L'ancienne poterie de Désiré Rigaut est située au sud de la route nationale 172 au village de la Tuilerie, au Tronquay. Le four à pot cadastré B586 dans l'ancien cadastre a été construit en 1859 et avait alors une valeur locative de 10 F, valeur moyenne retrouvée dans le courant du XIXe siècle pour ce type de construction, dans les trois centres du Tronquay, de Noron-la-Poterie et de Saint-Paul-du-Vernay. Ce four a été édifié alors que préexistait une maison cadastrée B586 et un bâtiment B587, mentionnés sur l'atlas cadastral de 1830. Jusqu'en 1928, date de sa vente à Désiré Rigaut, ces bâtis appartiennent à Paul Anne, cabaretier au Tronquay. Les potiers qui y exercèrent leur métier étaient les Rigaut : Désiré Rigaut, son père Julien et son grand-père.
Si le père de Désiré Rigaut a 2 tourneurs vers 1895 (Lallier, D. 1944, p.35), Désiré Rigaut, lui travaille seul. Il est d'ailleurs aussi indépendant de tout marchand : il achète ses matières premières et commercialise lui même ses produits. Sa production reste tout à fait traditionnelle. L'argile y est préparée en partie aux pieds et à la main et avec l'aide d'un broyeur à bras. Jusqu'à la fin de l'exploitation, les objets sont tournés au tour à bâton. Désiré Rigaut abandonne le métier de potier en 1923, pour se consacrer pleinement à l'agriculture : la loge et le four sont portés, en 1926, à "bâtiment rural". Désiré Rigaut rachète cependant l'ancienne poterie de Constant Moussel, construite en 1882 (AD Calvados. 3P 7330), en 1930 pour l'abandonner un ou deux après. Il est l'exemple même des derniers potiers paysans qui possédaient quelques vaches et hectares de terre.
Photographe de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1978 à 2008.