Initialement imaginé pour la ville de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) en juillet 1919, le projet abandonné demeure dans les cartons de Landowski pour être proposé un an plus tard en Seine-Inférieure.
Landowski écrit : "Je fais tout simplement un grand Poilu en marche, appuyé sur sa canne. Quatre bas-reliefs autour du socle. L'aspect en serait comme d'une immense stèle. Car de plus en plus je ferai ces monuments de la même pierre, de bas en haut". Le projet de Grand-Couronne est fondamentalement modifié par rapport au projet initial de Boulogne-Billancourt. La stèle est abandonnée au profit un grand piédestal quadrangulaire à deux registres sur lequel figure un bas relief. "L'anecdote" doit figurer seulement sur les bas-reliefs, selon Landowski, à la façon des tombeaux romains qui évoquent les épisodes marquants de la vie du défunt.
La réalisation de l’œuvre est extrêmement laborieuse, principalement en raison des difficultés rencontrées entre novembre et décembre 1920 par "le petit Lélio" (le praticien Lélio Landucci) qui peine à faire "venir l’œuvre". Landowski éprouve de grandes difficultés à rattraper l'ouvrage préparatoire et à mener de manière satisfaisante le projet à son terme. Le Poilu en marche de Grand-Couronne est le n° 133 dans l'Inventaire que dressa le sculpteur en août 1922 de ses propres œuvres (Journal de Paul Landowski). Les recherches esthétiques menées par le sculpteur autour de ce projet évoquent celles qu'ils mènera de manière presque identique, quelques années plus tard pour la grande figure de la France en marche, pour son grand projet des Fantômes de Chalmont (1935) : "il faut que ce soit une force irrésistible en marche" (Journal, 20 mai 1931).
Le monument est exécuté pour un coût global de 35 000 francs. Il est inauguré le 23 octobre 1921. Pour l'occasion, l’artiste Xavier Boutigny conçoit une "décoration légère de mâts, de treillages et de guirlandes" (Journal de Rouen). Le peintre et sculpteur local réalise la même année une fresque pour la chapelle dédiée à la Grande Guerre, en l'église de Grand-Couronne.
Un autre monument, une pyramide de pierre surmontée d'une croix est inauguré quelques jours auparavant, le 16 octobre 1921 dans le cimetière des Essarts, rappelant le souvenir de 12 soldats originaires de ce hameau, rattaché à Grand-Couronne en 1844.
Ingénieur d'études DRAC Haute-Normandie, puis ingénieur territorial Région Normandie. Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991.
Spécialités : vitrail, patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoine commémoratif.