Dossier d’œuvre architecture IA14005215 | Réalisé par
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

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  • enquête thématique régionale, casinos en Basse-Normandie
  • patrimoine de la villégiature
établissement de bains et casino dits Grand Casino de Cabourg, actuellement casino dit Le Casino de Cabourg
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cabourg - Cabourg
  • Commune Cabourg
  • Adresse promenade Marcel Proust , Jardins du Casino , avenue André Prempain
  • Cadastre 2005 AE 2
  • Dénominations
    établissement de bains, casino
  • Appellations
    Grand Casino de Cabourg, Le Casino de Cabourg

En 1867, Guillaume Isouard, constructeur de voies ferrées, acquiert le premier casino de Cabourg, dit le Kursaal (IA14005214), le Grand Hôtel et les jardins du casino. Il fait détruire l'établissement de jeux pour en construire un nouveau (2e casino) le long de la digue, contre le grand hôtel, dont il dresse lui-même les plans. En 1880, une salle de bal (25m x 13m) est adossée à sa façade côté jardin.

Devenus propriété du parisien Moïse, dit Maurice Emanuel (9, rue Laffitte), le casino, ses jardins et le grand hôtel sont acquis en 1889 par la Société générale d'établissements balnéaires (83, boulevard Courcelles, Paris) moyennant 447.500 francs. En proie à des difficultés financières, celle-ci cède en 1891 l'ensemble des immeubles et des terrains à l'un de ses actionnaires, Charles Bertrand (futur maire de Cabourg), à charge pour lui de régler les créances de la société en liquidation. Le nouveau propriétaire entreprend l'année suivante la rénovation complète des intérieurs du casino et remplace l'éclairage au gaz par l'éclairage électrique. Le 26 juillet 1894, il fonde avec six autres actionnaires (Louis Robbery, Emile Laporte, Henri Gibier, Louis Bertrand, Paul Jardel et Maxime Bertrand) la société anonyme immobilière des bains de mer de Cabourg francs, dont le capital de 1.250.000 francs est divisé en 2.500 actions de 500 francs. Grâce à son apport en nature (casino, hôtel et parc), Charles Bertrand en détient 2400. Il récupère celui-ci en 1904 (acte du 12 décembre), après dissolution de la société (15 novembre) suite à des difficultés financières.

Juste avant son décès, survenu le 30 janvier 1907, Charles Bertrand avait envisagé la reconstruction du casino et confié la conception des plans aux architectes Lucien Viraut et Emile Mauclerc. Repris par ses héritiers (ses petits-enfants Jacques Bertrand, Charles Bertrand, Antoinette Bertrand, épouse Varangot, et Odette Bertrand, épouse Thévenin), le projet se concrétise entre 1908 et 1909 (3e casino). Les travaux sont exécutés par l'entreprise Chouard, de Bihorel (Seine-Maritime).

La presse salua tant le choix du programme architectural que l'agencement du théâtre, dont le plan quadrangulaire et le balcon unique étaient représentatifs des salles de spectacles des casinos au tournant des 19e et 20e siècles (Monte-Carlo, 1878-1879 ; Evian, 1884 ; Contrexéville, 1900). Exploité à partir de 1910 par la Société Fermière du Grand Hôtel et Casino de Cabourg, l'établissement est transformé en 1914 en hôpital militaire. Au lendemain de l'Armistice, après avoir été remis en état, il accueille à nouveau les villégiateurs. Réquisitionné par l'armée Allemande durant la Seconde Guerre mondiale, il subit d'importants dommages.

Objet d'une vaste campagne de restauration après la Libération, il ouvre à nouveau ses portes pour la saison de 1947. Une baisse régulière de la fréquentation de la station contraint les héritiers Bertrand à s'en séparer au profit de la municipalité (délibération du 30 mars 1956 ; acte de vente du 18 mai 1857). La gestion de l'établissement de jeux est confiée à Bruno Coquatrix, directeur de l'Olympia à Paris, qui redonne à la station de Cabourg un nouveau souffle.

En 1988, la municipalité envisage la construction d'un nouveau casino et organise un concours deux ans plus tard. Le projet des lauréats, les architectes parisiens François Péron et Alain Dangréaux, consistait à détruire le casino existant (à l'exception du théâtre, reconnu pour son décor exceptionnel), à relier le nouvel établissement (englobant la partie épargnée) au Grand Hôtel par une galerie aménagée au-dessus d'un passage couvert (dit "passage de la mer") afin de mettre en relation les Jardins du Casino et la Promenade Marcel Proust, à aménager des chambres dans les parties hautes, en vue d'une extension du Grand Hôtel. Il souleva de vives contestations de la part des administrés, qui, désireux de conserver l'édifice dans son état initial, sollicitèrent les services du ministère de la Culture. Le casino est alors inscrit en 1993 sur la liste supplémentaire des Monuments historiques. Une importante campagne de restauration est engagée l'année suivante sous la direction des architectes Péron et Dangréaux, qui apporte des modifications aux agencements intérieurs. Le chantier s'achève en 1995. Au cours de cette campagne de restauration, des fresques néo-17e siècle sur des thèmes bucoliques ont été redécouvertes sous d'épaisses couches de peinture.

Aligné sur la promenade du bord de mer et accolé au Grand-Hôtel, le casino construit par Isouard était accessible directement depuis la plage par un large escalier distribuant deux terrasses surélevées latérales qui ménageaient des points de vue sur le paysage maritime. En 1907, date de la reconstruction de la digue-promenade, l'escalier est supprimé et les deux terrasses sont encloses par un mur à claire voie rythmé par des piliers rehaussés de pots à fleurs. En rez-de-chaussée surmonté d'un étage de comble éclairé par des lucarnes cintrées, le casino était composé de deux ailes encadrant un corps de bâtiment établi selon un plan octogonal, à l'instar du premier casino construit en 1856 à Villers-sur-Mer (IA14005218). Très bien distribué selon les guides de l'époque, il abritait un café où l'on pouvait jouer au billard, une galerie vitrée avec terrasse donnant sur la mer, une salle de théâtre, une salle pour l'étude de la musique, une salle de réunion, une salle de lecture, une salle de conversation et un Cercle. Il disposait également des équipements nécessaires à la pratique des bains chauds et froids.

L'actuel casino, dont la construction a été initiée au tout début du 20e siècle par les héritiers Bertrand, est situé entre la digue (actuellement Promenade Marcel-Proust) et les jardins, qui occupent le centre de la station et vers lesquels toutes les rues convergent. De plan massé, il comprend un volume principal dominant l'ensemble du bâtiment, qui correspond à la salle de théâtre et à l'ancienne salle de bal (actuellement dévolue au restaurant), flanqué, côté jardins, de deux rotondes latérales, l'une abritant un vestibule, l'autre un salon. Réalisé en béton armé recouvert d'en enduit en ciment, il est couvert de toits à longs pans et de dômes circulaires en ardoise et en zinc. Un petit bâtiment le relie au Grand Hôtel.

  • Murs
    • ciment
    • enduit
    • béton armé
  • Toits
    ardoise, zinc en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée, étage de comble, en rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • dôme circulaire
    • toit polygonal
  • Typologies
    fonctions associées : médication et distraction
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété de la commune
  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
  • Protections
    inscrit MH, 1993/10/06
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures ; vestibule de la rotonde sud-est avec l'ensemble de son décor ; salle de spectacle avec l'ensemble de son décor, y compris l'installation électrique incorporée (cad. A 102) : inscription par arrêté du 6 octobre 1993.

  • Référence MH
Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Normandie - Inventaire général
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

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