Dossier d’aire d’étude IA61001438 | Réalisé par
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
présentation de la commune de Saint-Mard-de-Réno
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Parc naturel régional du Perche
  • Adresse
    • Commune : Saint-Mard-de-Réno

Cadre de l'étude

L´inventaire topographique du patrimoine architectural de la commune de Saint-Mard-de-Réno a été réalisé en 2015. Cette étude a pour finalité d´identifier, de localiser et de documenter les éléments appartenant au patrimoine architectural et de présenter un état des lieux raisonné du patrimoine bâti. Les limites chronologiques sont fixées entre l´an 400 après J. C., et les années 1970. Ce cadre exclut le domaine de la fouille archéologique mais n´écarte pas des formes d´architecture en élévation exceptionnelles, comme, par exemple, les mégalithes ou les œuvres originales d´architectes contemporains. Par ailleurs, l´inventaire ne rend compte du patrimoine ethnologique ou du patrimoine naturel que dans la mesure où il donne des renseignements sur le bâti. L´inventaire a porté sur l'ensemble des édifices bâtis avant 1950. Les dossiers qui suivent sont classés du général ou thématique (dossier collectif), au particulier. Les édifices uniques ou au contraire représentatifs, à valeur patrimoniale intrinsèque et revêtant un intérêt à l'échelon communal, sont traités dans un dossier individuel. La restitution des données découle de la méthode d'analyse. A chaque élément sélectionné correspond un dossier. Cependant, pour appréhender les familles d'édifices représentés en grand nombre (fermes, maisons), il a été procédé à une sélection raisonnée d'unités à étudier, les caractères communs à chaque famille étant restitués dans le dossier collectif.

Parmi les 265 éléments bâtis recensés (toutes catégories confondues), 22 sont sélectionnés (soit 9 %) et font l’objet de dossiers d’étude. 8 dossiers d'ensemble (le bourg et sept hameaux) permettent de mieux appréhender ces regroupements. 515 illustrations et 29 références documentaires (dont 21 documents d’archives) accompagnent les dossiers.

Historique

La paroisse de Saint-Mard est attestée dès la fin du 12e siècle, citée dans le cartulaire de l'abbaye du Val-Dieu sous le toponyme "Sanctus Medaldus". Plusieurs seigneurs de Saint-Mard émergent de l'historiographie locale comme Robert de Saint-Mard témoin de la fondation du Val-Dieu par Rotrou IV en 1170. Sis au centre du territoire paroissial, le bourg occupe une situation de carrefour à la croisée des routes antiques reliant Mortagne à l'ouest et Longny à l'est, et celle de Villiers au nord dite "la Gallo-Romaine".

L'église paroissiale Saint-Médard possède encore les vestiges de l'époque romane (baie étroite en plein cintre et corniche à modillons). Les contreforts plats de l'ancien presbytère pourraient faire remonter la construction, dans sa structure, à cette même époque.

Bourg, église paroissiale Saint-Médard.Bourg, église paroissiale Saint-Médard.

Sous l'Ancien Régime et à la Renaissance, le territoire paroissial est divisé en plusieurs seigneuries : la Goyère tenue par la famille Guéroult de la Gohyère aux 16e et 17e siècles, les Grois propriété de la famille de Gourmont en 1541, la Hugotière relevant de la famille de Guillain en 1541, la Planche de la famille de Gourmont en 1559, puis de Gruel en 1648 et le Puits. La Goyère a conservé sa structure manoriale des 16e et 17e siècles, malgré les remaniements de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Le manoir de la Hugotière a quant à lui été détruit au profit d'une maison de maître construite dans les années 1830. Au Puits, une baie à meneaux et à traverses est l'unique témoin conservé dans le mur d'une dépendance. Elle provient vraisemblablement de l'ancien logis manorial. La ferme de la Planche date également de cette période (16e ou 17e siècle) comme l'attestent certains élément structurels (charpente à faîtière et sous-faîtière) ainsi que les vestiges d'ouvertures en plein cintre. A l'est du bourg, au lieu-dit la Butte, se trouve une bâtisse citée comme étant une ancienne justice de paix par Élisabeth Gautier-Desvaux dans les Cahiers Percherons n°192 intitulé Saint-Mard-de-Réno, un territoire percheron et sa communauté villageoise de 2012. De part sa situation et son importance, l'édifice pourrait bien être le château primitif de Saint-Mard.

La Goyère, manoir puis demeure.La Goyère, manoir puis demeure. La Hugotière, maison de maître.La Hugotière, maison de maître.

La Chartreuse du Val-Dieu possédait de nombreuses terres et métairies à Saint-Mard, sises à proximité du massif forestier sur la frange orientale du territoire communal.

Attestée aux 16e et 17e siècles, l'activité de tissage de toiles de lin et de chanvre occupe, en plus de l'agriculture, une place importante dans l'économie locale à l'instar des paroisses voisines du bassin de Mortagne. Cette activité connaît un développement accru au 18e siècle qui coïncide avec la reconstruction du bâti rural comme le montrent les résultats de l'étude d'inventaire. L'activité chanvrière disparait progressivement à partir de 1850, remplacée dans un premier temps par la ganterie jusqu'au début du 20e siècle. A Saint-Mard, elle se concentre surtout dans les hameaux de la partie occidentale du territoire où prédominait l'exploitation du chanvre (de la culture au tissage) comme à la Roulerie, aux Roches et à la Petellière. Dans ce même secteur, il ne subsiste de l'important hameau de la Drouinière qu'une seule bâtisse. Cette dernière s'apparente bien plus à un petit manoir qu'à une simple maison ou à un logis de ferme sur le plan architectural (deux niveaux d'élévation habitables, escalier à vis en pierre, cheminée monumentales richement ornées). Il s'agit peut-être d'une maison construite pour un marchand de toiles au 16e siècle. Plus à l'ouest, un seul village semble s'être spécialisé dans le tissage du lin et du chanvre, le Valarchin.

La Drouinière, maison de marchand de toiles (?).La Drouinière, maison de marchand de toiles (?).Valarchin, maison de tisserand.Valarchin, maison de tisserand.

Les petits hameaux situés sur la frange orientale de la commune sont formés pour l'essentiel de maisons d'artisans dont l'activité est liée à l'exploitation du massif forestier (forêt de Réno - Valdieu) : forestiers, charpentiers, scieurs de long, fendeurs, sabotiers, charbonniers sont logiquement les métiers les plus rencontrés dans les matrices cadastrales. Le bâti le plus ancien pourrait remonter au 16e siècle (la Braiserie), mais la plupart des constructions actuelles datent du 18e et du début du 19e siècle.

Dans un secteur très localisé du nord-est de la commune, s'est développée entre le bourg et le massif forestier à partir du 17e siècle, voire avant, une activité de céramique autour des villages des Herbinières, du Clos des Champs et des Rieux, dont l'apogée se situe au 18e siècle. Une faïencerie est en activité aux Herbinières au 19e siècle, jusqu'en 1900. Plusieurs maisons de potiers sont encore bien identifiables parmi lesquelles deux possèdent leur four à poterie, aux Rieux et au Clos des Champs.

Les Rieux, maison de potier et four à poterie.Les Rieux, maison de potier et four à poterie.

L'agriculture se développe au 19e siècle comme l'atteste la reconstruction ou la construction de dépendances. Une ferme est érigée ex nihilo vers 1850 au Puits.

Le Puits, ferme.Le Puits, ferme.

Une tuilerie est restée en activité au lieu-dit la Tuilerie jusqu'au début du 20e siècle. Quatre moulins sont recensés sur le territoire communal : Clouet, Cougaudray, Olivet et la Rue.

Description

Située dans la partie nord-ouest du Parc naturel régional du Perche, la commune de Saint-Mard-de-Réno (canton de Mortagne-au-Perche, Communauté de communes du Bassin de Mortagne) couvre une superficie de 1913 hectares et compte, au dernier recensement de 2012, 441 habitants. Le plateau sur lequel elle se situe, anciennement exploité en bocage, est occupé par des champs cultivés et quelques prairies. Il est bordé sur sa frange est et nord-est par la forêt de Réno - Valdieu. La rivière de la Villette, un affluent de l’Huisne, le sillonne du nord-est au sud-est, le ruisseau de la Gironde du nord-ouest au sud-ouest. L'habitat est dispersé en une soixantaine de lieux-dits (22 fermes isolées, maisons, châteaux et moulins et une vingtaine de hameaux dont certains sont de dimensions importantes : la Roulerie, le Clos des Champs, Valarchin) et au bourg. La quasi totalité des fermes a changé de destination et a été convertie en maisons. Nombreuses sont les résidences secondaires.

Plusieurs fermes (la Haie, le Houx, la Ménillière, le Petit Chailloué, la Planche, le Puits), la maison de marchand de toiles de la Drouinière, celle de tisserand de Valarchin, celle de potier des Rieux, le manoir devenu demeure à la Goyère et le Bourg (église paroissiale Saint-Médar, presbytère, mairie-école, école de filles) constituent des sites patrimoniaux marquants à l’échelle communale et supra-communale.

Documents d'archives

  • AD Orne. E dépôt 201/50. Église paroissiale (1844-1884).

  • AD Orne. E dépôt 201/51. Presbytère et cimetière (1842-1886).

  • AD Orne. H 2957. Vente et baux à ferme (1602-1649).

  • AD Orne. H 2958. Vente et baux à ferme (1659-1781).

  • AD Orne. H 2997 (1384-1673) : La Ménillière. – Vidimus d'un bail à rente par Benite, veuve de Robert Guérin, à Huart Rouelle, d'un plaçage de maison sis à Saint-Mard-de-Réno, joutant la maison de Jean Tiercelin (1384). – Vente par Jean Du Ré alias Le Breton, aux religieux du Val-Dieu, d'une rente de 5 sous assise sur ses héritages. – Reconnaissance de la dite rente par François Guérin et Jean Baudry, à cause de Marion Guérin, sa femme, représentant Jean de Ré (1598) ; – par André de Guéroust, écuyer, comme détenteur de la Ménillière (1673).

  • AD Orne. H 2999. (1389-1788) – Reconnaissance de rente au profit des religieux (du Val Dieu), […] par Charlotte Charpentier, veuve de Pierre PIard, écuyer, sieur de la Hugotière, héritiers de Louise Le Saisy, veuve de Nicolas Charpentier, sieur de la Garenne, élu en l'élection de Mortagne, sa mère (1750) ; – par Jacques-Louis de la Boussardière, écuyer, seigneur de la Hugotière, la Poterie et autres lieux, demeurant à la Hugotière, paroisse de Saint-Mard-de-Réno (1788).

  • AD Orne. H 3017 - La Planche (1390 – 1775) : Aveu rendu aux religieux du Val-Dieu par Perrin Pénier, à cause de sa femme pour l'hébergement de la Planche (1390) ; – par Denis de Regnouard dit du Moulin, aîné du fief de la Planche (1502). – Transaction entre les religieux et Martin Deshayes, portant nouvelle obligation de 37 sous 8 deniers de rente, sur la métairie de la Planche (1555). – Bail à ferme par les mêmes, à Denis Bignon, laboureur (1775).

  • AD Orne. H 3160. La Hugotière (1404-1679). Promesse par Jean Pierre l'aîné, d'une rente de 10 sous 6 deniers aux religieux du Val-Dieu, pour raison de la métairie de la Hugotière (1462, février, n. s.). – Bail à rente par les religieux à Guillin Lescuier des droits qu'ils avaient sur la métairie de la Hugotière 1462, février, n. s.). – Reconnaissance par Marie Bigot, veuve de Jean Le Comte, de rente assise sur la Hugotière (1679).

  • AD Orne. 3 NUMLN 418. Listes nominatives de recensement de population de Saint-Mard-de-Réno (1801-1968).

  • AD Orne. O 705-706. Cimetière (1832-1888).

  • AD Orne. O 705-706. École - généralités (1864-1872).

  • AD Orne. O 705-706. École de garçons (1886-1905).

  • AD Orne. O 705-706. École de filles (1893-1920).

  • AD Orne. O 705-706. Église paroissiale (1890-1920).

  • AD Orne. 3 P 2-418/1 à 3 P 2-418/7. Plans cadastraux de 1830.

  • AD Orne. 3 P 3-418/1 à 3 P 3-418/7. Matrices cadastrales.

  • AD Orne. Z 433. Mairie-école (1866-1912).

  • AD Orne. Z 433. Travaux de construction d'une école de filles (plans).

  • Archives communales, Saint-Mard-de-Réno. Construction d'une maison d'école, plans, coupe et élévation dressés par Y. Leboucher en 1865.

Bibliographie

  • AD Orne. H 5509. Registre des fermes dépendantes de la Chartreuse du Val-Dieu (1735-1789).

  • AUBERT, J. (abbé). Les églises de l'Orne et leurs oeuvres d'art. Lyon : Presses de Lescuyer, 1977.

  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

  • SIGURET, Philippe. Trésors des églises du canton de Mortagne. Cahiers percherons, 1964, n°23.

  • DE CALAN, Laurence. Presbytère du Perche. Fédération des Amis du Perche, Bellême : Imprimerie Bellêmoise, 2012 (collection "Présence du Perche").

    p. 144-147
  • YVARD, Éric. La Roulerie dite "la Mézengère" à Saint-Mard-de-Réno (Orne). Étude historique, 2007, 71 pages.

Périodiques

  • CAILLY, Claude. Chronique du Perche : Potiers et faïenciers à Saint-Mard-de-Réno au XIXe siècle. Cahiers Percherons, Fédération des amis du Perche, 2003-1.

  • CAILLY, Claude. Saint-Mard-de-Réno, un territoire percheron et sa communauté villageoise. Cahiers Percherons n°192, 2012-4.

  • GAUTIER-DESVAUX, Élisabeth. Saint-Mard-de-Réno, un territoire percheron et sa communauté villageoise. Cahiers Percherons n°192, 2012-4.

Documents figurés

  • AD Orne. 3 OP 1850. Projets d'aménagements routiers.

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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