Dossier d’œuvre architecture IA27002666 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Rédacteur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
ferme industrielle modèle du Logis
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies bief de dérivation le Fouillebroc (affluent de l'Andelle)
  • Commune Lisors
  • Adresse 10 rue de l'Eglise
  • Cadastre 2018 0A 159
  • Précisions
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    ferme du Logis
  • Parties constituantes non étudiées
    maison, cour, moulin, grange, laiterie, pressoir, communs, étable à vaches, porcherie, bergerie, écurie, boulangerie, chenil

En 1868, Achille Pouyer avocat à la cour de Rouen reçoit par héritage le moulin à blé de Lisors et fait le projet d’établir dans la même commune une ferme industrielle modèle. Dans ce but, il rachète la même année les terrains et bâtiments d'une ferme située à l’amont de son moulin, non loin de l'église au lieu-dit du Logis. Il est autorisé par l'arrêté préfectoral du 14 octobre 1868 à dériver sur les terrains dépendants de sa ferme, les eaux du Fouillebroc pour créer un canal destiné à alimenter un moteur hydraulique. Celui-ci doit servir d’abord à la construction de sa ferme puis au travail agricole. Le Fouillebroc passant en contrebas du site, une dérivation de 800 m de longueur à flanc de coteau est réalisée de façon à faire chuter l’eau dans un puits de 6,60 m de profondeur et à entraîner une turbine Fontaine provenant de l’entreprise Brault et Béthouart (anciennement Fontaine) de Chartres (28). Cette turbine conçue pour fonctionner « avec la régularité d’une horloge » sous un simple filet d’eau et à débit variable (de 25 à 75 l/s) développe une puissance de 3 à 4 CV et peut entraîner 4 arbres moteurs dont la force est transmise aux différentes machines par le biais de câbles aériens, certains mesurant plusieurs dizaines de mètres de longueur. Cette installation savante est réalisée sous la direction d’un ingénieur hydraulicien de Rouen, Vincent Slawecki. Lors des travaux de construction la turbine est utilisée dans la briqueterie et dans la scierie mises en place par Achille Pouyer. Dans la première, elle entraîne le malaxeur utilisé pour mélanger les terres argileuses (près de 700 000 briques ont été nécessaires pour la construction de l’ensemble des bâtiments) et dans la seconde, elle permet d’actionner un banc de scie mécanique.

La ferme, baptisée la ferme du Logis, est édifiée en 1871-72 par d’après les plans d’un architecte de Louviers, M. Roussel et sous le contrôle de M. Badais ancien contremaître de la Compagnie des chemins de fer du Nord. Plusieurs activités mécanisées sollicitent la turbine. C’est le cas de la machine à battre provenant de l’entreprise Maupoix frères (Meuse) qui est installée dans la remise. Cette batteuse, lorsqu’elle fonctionne, utilise les 2/3 de la force de la turbine à laquelle elle est reliée par un câble de 55 m de longueur. C’est également le cas de la baratte provenant du constructeur Olivier à Isigny (14) qui équipe la crèmerie et qui est entraînée par la turbine à des vitesses variables grâce à un jeu de poulies. Il en va de même du pressoir et du hache-paille. Soucieux d’hygiène, Achile Pouyer équipe sa ferme d’un véritable réseau d’eau courante utilisant des canalisations en fonte avec des joints de caoutchouc. L’eau, prise au sortir de la turbine, est ainsi distribuée entre les différents bâtiments de la ferme : dans la vacherie, la porcherie, la bergerie où elle sert à abreuver les bêtes, dans les laiteries où elle permet le lavage des sols pavés de carreaux en terre cuite. Le caractère exemplaire de la ferme du Logis va attirer l’attention des agronomes de l’époque. En 1874, un article décrivant le site de façon très détaillée paraît dans le Journal d’Agriculture pratique. Au début des années 1890, Pierre Lejeune rachète la ferme du Logis avec son moulin, c’est-à-dire sa turbine, et en reste propriétaire jusqu’à la fin des années 1920. Aujourd’hui le site est toujours à usage de ferme mais les bâtiments ont été dénaturés et les aménagement techniques ont disparus. Le bâtiment de la turbine est en ruine et le moteur toujours en place n’est plus utilisé, ni accessible.

Conformément à la tradition du Vexin normand, les différents bâtiments de la ferme du Logis sont disposés autour d’une grande cour rectangulaire, contre l’habitation du propriétaire, sorte de cottage comportant jardin anglais, pièce d’eau, chenil, billard… Au nord se trouve la maison du fermier jouxtant, pour faciliter la surveillance, un cellier, un pressoir, les laiteries et la crèmerie. La grange est un élément particulièrement remarquable. Elle possède en guise de charpente de grands arceaux en brique qui à l’intérieur la font ressembler à une église et lui confèrent un volume entièrement dégagé de 2 300 m3 permettant de stocker 20 000 gerbes. De plus, ses grandes portes charretières utilisent pour s’ouvrir un système coulissant sur roulement à galets tout à fait novateur. Le bâtiment de la turbine est en ruine et envahi par la végétation. Le moteur qui se trouve encore en place est envasé et non accessible.

  • Murs
    • brique
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile mécanique, ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
  • État de conservation
    menacé, mauvais état, envahi par la végétation
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 323. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc. Lisors.

    Procès-verbal de visite des lieux, 25 juillet 1868.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 19 S : 19 S 31. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 19 S 31
    Plan de situation de la roue projetée par M. Pouyer, 1/2500e, 7 septembre 1868.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 323. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc. Lisors.

    Plan de situation de la roue projetée par M. Pouyer, 1/2500e, 7 septembre 1868.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 19 S : 19 S 31. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 19 S 31
    Arrêté préfectoral, 14 octobre 1868.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 323. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc. Lisors.

    Arrêté préfectoral, 14 octobre 1868.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 323. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc. Lisors.

    Rapport de l’Ingénieur des Ponts et Chaussées, 25 août 1893.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 19 S : 19 S 31. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière du Fouillebroc.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 19 S 31
    Procès-verbal de récolement, 29 novembre 1902.
  • AD Eure. Série J ; Sous-série 1 j : 1 J 465. Etat récapitulatif des usines hydrauliques existantes au 31/12/1926 dans le département de l'Eure.

    Concessionnaire : Lejeune

Bibliographie

  • MARCHAND, Eugène. La ferme de Lisors. Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique. Paris : Librairie de la Maison rustique du XIXe siècle, 1874.

    p. 191-198
  • MARCHAND, Eugène. La ferme de Lisors. Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique. Paris : Librairie de la Maison rustique du XIXe siècle, 1874.

    p. 293-297
  • BELHOSTE Jean-François. Une ferme modèle du XIXe siècle. In Découverte du patrimoine en Pays de Lyons, Confluence 2007. Amis des Monuments et Sites de l'Eure, 2007.

    p. 27-31
  • CATHERINE, Éric. Balade au fil de l'eau. À la rencontre des moulins. Filatures et fonderies de la vallée de l'Andelle. Éditions Mémoires et Cultures, 2009. 143 p.

    p. 86-89
  • BELHOSTE, Jean-François. La vallée de l’Andelle : histoire et archéologie industrielles (1780-1870). In Tisser l’histoire. L’industrie et ses patrons. Mélanges offerts à Serge Chassagne. Valenciennes : Presses universitaires de Valenciennes, 2009. 406 p.

    p. 53
  • SYNDICAT INTERCOMMUNAL DU BASSIN DE L'ANDELLE. Plan Pluriannuel de Restauration et d'Entretien de l'Andelle et de ses affluents 2015-2019. 369 p.

    p. 330-333 (ROE 84112)

Périodiques

  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

    p. 38

Annexes

  • Détail des sources.
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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