Extrait de la monographie de Pierre Vallemont sur Vieux-Port :
Les travaux d’endiguement
" Avant 1846, date du début des travaux d’endiguement de la Seine, la largeur normale du fleuve était encore d’un kilomètre entre la Mailleraye et Villequier, de 1500 m à La Vacquerie, d’environ 1800 m devant Vieux-Port, de 3200 m à Quillebeuf, de 7 km en aval de La Roque. L’estuaire de la Seine pouvait encore être considéré comme commençant à Caudebec, avec une largeur de plus d’un kilomètre, la Seine formant deux bras autour de l’île de Belcinac, parfois recouverte par les eaux pendant de longues périodes et aujourd’hui annexée à la rive gauche. Les premières digues de la Seine furent édifiées, avec des interruptions à certains endroits, entre Villequier et Quillebeuf, afin de chasser vers l’aval les bancs de vase et de galets qui encombraient cette partie du fleuve, notamment un banc situé en face de Villequier, formant une véritable île qui divisait la Seine en deux bras. En 1851, ces endiguements s’étendaient déjà au nord, sur une longueur de 18 km entre Villequier et Quillebeuf et au sud sur une longueur de 10 km entre Villequier et Vatteville. Ils furent, beaucoup plus tard, prolongés jusqu’à Vieux-Port. Ensuite, on opéra le dragage des bancs compacts de galets et de roche, c’est-à-dire celui de la traverse de Villequier, et, en partie, celui de la traverse d’Aizier, ou banc des Flaques. Une grande partie des produits de ces dragages fut apportée sur la rive droite en face d’Aizier et de Vieux-Port où ils forment, à peu de distance du rivage, une sorte de digue intérieure qui pourrait éventuellement être utilisée.
Ainsi, la configuration de Vieux-Port a été sensiblement modifiée au XIXe siècle. D’une part, la construction de la digue entre Vieux-Port et Aizier a supprimé et annexé aux terrains situés en arrière, la petite baie, en partie marécageuse, qui s’étendait jusqu’au pied du talus entre Aizier et le phare actuel de Vieux-Port. Cette digue, comprise dans la troisième section des travaux d’endiguement, avait elle-même modifié l’emplacement du chemin de halage. Celui-ci devait, dans son état ancien, être exposé aux inondations dans les grandes marées. C’est ce qui explique les surélévations, garnies de vieilles pierres, qui existent devant certaines maisons ou certains jardins voisins de la rive. D’autre part, par la construction de la route conduisant de Trouville-la-Haule à Caudebec. Cette route a coupé les terrains qui descendaient en pente jusqu’au chemin de halage longeant la Seine et formé, à certains endroits, une sorte de terrasse. "
Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.