Dossier d’œuvre architecture IA61001454 | Réalisé par
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
manoir puis demeure
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche
  • Commune Saint-Mard-de-Réno
  • Lieu-dit (la) Goyère
  • Cadastre 1830 G 240, 241  ; 2015 G 94, 183

Un fief est attesté à la Goyère, ou la Gohyère, dès le 16e siècle. Un manoir - dont il subsiste la structure (murs dont la base présente un fruit régulier), chaînages d'angle, pignon découvert à rampants sculptés, peut-être les trois échauguettes, charpente, douve et tour défensive restante) - y a été construit (ou reconstruit) pour la famille Guéroult de la Gohyère. L'édifice a été remanié une première fois au 18e siècle (agrandissement des ouvertures, création de travées d'ouvertures, percement d’œils de bœufs, réfection des planchers et aménagements intérieurs dont subsistent les menuiseries intérieures et la cheminée). Le domaine devient propriété de la famille Jacquet de Heurtaumont suite au mariage de Maximilien-Pierre Jacquet de Heurtaumont avec Claudine-Alexandrine Molroguier en 1872. Celui-ci fait restaurer la demeure vers 1890 (création des lucarnes, restauration des échauguettes, agrandissement d'ouvertures, réaménagement de l'entrée - sol et escalier - et de la salle à manger - sol, plancher à la française et cheminée frappée des armes de la famille Jacquet de Heurtaumont). En 1909, Gaëtan Jacquet de Heurtaumont mandate l'architecte alençonnais Albert Mézen pour qu'il dresse les plans de deux tours, l'une d'angle et l'autre d'escalier. Le projet est réalisé vraisemblablement la même année, conformément aux plans de l'architecte, à l'exception de la forme des ouvertures dans un style plus néo-gothique (demi-croisées au rez-de-chaussée, croisées pour les fenêtres et lucarnes de l'étage et du comble). Dans cet intervalle, les lucarnes de la demeure ont été remaniées dans le même style néo-gothique (à pignon découvert, fleuron et croisée), les anciens communs ont été détruits - dont il ne subsiste plus qu'une tour - et de nouveaux construits (logement du palefrenier, écuries et remise).

Située au nord-ouest du territoire communal, la demeure de la Goyère comprend deux bâtiments ainsi qu'une tour isolée.

Trois corps de bâtiment composent le bâtiment d'habitation, précédé de douves en eau au nord et à l'est :

- Le corps principal, qui coïncide avec le premier manoir connu, est l'édifice le plus ancien. Il s'élève sur trois niveaux d'habitation : un étage de soubassement à usage de cave et cellier, un rez-de-chaussée surélevé comprenant la salle à manger, le salon et un bureau, un étage carré divisé en chambre et surmonté d'un étage de comble. Un escalier tournant placé dans l'entrée dessert les niveaux supérieurs, l'étage de soubassement étant quant à lui accessible par l'escalier de service situé dans le corps de bâtiment secondaire. Orientée au sud, la façade principale est rythmée par quatre travées. Au rez-de-chaussée surélevé, la porte d'entrée est accessible par un escalier extérieur en fer à cheval, les deux volées entourant la porte en plein cintre de l'étage de soubassement. L'encadrement de la porte d'entrée possède un chambranle mouluré ; les encadrements des autres ouvertures ont simplement une feuillure ou un chanfrein, à l'exception des lucarnes à croisée. À l'intérieur, le salon et le bureau sont de style Renaissance (huisseries et cheminées du 18e siècle). L'entrée et la salle à manger sont de style néo-gothique (carreaux de ciment au sol et cheminée monumentale en pierre de taille de calcaire portant un décor sculpté en relief : deux têtes d'angelots sur les corbeaux, armoiries de Jacquet de Heurtaumont entourées de feuillage et d'un heaume et la partie supérieure du manteau entouré d'une corde et d'un personnage coiffé d'un chapeau de fou (symbolisant peut-être un "fou à lier"). Côté nord, une porte menait à une passerelle détruite dont il reste les corbeaux en pierre. Au niveau de la corniche se détachent des bretèches dont la fonction défensive n'est pas avérée. Les pignons découverts à rampants sculptés se terminent par des crossettes formant de petits piliers. À l'exception de l'angle nord-est, tous les angles sont ornés d'une échauguette sur mâchicoulis. Certainement plus ostentatoires que défensives, elles sont coiffées de toit conique. Les encadrements d'ouverture sont soit quadrangulaires, soit en œil-de-bœuf. Composée de quatre fermes, la charpente est à poinçon long, entrait et entrait retroussé, contreventée par deux rangs de pannes de chaque côté, faîtière et sous-faîtière reliées entre elles par de simples liens.

- Le corps secondaire s'élève sur deux niveaux : un étage de soubassement (cuisine) et un rez-de-chaussée surélevé (office) surmonté d'un étage de comble. Il est coiffé d'un toit à longs pans et à croupes.

- Le dernier corps comprend deux tours de plan circulaire : une tour d'angle accolée à une tourelle demi-hors-œuvre contenant l'escalier en vis en pierre de taille de calcaire. La tour d'angle s'élève sur trois niveaux : rez-de-chaussée (bibliothèque), un étage carré (bureau) et un comble à surcroît (chambre). De style néo-gothique, les encadrements d'ouvertures sont en demi-croisée (rez-de-chaussée) ou à meneau et traverse (étage carré et comble à surcroît).

De plan en "U", les communs sont en rez-de-chaussée. Les ailes latérales servent d'écuries et de logement au palefrenier ; l'aile centrale est à usage de remise.

Les murs sont en moellons de calcaire ou de grès couverts d'un enduit à pierre vue (pignon du corps principal du logis, communs) ou plein (façade nord du corps principal du logis) ou rejointoyés au ciment (façade principale du logis, tour d'angle et tour d'escalier). Les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les souches de cheminée, les corniches (en doucine, en quart de rond, à modillons) sont en pierre de taille de calcaire à l'exception des portes, fenêtres et chaînes d'angle des communs. Les toits sont à longs pans et à croupes ou coniques, couverts en ardoise (logis) ou en tuile plate.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire moellon
    • grès moellon
  • Toits
    ardoise, tuile plate
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier en fer-à-cheval en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Cet édifice, dont l'histoire est assez bien connu, reste assez singulier à l'échelle du territoire communal. En effet, l'importance de ce domaine seigneurial pour la paroisse comprenant fermes, moulins, étangs, allée, terres et bois ; la structure du logis ancien encore bien lisible malgré les remaniements des 18e, 19e et début 20e siècles ; les plans du projet réalisé de construction de tours conservé par les propriétaires et dressé par Albert Mézen, architecte alençonnais très actif au début du 20e siècle et la restauration de style néo-gothique très en vogue dans le secteur à cette époque (basilique Notre-Dame de Montligeon) en font un édifice de premier ordre.

Les échauguettes couronnant les angles du logis ancien ne sont pas sans rappeler celles du manoir de Courboyer à Nocé dont elles s'inspire largement.

Image non communicable
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Documents d'archives

  • AD Orne. 3 NUMLN 418. Listes nominatives de recensement de population de Saint-Mard-de-Réno (1801-1968).

  • AD Orne. 3 P 2-418/1 à 3 P 2-418/7. Plans cadastraux de 1830.

Bibliographie

  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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