À l’aval de la boucle de Brotonne, les débouchés sur la Seine permettaient d’expédier les marchandises provenant du plateau du Roumois vers Le Havre, Rouen ou Elbeuf. On apportait sur les bords du fleuve la majeure partie des coupes de bois des forêts de Montfort et de Brotonne, mais aussi le foin, les grains, le cidre, le beurre et les animaux de boucherie. Des auberges, offrant le gîte et le couvert aux voyageurs, étaient implantées sur ces lieux de chargement. D'un point de vue fonctionnel, elles étaient équipées de d'écuries, de remises ou de garages à bateaux.
En février 1848, le conseil municipal de Sainte-Croix-sur-Aizier constate que : « les chemins vicinaux de cette commune se trouvent entièrement dégradés par l’exportation des pommes, autres denrées qui traversent la commune pour être exportées soit à Rouen, Caudebec. » En 1879, un projet de viaduc est à l’étude en amont d’Aizier pour faire passer une voie ferrée devant relier l’Eure et la Seine Inférieure, en passant par la plaine du Roumois mais celui-ci ne sera jamais réalisé. En 1839, la prolongation de la route traversant la forêt de Brotonne pour rejoindre Pont-Audemer à Yvetot en passant par Bourneville ouvre un nouveau débouché aux marchandises du Roumois : celui du pays de Caux et de la rive droite de la Seine. Bourneville devient alors un point d’étape important pour les voyageurs et les rouliers se dirigeant soit vers La Mailleraye, point de passage supportant les plus lourds chargements, soit vers Aizier, où sont embarquées les marchandises par voie d’eau vers Rouen ou Le Havre.
Jusqu’au début du 20e siècle, l’activité de Vieux-Port et Aizier était essentiellement tournée vers la pêche en Seine (éperlan, anguille et mulet) et les activités fluviales. En 1870, on comptait encore sept débits de boisson à Aizier. L'établissement, appelé "Hôtel des familles" puis "Café du mascaret", implanté sur les berges de la Seine, a disparu lors du réaménagement du quai dans l'Entre-deux-guerres.
Dans le bourg, "L'Arrivée des voyageurs", successivement tenu par MM. Blactot, Guillemard puis Simon, assurait plusieurs services (café, tabac, mercerie, hôtel et restaurant, puis pompe à essence). Transformée en habitation, la demeure a la particularité d'être bâtie en brique de Villequier, qui date sa construction du 4e quart du 19e siècle (période d'activité des établissements céramiques de Villequier, situés sur la rive opposée).
Un seul établissement a conservé sa vocation commerciale, le "Relais des chaumières", dont l'activité a été soutenue par la commune d'Aizier (équipement d'une cuisine professionnelle et aménagement de la salle de restaurant pour accueillir les excursionnistes et randonneurs sur le parcours de la route des chaumières) avec le concours des fonds Leader portés par le Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande.
Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.