-68.
Documents figurés
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L'atelier de montage de la Société anonyme des Forges de la Méditerranée.- Cliché Letrouvé et Lalouette, 1891 (Musée de l'Ancien Havre).
Annexes
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CHAMBRE SYNDICALE DES INDUSTRIES METALLURGIQUES DU HAVRE. L'évolution des industries métallurgiques et mécaniques électriques et connexes de 1881 à nos jours. Le Havre, 1981. Chantiers et ateliers de la Méditerranée.
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MAILLARD, Jean-Louis. La Révolution industrielle au Havre, 1860-1914. Le Havre: 1978. Forges et chantiers de la Méditerranée : Chantier naval de Graville. cm.
Chercheuse au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1972 à 1978. Cheffe du Service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie et chercheur de 1978 à 1988. Chercheur au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1988 à 2005, puis chef du dit Service et chercheur de 2005 à 2015. Spécialités : patrimoine rural, patrimoine urbain, patrimoine de la villégiature. Etude fondamentale de l'agglomération du Havre. Publications : Claire Etienne-Steiner.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.
Chercheuse au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1972 à 1978. Cheffe du Service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie et chercheur de 1978 à 1988. Chercheur au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1988 à 2005, puis chef du dit Service et chercheur de 2005 à 2015. Spécialités : patrimoine rural, patrimoine urbain, patrimoine de la villégiature. Etude fondamentale de l'agglomération du Havre. Publications : Claire Etienne-Steiner.