Dossier d’œuvre architecture IA27001195 | Réalisé par
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
filature de laine puis de coton Mignot puis usine de selles de vélo Tron et Berthet
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies l'Andelle
  • Commune Pont-Saint-Pierre
  • Lieu-dit
  • Adresse 7 rue des Hautes Rives
  • Cadastre 1836 B 2 à 4  ; 2018 AC 156, 157
  • Dénominations
    filature, usine de construction mécanique
  • Précision dénomination
    filature de laine, filature de coton, usine de selles de vélo
  • Appellations
    la selle idéale, société Tron et Berthet
  • Parties constituantes non étudiées
    filature, bief de dérivation, vanne, atelier de fabrication, atelier de réparation, entrepôt industriel, bureau, logement patronal, logement d'ouvriers, cantine

Le 2 mai 1815 Jean-Baptiste Etienne Mignot, maire de Pont-Saint-Pierre, demande l’autorisation d’établir, entre ses deux moulins à blé attestés en 1803 et implantés au-dessous du pont de pierre sur le cours principal de la rivière, une troisième roue hydraulique pour faire mouvoir une filature de laine. Celle-ci est autorisée par l’arrêté préfectoral du 26 avril 1815. En 1835, les trois usines appartiennent au fils cadet de Jean-Baptiste Etienne Mignot,dit Mignot Jeune. En 1841, celui-ci réunit les deux moulins à blé et la filature qui lui appartiennent en une seule usine à usage de filature de coton. Cette dernière est louée à M. Michel qui en assure l’exploitation. La filature de M. Mignot Jeune est à nouveau réglementée et autorisée par le décret présidentiel du 20 janvier 1851. Entre 1853 et 1862, trois arrêtés préfectoraux enjoignent M. Mignot Jeune à réparer les vannes de décharge et autres ouvrages régulateurs de son usine, à installer un repère en fonte en remplacement de celui en bois et à construire un déversoir de 15 m de longueur de façon à ne pas nuire aux propriétaires riverains. La filature de coton de M. Mignot Jeune, louée à M. Delamare, emploie 103 ouvriers en 1867. Elle est rachetée au début des années 1880 par M. Bernays.

La filature est abandonnée à la fin du XIXe siècle et transformée en fabrique de selles de vélo par Jean-François Tron. Ce dernier a fondé en 1890, à Paris (Porte des Ternes), une entreprise de sellerie, baptisée La Selle Idéale. Face au succès de son entreprise, Jean-François Tron décide de s’implanter à Pont-Saint-Pierre pour faciliter son développement et rachète en 1899 l’ancienne filature de coton Mignot puis Bernays. Durant la Première Guerre mondiale, la société Tron fait fortune en vendant des selles à l'Armée, l’infanterie et l’aviation notamment. Les importants bénéfices tirés de ce marché de guerre lui permettent de renouveler l'outillage de l'usine en acquérant de nouvelles machines-outils. En 1922, près de 200 000 selles sortent des ateliers.

En 1926, l'usine connait d'importantes transformations : de vastes ateliers de fabrication, des entrepôts, des logements ouvriers sont adjoints à l'ancienne filature de coton elle-même utilisée comme atelier et bureau. Une turbine hydraulique et des moteurs Diesel entrainent l'important parc de machines. En 1931, après le décès de Jean-François Tron, l’entreprise est reprise par son fils Jean, sa fille Jeanne et son gendre Marcel Berthet. Ce dernier est célèbre dans le monde du cyclisme pour avoir remporté à trois reprises (en 1907 et deux fois en 1913) le record du monde de l'heure. Étant donné sa notoriété, Marcel Berthet est chargé au sein de l'entreprise de la commercialisation des produits fabriqués. La renommée des selles Tron et Berthet s'étend alors bien au-delà des frontières françaises. En 1935, le catalogue de l’entreprise propose plus de 80 références d’équipement pour bicyclettes, vélos de course, vélomoteurs et motos. L’usine est à son apogée. Elle emploie 300 personnes qui produisent jusqu’à 500 000 selles par an destinées au marché français et à l’exportation. Pour sa production de selles, l’usine Tron et Berthet utilise les matières premières suivantes : des cuirs de vache tanné (genre cuire pour semelles de chaussures), des aciers laminés, des aciers étirés et du fil d’acier haute résistance. Celles-ci sont transformées à l’aide de presses à découper, à emboutir et machines spéciales. Les selles produites sont soit émaillées, nickelées, cadmiées ou chromées. Les déchets d’acier et cuirs sont vendus à des spécialistes. En 1950, un réfectoire servant de cantine est construit en dehors de l’enceinte de l’usine. Pierre Berthet (diplômé de l’École Supérieure de Commerce Rouen en 1944) devient PDG de l'entreprise en 1969 et confie la direction technique à M. Félix Volozan (diplômé des Arts et Métiers Angers en 1949). Bien que reconnue mondialement pour la fabrication de selles haut de gamme, l'entreprise ne peut surmonter la concurrence des produits importés vendus à bas prix. La chute de la production commence dans les années 1970 malgré une politique de diversification avec des travaux de découpage, d’emboutissage, d’électrolyse (étamage et zincage) à façon. En 1972, la société Tron et Berthet n'emploie plus que 60 personnes. L’usine ferme définitivement au tournant des années 1980.

La filature de laine fondée en 1815 est un bâtiment en brique de deux niveaux à cheval sur le cours d'eau, construit sur le modèle de la filature Ternaux (1807) de Louviers, rien d’étonnant quand on connait les rapport unissant les drapiers de Louviers aux industriels de la vallée de l'Andelle. Les ateliers de fabrication édifiés par la société Tron et Berthet pour sa production de selles de vélo sont des bâtiments à ossature en béton de type "grande halle" dotés de lanterneau assurant un éclairage zénithal en complément des baies filante latérale.

Le site conserve également ses aménagements hydrauliques d'amont comprenant le bras de décharge, trois vannes de décharge et le canal d'amenée et son système hydraulique d'aval comprenant le canal de fuite. Subsiste également dans l'ancienne filature la turbine hydraulique (inaccessible) et ses mécanismes et engrenages.

  • Murs
    • brique enduit
    • béton
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente en béton armé apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • lanterneau
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
    • énergie électrique produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler