Dossier d’œuvre architecture IA00061155 | Réalisé par
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de l’Orne
usine de quincaillerie, tréfilerie dite établissements Bohin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Orne - Argentan-Est
  • Hydrographies la Risle
  • Commune Saint-Sulpice-sur-Risle
  • Cadastre 1824 F 38  ; 1971 AD 99, 100, 246
  • Dénominations
    usine de quincaillerie, tréfilerie
  • Appellations
    établissements Bohin
  • Parties constituantes non étudiées
    canal, bassin de retenue, chaufferie, cheminée d'usine, atelier de fabrication, bureau, conciergerie, transformateur, hangar industriel, cour

Pas moins de cinq usines hydrauliques étaient en activité à Saint-Sulpice-sur-Rise au 19e siècle et jusqu'au milieu du 20e siècle. Sur le site de la Fonte, où se trouvait sans doute un haut fourneau au 16e siècle, le marquis de L’Aigle avait, dès 1780, fait construire une tréfilerie. Un semblable établissement est attesté en 1825 à environ 300 mètres en aval, au lieu-dit la Fosse. Un laminoir à cuivre, affecté en 1867 à la fabrique de pointes et d’épingles, avait été aménagé en 1820 par le baron de Saillard à l'emplacement d'un moulin à tan, dont un toponyme conserve la mémoire. En 1819, les frères Bouilland transformèrent le moulin à farine établi dans le bourg, non loin de l'église, en usine de boucles de sellerie ; on y produisait en 1850 plumes métalliques, aiguilles et broches à tricoter. Enfin, en 1840, César Hurel procéda à la conversion du moulin à grains de Bouviers en tréfilerie.

Benjamin François Bohin se porta acquéreur en 1866 de l’usine des frères Bouilland. Né à L’Aigle le 20 juin 1822, fils de Pierre Noël Bohin, ébéniste, et de Louise Prudence Lemot, dont l'un des frères, Benjamin Jacques Lemot, exerçait la profession de coutelier, il meurt le 30 janvier 1911. La légende assure que Benjamin Bohin avait créé à Saint-Sulpice, en 1833 (alors âgé de 11 ans), un atelier d’objets de bois, boîtes fantaisie, bibelots et jouets. En réalité, il travailla d'abord avec son père, qualifié, dans un brevet pris en 1846 « pour des boites ou étuis à deux compartiments propres à contenir des allumettes chimiques et autres objets analogues », de « fabricant de boîtes ». Il fit lui-même breveter en 1855 un « nouveau système de fabrication de boites métalliques pour allumettes, bougies, épingles, boutons etc. », perfectionné trois ans plus tard, ainsi qu'un « système de fermeture à double développement applicable aux lunettes et autres objets ».Etablissement Bohin, machine à empaqueter les aiguilles.- Photographie, vers 1952, tirée de : IVe région économique, Basse-Normandie, études et travaux, 1952-53, n°55.Etablissement Bohin, machine à empaqueter les aiguilles.- Photographie, vers 1952, tirée de : IVe région économique, Basse-Normandie, études et travaux, 1952-53, n°55.

Désireux de capter le marché des aiguilles à coudre, détenu par l’Angleterre et l’Allemagne, Benjamin Bohin y envoie son fils Paul Julien François (L'Aigle, 4 juin 1851 - Nice, 26 octobre 1920) étudier les techniques mises en œuvre dans les usines et faire l'acquisition de machines. Benjamin et Paul acquièrent bientôt l'ensemble des usines de Saint-Sulpice, diversifient leur production, prennent plusieurs brevets (en 1876 pour le polissage des broches à tricoter, en 1883 pour la fabrication d’épingles, agrafes, œillets, anneaux et autres articles analogues en couleur, en 1895 pour des épingles de sûreté et des boîtes protectrices à distribution...) et conçoivent leur propres machines, telle celle, en 1906, capable de réaliser la fabrication complète des aiguilles. En 1889, à l'Exposition universelle, une médaille d'or est décernée à l'entreprise Bohin pour la qualité de ses aiguilles.

Détruite par un incendie en 1877, l'usine de Saint-Sulpice est reconstruite en 1880. Consommant du laiton et du fer franc-comtois et champenois (le fer normand était trop cassant), elle employait vingt-trois ouvriers en 1868, 34 en 1873. Aux produits de mercerie, qui avaient fait la réputation de l'entreprise, s'ajoutaient au début du 20e siècle articles de quincaillerie (l'usine de la Fosse était affectée en 1927 à la production de serrures et cadenas), articles métalliques de papeterie, pièces pour le secteur médical et les industries textiles... En 1914, 600 salariés s'activaient dans les usines Bohin, la plus grande fabrique d’épingles en France. Le remarquable état de conservation de l'Atelier de fabrication (1) et déversoir, vue prise du sud ouest.Atelier de fabrication (1) et déversoir, vue prise du sud ouest.usine de Saint-Sulpice a justifié sa protection au titre des Monuments historiques en 1995.

LesMachine à trier les aiguilles par taille.Machine à trier les aiguilles par taille. Bohin restèrent à la tête de l'entreprise jusqu'en 1997, date du dépôt de bilan. Rachetée cette même année par Didier Vrac, celle-ci est scindée en deux sociétés : Bohin France (aiguilles, épingles, bracelets pelote, agrafes de confection, trombones et autres attaches pour la papeterie) et Bohin Industrie (secteurs du médical, de l'électronique, de la plasturgie, de la musique, du tatouage, et de l'aérospatial). A la tête de Bohin France, Didier Vrac conçoit, en collaboration avec les ouvriers, le projet d'un musée au sein de l'usine. La restauration des bâtiments du futur musée est confiée à l'architecte Jean-Marie Mandon (réhabilitation de l’ancienne manufacture d’armes de Châtellerault, de la chocolaterie Poulain à Blois, de la Seita à Châteauroux, construction d'un FRAC à Angoulême...), le projet muséographique au scénographe François Confino (musée Charlie Chaplin en Suisse, mémorial de l'esclavage à Pointe-à-Pitre, musée de l'automobile à Turin, Escale Atlantique à Saint-Nazaire, galeries du Natural History Museum of Los Angeles...). La « Manufacture Bohin » a ouvert ses portes en 2014.

Usine de boucles de sellerie installée en 1819 par les frères Bouilland à l'emplacement d'un moulin à farine ; réglementée par ordonnance royale du 30 janvier 1822, révisée le 16 novembre 1834 ; production de plumes métalliques, aiguilles et broches à tricoter attestée en 1850 ; usine agrandie en 1856 ; incendiée en 1877 ; reconstruite en 1880 par Benjamin Bohin ; agrandie en 1901. Ajout d'une deuxième roue hydraulique en 1834 ; 20 bobines et 20 machines à épingles en 1869. 23 ouvriers en 1867 ; 34 ouvriers en 1873. Existence d'un fonds d'archives.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Principale : 4e quart 19e siècle
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1819, daté par source, daté par travaux historiques
    • 1856, daté par source
    • 1880, daté par source
    • 1901, daté par source

Le site de l’entreprise Bohin s’étend sur 9.000 m² et regroupe 11 bâtiments représentatifs de l’architecture industrielle du 19e siècle. Les ateliers de fabrication présentent des élévations à travées et se dressent sur un ou plusieurs niveaux. Les ateliers sont en silex enduit et brique, en béton enduit ou en béton armé pour le plus récents. Les toits, à longs pans ou à croupe, sont couverts de tuile plate, de tuile mécanique, d’ardoise, de métal, de ciment amiante ou de matériau synthétique. Plusieurs machines de la fin du 19e siècle sont toujours en fonctionnement.

  • Murs
    • silex enduit
    • brique
    • béton enduit
    • béton béton armé
  • Toits
    tuile plate, tuile mécanique, ardoise, métal en couverture, ciment amiante en couverture, matériau synthétique en couverture
  • Étages
    3 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon pignon couvert
    • lanterneau
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
    • énergie thermique produite sur place
    • énergie électrique achetée
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    machine de production
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1995/10/02
  • Référence MH

Périodiques

  • L'Illustration Economique et Finançière, 1927, n°2.

    p.75
  • IVè Région économique Basse-Normandie. Chambres de commerce, 1952-53, n°55

Date(s) d'enquête : 1982; Date(s) de rédaction : 1986
(c) Région Normandie - Inventaire général
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

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