En Janvier 1961, la société anonyme Pierre Gardin et Cie, propriétaire depuis le début des années 1940 d’une usine de déroulage de bois d’un effectif de 45 personnes établie à Courbevoie (17 à 27 rue du Capitaine Guynemer), se voit expropriée suite au décret d’utilité publique du 9 septembre 1958 qui officialise l'aménagement du quartier d'affaires de la Défense. Contrainte de fermer son usine parisienne, l’entreprise prend la décision de délocaliser son activité dans la vallée de l’Andelle, sur la commune de Radepont. La proximité de Paris où elle a ses débouchés et les ressources en bois que lui offrent les grandes forêts de l’Eure, celles de Bord et de Lyons notamment, ont joué un rôle déterminant dans le choix de cette nouvelle implantation.

L’installation de l’usine est autorisée par arrêté préfectoral du 24 avril 1961 et va se dérouler en trois étapes. La première phase correspond à l'aménagement du site (nivellement, canalisation, voies d’accès…) permettant la mise en place des premiers ateliers et la formation du personnel de base (soit un effectif de 5 personnes). La seconde permet de lancer la production mais celle-ci se limite à la fabrication de placages bruts avec un effectif de 10 personnes (hommes et femmes par moitié). Enfin la troisième phase consiste dans le transfert de l’usine de Courbevoie, dans la construction de nouveaux ateliers pour recevoir tout le matériel de débit, façonnage, tronçonnage qui équipait l’usine de Courbevoie (l’usine de Radepont comme la précédente n’effectuant aucun travail de sciage, ni de menuiserie, ni de peinture) et dans le recrutement de l’effectif complet (soit environ 40 personnes pour moitié hommes et femmes, tous recrutés sur place à l'exception de deux employés spécialisés venus de Courbevoie).

Après transfert, l’usine de Radepont comprend sept bâtiments (un atelier de déroulage, un séchoir, une étuve à grumes, une chaufferie, un transformateur, un bâtiment servant de conciergerie et bureau, un garage) plus une aire de stockage et de fabrication équipée d’un pont roulant. Le matériel employé se compose de deux dérouleuses de 1,80 m et 1,30 m entre pointes, d’un système d’enroulage de sortie avec massicot, d’une affuteuse de lames de dérouleuses, de deux scies tronçonneuses à chaîne, d’un pont roulant d’une capacité de 7,5 T et de 12 m de portée, d’une écorceuse, de cinq grands massicots, de 10 petits massicots automatiques, de deux petites scies pour le débit des placages et bois minces, de deux encolleuses, d’une chaufferie avec chaudière basse pression utilisant les déchets de bois et enfin un séchoir à placages en tunnels ventilés et chauffés par aérothermes, soit au total une trentaine de machines. Enfin les stocks de l’usine se composent de 1 500 m3 de grumes, de 90 m3 de placages bois et de 100 m3 de panneaux contreplaqués, lattés, agglomérés, stratifiés. En 1969, l’atelier de déroulage est prolongé de 720 m².

L’usine de déroulage du bois du Marais a fermé au début des années 1990. Elle est rachetée en 1995 par la société Bana-Vandenbossche, spécialisée dans les travaux de maçonnerie générale et de gros œuvre de bâtiment, qui utilise les locaux disponibles comme entrepôts et bureau.