Évolution historique du site :
Profitant de la présence d'un gisement d'argile sur la commune de Bavent, Pierre Comptet-Nérat, céramiste mâconnais propriétaire depuis 1842 d'une fabrique située boulevard Leroy à Caen, y fonde en 1851 une tuilerie, dont il confie l'exploitation à son fils Charles. Ce dernier la complète, sept ans plus tard, par un atelier de poterie d'art destiné à la fabrication de céramiques décoratives (cabochons, pavements...). Une machine à vapeur est mise en place en 1881, un atelier de brique est construit en 1883. Soucieux de la représentativité de son établissement, il fait également édifier un logement patronal avec bureaux en 1864, des pavillons de présentation vers 1894. Au décès de Charles Comptet en 1899, l'établissement est exploité par la société en nom collectif "Comptet et Le Bâtard". Acquis en 1903 par Aimé Jacquier, responsable avec son frère Francis d'une fabrique de sculpture rue Desmoueux à Caen, il est repris par Charles Valin en 1920, exploité par Maurice Dupont en 1931, qui ne l'acquiert qu'en 1942. Vers 1930, l'entreprise met en œuvre la technique de la pâte molle et diversifie sa production : briques creuses, poteries de cheminées et drains en 1932, poteries agricoles en 1936, hourdis en 1937, tuiles mécaniques en 1938. La production moyenne passe de 1 265 866 tonnes en 1936, à 1 447 064 tonnes en 1937 puis 1 936 553 tonnes en 1942. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'usine (16 hectares, dont 30 000 m2 couverts) est sinistrée à 60%. Les travaux de reconstruction sont supervisés par l'architecte C. Simon Vermot. Le four est rallumé en août 1945. L'acquisition, en 1947, d'une partie des moules de la poterie caennaise Filmont (détruite) permet de compléter la collection fortement endommagée (3 240 moules en plâtre ont été détruits sur les 7 460 existant avant-guerre). En 1966, la Tuilerie normande du Mesnil de Bavent est vendue aux Demoge, qui la cèdent en 1987 au groupe Lambert. Celui-ci engage en 1998 la construction d'une nouvelle usine et fait détruire les ateliers de la tuilerie. La poterie, mise en liquidation en 1987, est reprise par Martine Kay-Mouat, qui se consacre à la seule production d'épis de faîtage et d'éléments de décor en céramique. Occupant huit employés, elle est dirigée depuis 1992 par sa fille, Dominique Kay-Mouat, qui se porte acquéreur des bâtiments en 2000. Au catalogue des moules anciens, ont été ajoutés des modèles contemporains signés notamment par l'artiste caennaise Yvonne Guégan. Détentrice d'un savoir-faire traditionnel, la poterie reçoit en 2007 le label "Entreprise du patrimoine vivant".
Machines industrielles et procédés de production :
L'argile, extraite à l'origine manuellement, était convoyée vers les ateliers de fabrication dans des wagonnets à bras puis dans des tombereaux tirés par des chevaux, jusqu'à l'installation de rails.
La préparation de la pâte est assurée par un malaxeur à manège jusqu'en 1970, date à laquelle un doseur concasseur est installé. Jusqu'aux années soixante, le façonnage est réalisé à l'aide d'une presse mécanique. En 1967, une ligne de fabrication de tuiles plates par estampage et mise sur claies automatiques est installée. La cuisson des tuiles est opérée, à partir de 1882, dans deux fours continus à galerie de type Hoffmann. Un four à feu continu système Simon (Roumazières, Charente) et deux fours spéciaux pour vernissage sont attestés en 1894. En 1937, un nouveau four continu est installé par Henri Jacquin, qui le reconstruit en 1945. Une nouvelle modernisation des techniques de séchage et de cuisson des tuiles, entreprise vers 1976, est marquée par l'abandon des fours continus au profit de deux fours tunnels longs de 60 mètres chacun.
Au sein de l'atelier de poterie, épis de faîtage et décors en céramique sont encore fabriqués. L'argile, préalablement affinée et préparée, est pétrie pour en chasser l'air et l'homogénéiser. Les différents éléments décoratifs sont ensuite façonnés par tournage ou par moulage. Dans le second cas, le démoulage est opéré après un premier séchage de quelques heures. Les pièces sont ensuite lissées avant d'être assemblées entre elles si nécessaire ou rapportées sur une pièce tournée, puis engobées. Après un second séchage d'une à deux semaines, elles subissent une cuisson dans un four électrique à une température de plus de 1 140°C durant 48 heures. Certaines reçoivent une couche d'émaux avant d'être cuites une seconde fois dans un four à émaux à 1 000°C environ.
Personnel et conditions sociales :
La tuilerie et l'atelier de poterie emploient environ 20 ouvriers en 1880, une cinquantaine vers 1900, 120 en 1946, 95 en 1972, 115 en 1987.