Dossier collectif IA61001436 | Réalisé par
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
les maisons et les fermes de la commune de Villiers-sous-Mortagne
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Parc naturel régional du Perche
  • Adresse
    • Commune : Villiers-sous-Mortagne

Parmi les 78 repérages (58 fermes et 20 maisons), 11 ont été sélectionnés pour l’étude : six fermes et cinq maisons (le presbytère, trois demeures et une maison de maître). La présence de deux lignes de chemin de fer traversant la commune implique la construction de de huit bâtiments spécifiques (halte et maisons de gardes barrières) faisant l’objet d’un dossier collectif spécifique.

Repères historiques

Les maisons sont plus nombreuses en dans les hameaux que dans le bourg (seulement cinq maisons au bourg, sur les 20 recensées). Trois facteurs expliquent ce phénomène : la dimension restreinte du bourg, l’implantation de l'activité toilière, assez importante, en pleine campagne avant la Révolution impliquant la présence de maisons de tisserands et de marchands de toiles, et enfin la construction de plusieurs demeures pour de riches notables mortagnais au 19e siècle. Ces maisons ont été construites entre le 17e siècle et le second quart du 20e siècle. Cinq maisons sises à Monjoisin et au bourg (presbytère) conservent des éléments datant du 17e siècle tels que des portes en plein cintre, charpente à forte pente de toit et murs de plus de 80 cm d’épaisseur. Deux demeures (la Galardière et la Gâtine) datent du 18e siècle tandis qu’une douzaine de maisons (bourg, la Jarretière, la Goujarderie) datent du 19e siècle ou du début du 20e siècle. Une seule maison située dans le hameau du Verger date des années 1930.

Maison des années 1930 (style "régionaliste") au Verger.Maison des années 1930 (style "régionaliste") au Verger.

À deux exceptions près, toutes les fermes se situent à l’extérieur du bourg. Aucune construction ne semble antérieure au 17e siècle. Une douzaine de fermes semblent dater de cette période à la Brèche, Nonantel et la Simonière notamment. 17 fermes pourraient dater du 18e siècle (la Blanchardière, Nonant, le Verger). De nombreuses ont été transformées au 19e siècle (ajout de nouveaux bâtiments, modification des ouvertures). Plus de la moitié des fermes a été construite après la Révolution : 25 au 19e siècle et quatre au début du 20e siècle.

Plusieurs dates (chronogrammes ou mentions des matrices cadastrales) attestant de constructions ou de remaniements ont été relevées : 1648, 1823, 1837, 1839, 1848, 1850, 1856 (3 fois), 1862, 1866, 1867, 1881, 1925.

Au sein de ce territoire de plateau à vocation céréalière où subsistent quelques secteurs bocagers notamment sur la frange sud-est, existe un habitat dispersé sur l´ensemble du territoire communal, à l’exception de l’extrémité sud-est boisée. La commune compte une quarantaine de lieux-dits : 35 fermes isolées, maisons isolées (de garde-barrière) et moulin, cinq hameaux (Bouyère, la Fouée, Monjoisin, Nonant et le Verger) et le bourg.

Description

Structure et composition d´ensemble

Parmi les 58 fermes repérées, aucune possède un logis qui ne soit attenant aux dépendances agricoles. 24 fermes (soit plus de 40 %) sont de type « bloc à terre » simple : un bâtiment rectangulaire abritant sous un même toit le logis et les dépendances. C’est le cas notamment au bourg, à la Bergerie et à la Fortinière.

Ferme de type "bloc à terre" à la Bertaudière.Ferme de type "bloc à terre" à la Bertaudière.

Ferme à deux bâtiment en "L" à la Davière (repérée).Ferme à deux bâtiment en "L" à la Davière (repérée).

Les fermes adoptent un plan plus complexe comprenant plusieurs bâtiments.19 fermes adoptent un plan en « L », une disposition assez courante dans le secteur. La plupart du temps, le bâtiment principal (ou l’aile principale, dans le cas d’un bâtiment unique en « L ») abrite - sous un même toit ou dans des corps de bâtiments juxtaposés aux volumes différents - le logis, le cellier, l’écurie, l’étable, le toit à porcs. Perpendiculaire au premier, le second bâtiment (ou l’aile secondaire) sert de remise (ou grange). Cette répartition s’observe notamment à la Davière, la Fontaine et la Houdonnière.

Sept fermes possèdent deux bâtiments en vis-à-vis (qui se font face) : c’est le cas à la Galardière, à la Fortinière et à la Mare. Trois fermes disposent de trois bâtiments disposés en « U » (l’hôtel Monhaye, Nonantel et la Petite Jarretière) et quatre autres fermes, de quatre bâtiments (voire plus) répartis en « O » autour d’une cour ouverte.

Ferme de dimensions importantes (deux bâtiments en vis-à-vis) à la Mare.Ferme de dimensions importantes (deux bâtiments en vis-à-vis) à la Mare.

Les logis des fermes sont majoritairement en rez-de-chaussée (31) qui peut être surmonté d’un comble à surcroît (pour 17 d’entre eux). 10 logis disposent d’un étage carré (notamment au bourg, à la Jarretière et à la mare). Leurs façades sont parfois rythmées par des travées d’ouvertures (voire ordonnancées à trois ou cinq travées).

Concernant les maisons, dix sont en rez-de-chaussée surmonté d’un étage carré (soit la moitié). Les dix autres s’élèvent sur un simple niveau habitable (rez-de-chaussée pour sept d’entre elles, rez-de-chaussée surmonté d’un comble à surcroît pour trois d’entre elles). Ces dernières limitées à une ou deux pièces (salle et chambre) étaient bien souvent occupées par des journaliers. Les artisans travaillant le lin (tisserands) habitaient également ces maisons en rez-de-chaussée (Monjoisin, Nonant). Situées au bourg mais également à la Jarretière ainsi qu’à la Galardière, à la Gâtine et à la Haie Roger, sept maisons à étage présentent une façade principale ordonnancée. Doublement orientées, ces demeures adoptent parfois un plan double en profondeur.

Les commanditaires

Les fermes les plus anciennes (datant des 17e et 18e siècles) étaient inféodées à divers seigneurs établis à Villiers, à la Galardière (famille Périers), à la Gâtine et à Nonantel (famille Chouet). Au 19e siècle, plusieurs notables occupant de hautes fonctions à Mortagne-au-Perche se firent construire de belles demeures : Hippolyte Poupard, agent-voyer chef, à la Haie Roger ; M. Bail, notaire à Mortagne, à Moulisseuvre ; Bernard Rathier, ancien maître des postes à Mortagne, à la Gâtine et Ferdinand Bouvier, banquier à Mortagne, à la Gâtine. Ces mêmes notables firent construire (ou reconstruire) les fermes de leur domaine. La classe paysanne commandita également de nombreuses fermes et maisons, souvent modestes. Des familles de tisserands et de marchands de toiles ont sans doute fait construire des maisons dans certains hameaux (Monjoisin, Nonant), que les archives renseignent peu.

Matériaux et mises en œuvre

Mise en oeuvre du moellon de calcaire, mairie-école du bourg.Mise en oeuvre du moellon de calcaire, mairie-école du bourg.

Le calcaire extrait localement est largement employé dans les constructions. Il est mis en œuvre dans les maçonneries sous forme de moellons – les murs appareillés en pierre de taille sont très rares (Monjoisin). Les encadrements des baies, les chaînages d´angle, les corniches et les jambes harpées sont en pierre de taille calcaire. La plupart du temps le calcaire est associé à deux autres matériaux : le silex et un grès ferrugineux, dit « roussard » sous forme de moellons. Le roussard a été également utilisé dans les constructions antérieures à la Révolution (17e et 18e siècles) sous forme de pierre de taille, à la fois en soubassement de construction, ainsi qu’en partie basse des chaînages d’angle et des encadrements de portes. Le silex a été surtout utilisé depuis le milieu du 19e siècle, tout comme la brique, dont l´utilisation se cantonne aux encadrements des baies. Les murs sont couverts d´un enduit plein ou à pierre vue (résultant de la dégradation d’un enduit plein qui, abîmé, laisse apparaître quelques moellons).

Mise en oeuvre du moellon de calcaire, encadrements d'ouvertures et chaînage d'angle en pierre de taille calcaire, grange de la Simonière.Mise en oeuvre du moellon de calcaire, encadrements d'ouvertures et chaînage d'angle en pierre de taille calcaire, grange de la Simonière.

Couvertures

Les toits des maisons et des fermes sont en général à longs pans et à croupe (plus rarement, notamment au bourg). Témoins d’une architecture ancienne, deux bâtiments du 17 e siècle conservent leurs pignons découverts à rampants sculptés (manoir de Nonantel et ferme de la Simonière). Victimes de remaniements tardifs, la plupart des pignons sont actuellement couverts. Les couvertures sont majoritairement en tuile plate. Certains bâtiments agricoles sont couverts en tuile mécanique (la ferme de Moulisseuvre, la Petite Jarretière et la Simonière). L´ardoise apparaît à partir de 1850 dans le bourg et sur quelques demeures, fermes et maisons rurales (la Davière, la Fouée, la Haie Roger, la Gâtine, la Gougardière, la Jarretière, la Petite Jarretière).

Conclusion

L´architecture rurale de Villiers-sous-Mortagne a connu de nombreux remaniements au cours des siècles suite à l´évolution des manières de vivre. La coexistence de fermes de dimensions variables - petites fermettes et maisons dans les hameaux et grandes fermes isolées notamment à la Mare - reflète une activité agricole modeste par secteur, souvent pratiquée en complément d’une autre activité liée au tissage et au négoce du lin, parfois foisonnante en d’autres endroits. Néanmoins, l’agriculture s'est développée et a connu son apogée entre le milieu du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle comme l'atteste la vague importante de reconstructions, de remaniements et d´accroissements des dépendances agricoles. La Galardière, la Gâtine, la Geveuse, la Haie Roger, la Jarretière, Monjoisin, Nonantel, la Rondelière, la Simonière et le Bourg conservent des réalisations marquantes de l´architecture rurale de la commune.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 1ère moitié 20e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 78
    • étudiées 11

Bibliographie

  • FISCHER, Roger. Les maisons paysannes du Perche. Paris : Eyrolles, Maisons paysannes de France, 1994, 125p.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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