Dossier d’œuvre architecture IA27004263 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de l'Eure
usine de teillage de lin, dite coopérative linière du Roumois puis coopérative Terre de Lin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Eure
  • Commune Routot
  • Lieu-dit Les Tasseaux
  • Adresse rue du Roumois
  • Cadastre 2021 AC 152, 264, 404, 405
  • Dénominations
    usine de préparation de produits textiles
  • Précision dénomination
    teillage
  • Appellations
    coopérative linière du Roumois, coopérative de teillage Terre de Lin
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, atelier de conditionnement, entrepôt industriel, bureau

Le lin est, avec le chanvre et le jute, une des rares fibres textiles végétales qui pousse en Europe.Il est cultivé sous des climats tempérés et humides, en France notamment, dans les territoires littoraux aux sols silico-argileux comme ceux du Nord (Pas-de-Calais, Somme, Oise) et de Normandie (Seine-Maritime, Eure, Calvados).

Le lin est semé au printemps et met une centaine de jours pour arriver à maturité. La plante atteint alors une hauteur d’1,20 m environ et se caractérise par un jaunissement complet de la tige, une chute des feuilles sur le tiers inférieur et le brunissement des capsules qui contiennent les graines.La récolte du lin s’effectue en juillet par arrachage et non par fauchage.

Commence alors la phase de rouissage qui se déroule de juillet à septembre qui a pour but de faciliter l’extraction des fibres textile en éliminant la pectine qui soude les fibres au cœur ligneux de la plante.

Cette première transformation de la plante en fibre s’effectue de façon naturelle : les tiges arrachées sont déposées au sol en andains (en nappes fines et régulières) et se dégradent sous l’effet de l’alternance pluie / soleil et grâce à l’action des micro-organismes du sol. Pour obtenir un rouissage homogène, et éviter que le lin ne pourrisse au sol, les andains sont retournés régulièrement.

A la fin du rouissage, les pailles sèches sont conditionnées en balles et stockées à l’abri avant leur passage au teillage. Les conditions optimales de conservation exigent un taux d’humidité inférieur à 15%.

Le teillage est l'opération mécanique, réalisée en usine, sur les tiges de lin après rouissage. Il a pour but de séparer les fibres textiles du bois qui est au centre de la tige. C’est aussi la première phase de transformation des pailles, classées en deux catégories en fonction de leur longueur : les filasses (fibres longues) et les étoupes (fibres courtes). Il s’opère en plusieurs étapes, chacune nécessitant l’utilisation de machines spécifiques et exigeant une grande précision de mouvements combinés pour préserver au mieux la qualité intrinsèque des fibres.

Les opérations du teillage :

• La première étape de la transformation consiste à former une nappe de tiges de lin. A l’aide d’une dérouleuse, les pailles sont étalées sous forme d’une nappe régulière et assez épaisse, d’une densité d’environ 2 kg/m. Pour éviter qu’elles ne s’emmêlent, les fibres passent dans un égaliseur pour être parallélisées, ajustées, égalisées, ordonnées, lissées.

L’égrenage ou écapsulage : consiste à récupérer les graines contenues dans les capsules de la plante. Elle s’effectue à l’aide d’une égreneuse, une machine équipée d’un peigne dont l’espacement des dents est de plus en plus réduit vers les extrémités. Ce peigne pénètre au milieu de la nappe de tiges et arrache les capsules contenant les graines. Outre l’élimination des capsules, l’égrenage a également pour fonction de paralléliser les tiges de lin pour faciliter leur division. Les graines récupérées durant l’opération sont triées et traitées pour servir à la production de semences ou à d’autres fins (huile, aliment...).

L’étirage : consiste à diminuer progressivement l’épaisseur de la nappe, en passant les pailles dans une machine munie d’une série de disques crantés, appelée diviseur.

Le broyage : une fois étiraée, la nappe passe entre des rouleaux broyeurs constitués de cylindres cannelés à grosse denture. L’opération de broyage est destinée à dissocier les fibres textile du bois de la tige en brisant cette partie bois inutilisable pour le texile en petites particules dit anas.

L’écangage et le battage : permettent de séparer les fibres longues (la filasse) et les fibres courtes (l'étoupe), seule la fillasse étant conservée pour l'utilisation textile. L'écangage s'effectue à l'aide de tambours munis de petites lames qui frottent les tiges à une vitesse proche de 200 tours/mn. Le battage est réalisé à l'aide de tambours-secoueurs. En bout de ligne, les opérateurs font un tri afin d’homogénéiser les lots. Le lin teillé (fibres longues) est conditionné en balles ou en rouleaux d’environ 100 kg pour partir en filature.

La coopérative linière de Routot, spécialisée dans le teillage du lin, est fondée en 1939 par des teilleurs venus de Belgique avec l’aide du Génie Rural, dans un contexte de chômage et de désertification des territoires ruraux. La même année, cinq établissements du même type sont créés dans le Pays de Caux par des entrepreneurs belges. Le travail des fibres y démarre véritablement en 1943 en pleine occupation allemande. En 1947, la coopérative lance les premiers essais variétaux. Une classification des fibres et un prix moyen de rémunération sont mis en place.

A partir des années 50, la production de nouvelles variétés de lin devient un axe majeur de développement. Les variétés hollandaises utilisées au début de l'activité sont progressivement remplacées par des variétés adaptées au Pays de Caux. La culture à grande échelle des variétés sélectionnées démarre véritablement en 1967. En 1976, les variétés Ariane et Viking, obtenues à partir de fibres cultivées en Pologne, sont lancées. Ces 2 variétés représentent 80 % de la production européenne au cours des années 80.

Au début des années 90, des variétés naturellement résistantes aux maladies du lin voient le jour.

En 2000, la fusion entre les coopératives de Routot, Fontaine-Cany, Crosville-sur-Scie, Douvrend donne naissance à la coopérative Terre de Lin qui constitue dès lors la plus importante entité en Europe pour les activités amont de la filière lin.

En 2006, une union de coopératives est formée entre Terre de Lin et deux consœurs normandes, AGY Lin et la coopérative du Neubourg, leur permettant de classer leur production sur des critères communs et de la commercialiser ensemble. L'union coopérative COMLIN ainsi créée fournit 30 % des fibres de lin consommées dans le monde.

En 2013, les premières variétés résistantes à l’Oïdium sont développées, de façon à éviter l'emploi de fongicide et rendre la culture du lin plus respectueuse de l’environnement.

Depuis les années 2010, la coopérative s'est ouverte au tourisme industriel et développe des relations de partenariat avec des entreprises situées en aval de la filière (filature, tissage, confection).

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 4e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1939, daté par travaux historiques

L'usine compte 6 bâtiments servant de bureau, d'ateliers de fabrication, d'atelier de conditionnement, entrepôt et hangar, dont 5 sont régulièrement alignés et implantées perpendiculairement à la route. Tous sont édifiés en rez-de-chaussée, construits en parpaing de béton avec ou sans essentage de tôle et sont couverts de toit à longs pans en tôle ondulée ou en fibrociment. L'éclairage naturel est obtenu par des baies latérale ou de façon zénithale.

  • Murs
    • béton parpaing de béton
    • métal essentage de tôle
  • Toits
    tôle ondulée, ciment amiante en couverture
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Énergies
    • énergie électrique achetée
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée