Dossier collectif IA61001161 | Réalisé par
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
les maisons et les fermes de la commune de La Chapelle-Montligeon
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Parc naturel régional du Perche
  • Adresse
    • Commune : La Chapelle-Montligeon

Parmi les 185 repérages (106 fermes et 79 maisons), 16 sont sélectionnés pour l'étude : trois fermes et 13 maisons (une maison de maître et deux alignements de six maisons chacun). Pour les besoins de l'étude et leur côté « exceptionnel » dans ce territoire rural, les maisons d'employés de l'imprimerie de Montligeon sont traités à part, dans un dossier collectif spécifique.

Repères historiques

Situées pour l'essentiel au bourg (pour 62 d'entre elles), les maisons sont construites entre le 17e siècle et le milieu du 20e siècle. Trois maisons conservent des vestiges du 17e siècle (cadrans solaires, mise en œuvre et ouvertures). Mais en majorité, elles sont reconstruites dans la seconde moitié du 19e siècle ou au début du 20e siècle. Parmi les 62 maisons repérées au bourg, 12 possèdent une boutique au rez-de-chaussée et 16 sont construites pour le personnel de l'Oeuvre Expiatoire (traductrice, interprètes).

Alignement de maisons au bourg (repéré).Alignement de maisons au bourg (repéré).

Au moins 16 maisons sont recensées en dehors du bourg. En effet, il est parfois difficile de différencier la maison de la petite ferme tant les divergences sont minimes. Ces dernières sont souvent construites au sein de hameau en lisière de la forêt de Réno-Valdieu où l'activité agricole, modeste, n'est qu'un complément de l'activité principale liée à l'exploitation de la forêt (bûcheronnage, charpenterie, charbonnage, scieur de long, sabotier) ou au tissage du lin et du chanvre. Si les plus anciennes d'entre elles remontent au 17e ou au 18e siècle, elles datent essentiellement de la seconde moitié du 19e siècle.

A l'exception de sept d'entre elles, les fermes se situent à l'extérieur du bourg. Aucune construction ne semble antérieure au 16e siècle. Trois fermes semblent dater de cette période à l'Hôtel Beaudrais et à Psot et au Bourgis. Cinq remontent au 17e siècle (la Haye, le Pissot, Psot et la Ronderie). Au 18e siècle, plus de la moitié des fermes repérées (55 fermes) sont construites (ou reconstruites). Nombreuses sont transformées au 19e siècle (ajout de nouveaux bâtiments, modification des ouvertures). 43 fermes ont été construites (ou reconstruites) dans la seconde moitié du 19e siècle.

Plusieurs dates (chronogrammes ou mentions des matrices cadastrales) attestant de constructions ou de remaniements ont été relevées : 1604, 1783, 1791, 1807, 1830, 1867, 1890, 1891, 1894.

Au sein de ce territoire de plateau céréalier (anciennement bocager), l´habitat se trouve dispersé sur l´ensemble du territoire communal, à l'exception de la frange nord-est occupée par la forêt du Réno-Valdieu. La commune compte une trentaine de lieux-dits : 10 fermes isolées et moulins et une vingtaine de hameaux dont certains (le Courthenou, la Haute Fouillerie, la Picherie, Psot) sont de dimensions importantes.

Alignement de deux fermes au Courthenou (sélectionné).Alignement de deux fermes au Courthenou (sélectionné).

Description

Structure et composition d´ensemble

Parmi les 106 fermes repérées, aucune possède un logis qui ne soit attenant aux dépendances agricoles. Plus de la moitié (62 au total) sont de type « bloc à terre » simple : un bâtiment rectangulaire abritant sous un même toit le logis et les dépendances. C'est le cas notamment à la Haye et à l'Hôtel Beaudrais. Mais la majorité des fermes adopte un plan plus complexe comprenant plusieurs bâtiments.

24 fermes adoptent un plan en « L », une disposition assez courante dans le secteur. La plupart du temps, le bâtiment principal (ou l'aile principale, dans le cas d'un bâtiment unique en « L ») abrite - sous un même toit ou dans des corps de bâtiments juxtaposés aux volumes différents - le logis, le cellier, l'écurie, l'étable, le toit à porcs. Perpendiculaire au premier, le second bâtiment (ou l'aile secondaire) sert de remise (ou grange). Un pigeonnier (deux ou quatre trous de boulin, une ou deux planches d'envol) occupe parfois le comble. Cette répartition s'observe notamment à Beillard, la Fontaine ou aux Maisons Neuves.

Huit fermes possèdent deux bâtiments en vis-à-vis (qui se font face) : c'est le cas à l'Être Blossier, à la Meslerie et à Psot. Trois fermes disposent de deux bâtiments alignés, quatre sont en « U » (la Billardière, les Perriers) et cinq autres fermes, de plusieurs bâtiments répartis autour d'une cour ouverte.

Ferme aux Perriers (repérée).Ferme aux Perriers (repérée).

Les logis des fermes sont majoritairement en rez-de-chaussée (63) parfois surélevé (18). Il peut être surmonté d'un comble à surcroît (pour 15 d'entre eux). 11 logis disposent d'un étage carré (notamment à Beillard ou à Psot).

Concernant les maisons, 43 sont en rez-de-chaussée surmonté d'un étage carré (soit 54% des maisons), 36 s'élèvent simplement sur un niveau habitable (rez-de-chaussée surélevé pour 16 d'entre elles, rez-de-chaussée surmonté d'un comble à surcroît pour quatre d'entre elles). Ces derniers, disposant d'une ou de deux pièces (salle et chambre), représentent bien souvent l'habitat minimum correspondant parfois aux journaliers. Les artisans travaillant le bois (sabotier, charpentier) ou le lin (tisserands) habitent souvent des maisons en rez-de-chaussée surélevé que l'on retrouve adaptées à la pente en lisière de forêt : l'étage de soubassement sert d'atelier tandis que le rez-de-chaussée surélevé, accessible par un escalier extérieur (la Meslerie, la Picherie), sert de logement.

Maison d'artisan à la Meslerie (repérée).Maison d'artisan à la Meslerie (repérée).

Essentiellement situées au bourg, 23 maisons à étage présentent une façade principale rythmée par des travées (8 par deux travées, 12 par trois travées, 2 par cinq travées et une seule par six travées).

Matériaux et mises en œuvre

Le calcaire extrait localement est largement employé dans les constructions. Il est mis en oeuvre dans les maçonneries sous forme de moellons. Les encadrements des baies, les chaînages d´angle, les corniches et les jambes harpées sont le plus souvent en pierre de taille calcaire. Plus minoritaire, trois autres matériaux apparaissent dans les mises en oeuvre des bâtiments en lisière de la forêt de Réno-Valdieu notamment au Courthenou, à l'Être Blossier, la Meslerie, la Picherie : le grès, dit "roussard", le silex ainsi qu'un poudingue, dit "grison". Ce dernier se retrouve également sous forme de pierre de taille dans les encadrements d'ouvertures (la Fontaine, le Courthenou). La brique, dont l´utilisation se cantonne aux encadrements des baies n´apparaît que tardivement (à partir de 1850) et concerne assez peu de constructions rurales (la Boissellerie, l'Hôtel Beaudrais, les Mairins Berdris, Psot). Par contre, la brique est largement employée dans les constructions de la fin du 19e siècle du bourg, en particulier celles du sanctuaire de Montligeon.

Les murs sont très souvent couverts d´un enduit plein ou à pierre vue.

Couvertures

Les toits des maisons et des fermes sont en général à longs pans et à croupe (plus rarement : au Bourg, au Calvaire, l'Hôtel Chauvin, le Pavillon, les Perriers). Témoins d'une architecture ancienne, un seul pignon découvert (à rampants sculptés) subsistent sur le logis de la métairie du Bourgis. Victimes de remaniements tardifs, la plupart des pignons sont couverts. Les couvertures sont majoritairement en tuile plate. Certains bâtiments agricoles sont couverts en tuile mécanique (la Billardière, la Haute Fouillerie). L´ardoise apparaît à partir de 1850 en milieu urbain et sur quelques fermes et maisons rurales (les Perriers).

Conclusion

L´architecture rurale de La Chapelle-Montligeon a connu de nombreux remaniements au cours des siècles suite à l´évolution des manières de vivre. La prédominance de fermes de dimensions assez restreintes et la présence de maison et de petites fermes en milieu rural reflète une activité agricole modeste dans ce secteur, souvent en complément d'une autre activité liée à l'exploitation de la forêt et au tissage du lin et du chanvre. Néanmoins, l'agriculture se développe et connaît son apogée entre le milieu du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle comme le montre la vague importante de reconstructions, de remaniements et d´accroissements des dépendances agricoles.

La Basse-Fouillerie, Beillard, le Courthenou, l'Hôtel Beaudrais, la Meslerie, la Picherie et le Bourg conservent des réalisations marquantes de l´architecture rurale de la commune.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 185
    • étudiées 16

Documents d'archives

  • AD Orne. 3 P 2-097/1 à 3 P 2-097/5. Plans cadastraux de 1830.

    Archives départementales de l'Orne, Alençon

Bibliographie

  • FISCHER, Roger. Les maisons paysannes du Perche. Paris : Eyrolles, Maisons paysannes de France, 1994.

Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2013
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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