En 1818, Cyrille Lemarchand, marchand de chiffons à Rouen demande l’autorisation d’établir à Ménesqueville un moulin à papier alimenté par les eaux de la Lieure sur un terrain qui lui appartient. Le moulin est édifié en 1819 et implanté en aval de la confluence du Fouillebroc et de la Lieure, c’est à dire en aval du moulin à blé de la Nation alimenté par le Fouillebroc et en aval du moulin à blé de la Bretèque alimenté par la Lieure. Le moulin à papier Lemarchand est réglementé par l’ordonnance royale du 13 août 1823 qui fixe le niveau du repère de police des eaux à 25 cm en contrebas des rives les plus basses. Cyrille Lemarchand est autorisé par l’ordonnance royale du 17 septembre 1823 à créer un canal de dérivation sur la rivière flottable de Lieure pour entraîner la roue hydraulique par-dessous de son usine. Le moulin bénéficie d’une hauteur de chute de 1,35 m et d’une puissance maximale brute de 5 KW. Le repère de police des eaux est posé en 1826 conformément aux prescriptions l’ordonnance royale du 13 août 1823.
En 1862, l’ingénieur des Ponts et Chaussées fait le constat que le repère du moulin Marchand (on ignore s’il s’agit du même usinier dont le nom aurait été simplifié) a été relevé de 20 cm. Le site est à nouveau réglementé par les arrêtés préfectoraux du 13 juin 1862 et du 12 janvier 1864 modifiant l’ordonnance royale du 13 août 1823 : le premier implique des modifications sur le système hydraulique du moulin, notamment de ses ouvrages de décharge, le second modifie le niveau légal de la retenue. Les modifications exigées n’étant pas réalisées, un nouvel arrêté préfectoral en date du 10 avril 1868 enjoint M. Marchand à déraser le déversoir et le vannage de décharge de son moulin au niveau prescrit et de dévaser le lit de la rivière en amont de son usine.
En 1878, le moulin est reconverti à la mouture du blé et appartient au meunier Lucien Crespin. Celui-ci est enjoint par l’arrêté préfectoral du 31 janvier 1882 à ne pas maintenir les eaux de la rivière au-dessus du niveau légal fixé par le repère de son usine en référence à l’arrêté du 12 janvier 1864. Pour développer son activité, Lucien Crespin développe fonde en 1888 une minoterie moderne, dite minoterie de la Halle, à Charleval.
En 1919, Mme Veuve Crespin demande la remise en activité du moulin à blé de Ménesqueville interrompue par la guerre et en confie l'exploitation à Paul Senet qui en dévient propriétaire à la fin des années 1920. Le moulin va fonctionner pour la mouture du blé jusqu’à la Seconde Guerre mondiale utilisant une roue hydraulique par-dessous d’une puissance de 40 000 KW/h.
L’arrêté préfectoral du 11 février 1963 autorise la société des établissements Charles Querolle, dont le siège social est à Montreuil, à transformer le moulin à blé en usine de fabrication de vernis cellulosiques destinés au revêtement des bateaux. Cet établissement doit employer une quinzaine de personnes, dont 3 femmes. On ne sait si le projet est réalisé.
Aujourd’hui, le moulin est entièrement détruit, mais sa roue hydraulique a été conservée et restaurée pour servir d'objet décoratif.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.