Dossier d’œuvre architecture IA50001326 | Réalisé par
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

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  • inventaire topographique, Cherbourg-Octeville
digue du Large
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cherbourg-Octeville - Cherbourg
  • Commune Cherbourg-Octeville
  • Adresse rade de Cherbourg
  • Cadastre 2008 BL 02, 03, 04, 06
  • Dénominations
    digue
  • Appellations
    du Large
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

La décision d'’implanter une vaste digue au large de Cherbourg, capable d’'offrir aux vaisseaux de la Royale et aux navires de commerce un abri sûr en cas d’'attaque ennemie ou de mauvais temps, est prise en 1781 par Louis XVI. La direction de l'’ouvrage est alors confiée à Louis-Alexandre de Cessart, ingénieur en chef des ponts et chaussées dans la généralité de Rouen. Ce dernier, auteur d’un projet révolutionnaire, propose de fermer la rade au moyen de deux petites digues, composées de 90 caissons de forme conique remplis de pierres, dont l'’enveloppe en bois de chêne doit retenir le mouvement des blocs et diviser l’'action de la mer. Initié en 1784 sous la direction du duc d’'Harcourt, désigné par l’'édit du 20 septembre chef des travaux de la rade, le projet Cessart est néanmoins abandonné en 1788 après l'’immersion du 18e cône, suite à de nombreuses avaries intervenues au cours de l'’opération. Il est remplacé aussitôt par un projet de digue aux proportions raccourcies, dépourvue de passe centrale, constituée par un lit de pierres perdues, dont l'exécution est alors supervisée par l'officier de marine Louis-Bon-Jean de La Couldre, vicomte de La Bretonnière. Interrompu en 1791, le chantier reprend sous l'’impulsion de Bonaparte qui, conscient de l’'insuffisance des tirs nourris par les forts de l’île Pelée à l'’est et de Querqueville à l'’ouest, décide, le 15 octobre 1802, de doter la digue de trois nouvelles batteries, l'’une au centre, et les deux autres aux musoirs. La brièveté du règne ne laisse à l'ingénieur Joseph-Marie-François Cachin, directeur des travaux du port, que le temps d’'édifier une batterie centrale, dont la plateforme maçonnée, établie directement sur les enrochements, est rapidement balayée par les eaux en 1808 et reconstruite partiellement en 1813. Les travaux d'’exhaussement de l’'ouvrage au-dessus des eaux de marée haute, indispensables à l’'installation des batteries fixes, ne reprennent qu’'à la fin de la Restauration sous la direction de l'’ingénieur Louis-Benoît Fouques-Duparc, directeur des travaux hydrauliques. Ce dernier, conscient des faiblesses du premier dispositif imaginé par son prédécesseur Cachin, propose de fonder le couronnement supérieur de la digue sur une assise de béton disposée au-dessus des enrochements. La maçonnerie de la branche orientale est achevée en 1839 par les ingénieurs Nicolas Virla et Malyer, celle de la branche ouest en 1853 par Joseph Bonnin, successeur de Virla en 1842, associé au directeur des travaux hydrauliques Félix-Jean-Baptiste-Joseph Reibell. Entre 1847 et 1858, la partie centrale et les musoirs sont dotés de forts dont le soubassement est construit jusqu'’à deux mètres au-dessus des hautes eaux par les ingénieurs des Ponts et Chaussées au service de la Marine, tandis que la réalisation des parties supérieures est confiée aux officiers du Génie. Inaugurée le 6 août 1858 par Napoléon III, la digue est encore perfectionnée sous le second Empire et la Troisième République. En 1860, la communication entre les forts est assurée par une voie de chemin de fer. En 1899, la défense de la branche occidentale est renforcée par une batterie intermédiaire dont la plateforme est établie sur le terre-plein de la digue et entourée par un magasin bétonné.

La digue est implantée à un peu plus de 4 km du rivage. Elle mesure 3768 mètres de long et se divise en deux branches formant au Fort Central un angle de 169 degré. La branche est mesure 1536 mètres de long, la branche ouest 2232 mètres. Deux passes encadrent l’'ouvrage. Elles donnent accès au bassin de la rade dont la superficie s’'étend sur 1500 hectares. La première mesure 975 mètres, la seconde, à l’'ouest, a 1100 mètres de largeur. La digue repose sur un talus d’'une largeur de 100 à 150 mètres à la base, formé par un enrochement de moellons issu des carrières de la montagne du Roule et du creusement de l'arsenal. Ce talus est protégé du côté du large par une suite de blocs cyclopéens. Le couronnement supérieur comprend une assise bétonnée à chaux et à sable ainsi qu’'un ouvrage maçonné avec parement en granite du côté du large et parement en moellons d'’appareil du côté de la rade, le tout surmonté par un parapet de 2m,50 d’'épaisseur et d'1m,65 de hauteur établi au nord. D'’une hauteur d’'environ 20 mètres, la digue s'’élève à 3m,75 au-dessus des plus hautes mers. Son milieu est occupé par le Fort Central, dont la superstructure repose sur une plate-forme de 200 mètres de long, tandis que les musoirs sont surmontés par deux forts circulaires de 35 mètres de diamètres.

  • Murs
    • béton
    • calcaire
    • granite moellon
    • schiste
    • granite pierre de taille
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

La digue de Cherbourg, dont la construction inspira le breakwater de Plymouth au début du XIXe siècle, est une des premières digues à avoir été implantée en pleine mer. Elle délimite une des rades qui demeure l'une des plus étendues du monde.