Le moulin à blé des Deux Amants est bâti sous l'Ancien Régime et figure sur le terrier de Romilly de 1775. En 1819, la société des Fonderies de Romilly rachète le moulin à Mme Vve Roze qui en était propriétaire par bail emphytéotique. Le site n’étant pas immédiatement utilisé par les Fonderies, son activité initiale est conservée et son exploitation est confiée à M. Roze fils en qualité de locataire. Ce dernière est également l'exploitant puis le propriétaire du moulin à blé de Saint-Hélène établi à Pitres.
En 1825, le moulin des Deux Amants est finalement affecté à la transformation du métal et pour cela entièrement remanié. La nouvelle usine est composée de 3 grandes halles servant d’ateliers, construites côte à côte sur un canal dérivé de l’Andelle. L’atelier central est un laminoir double équipé de deux cylindres et d’une grosse cisaille destinés au laminage du cuivre, du zinc et du laiton pour la production d’ustensiles de cuisine et d’éléments de toiture. L’atelier installé sur la rive droite du canal est doté d’un four et d’une batterie de 5 marteaux permettant la fabrication de chaudrons de cuivre. Enfin, l’atelier édifié sur la rive gauche du canal est équipé de martinets pour travailler le cuivre jaune. Pour entraîner l’ensemble des machines, l’usine est équipée de trois grandes roues hydrauliques. En 1839, ces trois roues motrices sont remplacées par une roue hydraulique de type Poncelet de grande puissance permettant à elle seule d’assurer tous les travaux de laminage. L’installation de ce nouveau moteur entraîne le réaménagement de l’usine et des vannages afin de disposer d’une force hydraulique de 16,1 CV. A partir de 1849, le site est réaffecté à la fabrication des tubulures en cuivre pour les locomotives. L’usine des Deux Amants est alors rebaptisée l’usine des Tuyaux soudés. L’arrêt des fonderies en 1894 se solde par la vente des différentes unités de production qui constituaient le site de Romilly.
L’usine des Tuyaux soudés est rachetée par M. Damenez et exploitée par M. Leheurteur pour l’impression sur porcelaine. En 1923, elle est rachetée par MM. Caïn et Lalanne qui l’exploitent comme tréfilerie. L’usine est alors équipée d’une turbine hydraulique de type Fontaine d’une puissance de 100 000 kW/h. On ignore jusqu’à quelle date se poursuit cette activité. Au début des années 1990, les vestiges de l’usine sont rachetés par la société Vergez-Blanchard qui installe à son emplacement un bâtiment servant de bureau et d’atelier de conditionnement pour sa taillanderie.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.