En 1957, après des analyses d’hygiène et de qualité et des études de débit et de forage, la société Normande des Eaux de Table décide d’exploiter l’eau de la source située dans le parc du château de Pont-Saint-Pierre. La demande d’exploitation est transmise à l’administration en juin 1958 et le permis délivré peu après.
La commercialisation de l’eau sous la marque Pierval nécessite la construction d’une usine d’embouteillage moderne. Celle-ci est implantée à 200 m du point de captage, sur le coteau entre la route départementale D321 au nord et la voie de chemin de fer au sud. La construction du site requiert 8 mois de travaux et la production est lancée le 13 janvier 1959.
L’eau puisée à 16 m de profondeur est acheminée par un réseau de canalisations souterraines protégées jusqu’à l’usine où elle est mise en bouteille et encapsulée. Préalablement au conditionnement, les bouteilles (exclusivement en verre au début de la production) font l’objet d’un nettoyage minutieux, réalisé dans une laveuse automatique où elles subissent une quinzaine d’opérations (trempage, lavage, injections, rinçages…). Les bouteilles gagnent ensuite une salle pressurisée dont l’atmosphère est constamment renouvelée et filtrée. Avant remplissage, les bouteilles sont à nouveau soumises à des rayons ultra-violets utilisés pour leur action germicide. Le remplissage s’effectue par l’intermédiaire de deux soutireuses (de 25 et 40 becs) qui permettent de remplir simultanément 64 bouteilles en 7 secondes. Cet équipement permet de produire près de 13 000 bouteilles à l’heure. Toutes ces opérations sont réalisées sur des chaînes sans fin, sans aucune manipulation. L’automatisation étant poussée à l’extrême, le processus de fabrication (depuis le captage de l’eau jusqu’à l’étiquetage des bouteilles) n’emploie que 5 personnes. L’atelier de production occupe le rez-de-chaussée de l’usine. A l’étage se trouvent les bureaux de l’administration ainsi que le laboratoire d’analyse qui assure le contrôle permanent de toutes les étapes de production. Le sous-sol de l’usine sert quant à lui stockage des bouteilles pleines avant expédition par rail ou par route.
En 1964, l’entreprise est rachetée par le groupe Vittel. L’usine primitive est abandonnée en 1993 et l’activité est transférée dans une nouvelle unité de production ultramoderne édifiée, route des Andelys à moins de 300 m du site initial. Depuis cette date, 4 forages différents permettent d’atteindre la source : deux forages pour l’embouteillage de meilleur qualité, dont un qui a une profondeur de 45 m et un débit de 16 m3, et l’autre d’une profondeur de 50 m avec un débit de 19 m3, un forage pour les bouteilles de Cristalline, d’une profondeur de 70 m pour un débit de 39 m3 et un forage pour l’eau non consommée mais destinée nettoyage et au refroidissement des équipements. On utilise pour le forage un tube en inox de 10 cm de diamètre muni de filtres. Un manomètre permet de mesurer la pression en bars et un compteur électromagnétique permet d’établir le débit plus rapidement. L’eau captée a une température constante de 10°C. Elle est stockée dans trois réservoirs extérieurs, totalisant 900 m3, avant embouteillage. Pour cette étape on utilise désormais des préformes en plastique qui une fois chauffées à 120°, moulées et soufflées, se transforment en bouteilles. Elles sont ensuite acheminées vers la salle d’embouteillage où elles sont remplies et fermées rapidement afin d’éviter toute contamination par des bactéries. Toutes les opérations sont automatiques de même que l’étiquetage et l’inscription de la date d’embouteillage au laser. Les bouteilles sont ensuite triées en fonction de leur format (1,5 l ou 0,5 cl) et de leur marque de commercialisation puis sont empaquetées par lot de 6.
En 2013, l’usine emploie 39 salariés et a une production annuelle de 130 millions de bouteilles.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.