Cadre de l'étude
L´inventaire topographique du patrimoine architectural de la commune de La Chapelle-Montligeon a été réalisé en 2013. Cette étude a pour finalité d´identifier, de localiser et de documenter les éléments appartenant au patrimoine architectural et de présenter un état des lieux raisonné du patrimoine bâti. Les limites chronologiques sont fixées entre l´an 400 après J. C., et le milieu du 20e siècle. Ce cadre exclut le domaine de la fouille archéologique mais n´écarte pas des formes d´architecture en élévation exceptionnelles, comme, par exemple, les mégalithes ou les oeuvres originales d´architectes contemporains. Par ailleurs, l´inventaire ne rend compte du patrimoine ethnologique ou du patrimoine naturel que dans la mesure où il donne des renseignements sur le bâti. L´inventaire a porté sur l'ensemble des édifices bâtis avant 1950. Les dossiers qui suivent sont classés du général ou thématique (dossier collectif), au particulier. Les édifices uniques ou au contraire représentatifs, à valeur patrimoniale intrinsèque et revêtant un intérêt à l'échelon communal, sont traités dans un dossier individuel. La restitution des données découle de la méthode d'analyse. A chaque élément sélectionné correspond un dossier. Cependant, pour appréhender les familles d'édifices représentés en grand nombre (fermes, maisons), il a été procédé à une sélection raisonnée d'unités à étudier, les caractères communs à chaque famille étant restitués dans le dossier collectif.
Parmi les 251 éléments bâtis recensés (toutes catégories confondues), 43 sont sélectionnés (17 %) et font l'objet de dossiers d'étude. 298 illustrations et 23 références documentaires (dont 11 documents d'archives) accompagnent les dossiers.
Historique
Vue lointaine du bourg et du mont Ligeon depuis l'ouest.
Le nom de la commune provient d'une colline située au sud, sur le territoire communal de Corbon (le Mont Ligeon). Ce toponyme fait référence à une possible occupation romaine (mons legionum) mais aucune trace de retranchements n'y a été découvert. A l'époque médiévale, le territoire de La Chapelle-Montligeon est sous l'emprise de l'abbaye du Valdieu Réno basée à Feings. Par conséquent, aucun lieu noble n'existe. Une ferme construite au Bourgis s'apparente à une métairie noble ou un manoir (logis du 16e siècle dissocié et colombier du début du 17e siècle). Mais elle est à mettre à l'actif d'un membre de la famille Catinat, bourgeois ne jouissant pas de droits seigneuriaux.
Ancien logis de la métairie du Bourgis.
D'autres édifices remontent à ces périodes anciennes : l'église paroissiale Saint-Pierre (15e ? - 16e - 17e siècles), le presbytère (1636), ainsi que plusieurs fermes des 16e et 17e siècles (l'Hôtel Beaudrais, Psot).
Eglise paroissiale Saint-Pierre.
A l'époque contemporaine, l'histoire de la commune est liée à celle de l'abbé Buguet, curé de la paroisse dès 1878. Ce dernier fonde en 1884 une association spirituelle, l'Oeuvre Expiatoire, pour la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire. A cette époque, le bourg de Montligeon est ramassé autour de l'église paroissiale. La population, de 770 habitants en 1878, décroit régulièrement (1 175 habitants en 1832). Cet exode rural est dû à la pauvreté des activités du territoire : outre le nombre important de journaliers, sept ateliers de tissage occupent une quarantaine de tisserands hommes ; le reste de la population masculine se répartissant entre bûcherons, scieurs de longs, charbonniers, sabotiers, menuisiers, charpentiers, charrons, maréchaux, maçons, cordonniers et quelques propriétaires terriens (agriculteurs). L'abbé Buguet œuvre alors au maintien d'une population active au sein de sa paroisse. Les débuts prometteurs de son association spirituelle l'amènent au début des années 1890 à créer une imprimerie pour sa promotion - imprimerie qui prend rapidement de l'ampleur et crée de nombreux emplois dans la commune. En dehors de la basilique Notre-Dame de Montligeon - l'édifice le plus impressionnant de par ses dimensions - l'abbé Buguet, par le biais de son Oeuvre Expiatoire, a transformé la morphologie du bourg avec la construction de nombreux édifices : le palais des chapelains, les maisons des interprètes et des traductrices et par la suite l'école Notre-Dame, les maisons et lotissements d'employés de l'imprimerie.
Vue du bourg depuis le plan d'eau au nord-ouest.
Imprimerie, bâtiment initial.
Description
Située dans la partie nord-ouest du Parc naturel régional du Perche, la commune de La Chapelle-Montligeon (canton de Mortagne-au-Perche, Communauté de communes du Bassin de Mortagne) couvre une superficie de 833 hectares et compte, au dernier recensement de 2010, 636 habitants. Le plateau sur lequel elle se situe, anciennement exploité en bocage, est occupé par des champs cultivés et quelques prairies. Il est bordé sur sa frange nord-est par la forêt de Réno-Valdieu. Le ruisseau de la Villette, un affluent de l'Huisne, sillonne la commune du nord au sud.
L'habitat est dispersé en une trentaine de lieux-dits (10 fermes isolées et moulins et une vingtaine de hameaux dont certains sont de dimensions importantes : le Courthenou, la Haute Fouillerie, la Picherie, Psot) et au bourg. De nombreuses fermes ont changé de destination et ont été converties en maisons. Plusieurs fermes (le Courthenou, l'Être Blossier, l'Hôtel Beaudrais), la métairie du Bourgis, les moulins de Beillard et d'Yon, la maison de maître de la Basse Fouillerie et le Bourg (église paroissiale Saint-Pierre, basilique Notre-Dame de Montligeon, l'imprimerie, le palais des chapelains, presbytère, écoles et de manière général de tous les bâtiments de l'Oeuvre Expiatoire) demeurent des sites patrimoniaux importants à l'échelle communale et supra-communale.