La production de chaux était une activité très présente dans la vallée de l'Andelle au XIXe siècle en raison de la proximité de coteaux calcaires d'où est extraite la matière première (la craie) mais aussi du fait de la demande croissante en chaux utilisée pour la fabrication des mortiers et enduits dans le bâtiment, pour la stabilisation des routes ou encore l’amendement des sols agricoles.
On sait d’après le préfet de l’Eure, Louis Passy, que le nombre de fours à chaux établis sur le canton de Fleury-sur-Andelle dans les années 1860 représentait un volume de foyer de 74 m3. De même, le dictionnaire historique des communes du département de l’Eure, publié par Charpillon et Caresme en 1868, fait état de deux fours à chaux sur la seule commune de Romilly-sur-Andelle. Tous deux étaient implantés au pied du coteau des Deux-Amants et au bord de la voie ferrée à laquelle ils étaient reliés pour recevoir directement par train le charbon leur servant de combustible. L’un se trouvait dans l’axe de la rue du Moulin des Ponts, l’autre - représenté sur la carte postale - dans l’axe de l’avenue de la gare. Ce dernier, exploité par la société Carrières et chaux de Romilly puis par les établissements Henri Bidet, est arrêté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il employait deux ou trois ouvriers en plus du maître chaufournier.
Bien que tous les bâtiments de production aient totalement disparu, il subsiste aujourd’hui les grandes excavations correspondant aux carrières à ciel ouvert d’où était extraite la craie pour témoigner de cette activité.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.