Dossier d’œuvre architecture IA27004249 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
indiennerie Goutan
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies la Lieure (affluent de l'Andelle)
  • Commune Lyons-la-Forêt
  • Adresse 3 rue de la Rigole
  • Cadastre 1959 AD 12, 13  ; 2018 AD 323, 324
  • Dénominations
    usine d'impression sur étoffes
  • Précision dénomination
    indiennerie
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication

En 1792, le couvent des Cordeliers est vendu comme bien national pour la somme de 14 500 livres à M. Collemard, charpentier à Puchay, qui le rétrocède le 9 mars 1793 à Louis Nicolas Goutan. Employé jusqu'alors dans la fabrique d’indiennes de Noël Fleury établie à Eauplet-Rouen, Goutan profite de cette opportunité immobilière pour fonder sa propre entreprise et transforme l'ancien couvent (l'église et le bâtiment conventuel notamment) en ateliers de gravure, de couleurs et d'impression composant une partie de sa manufacture d'indiennes. Avec leurs espaces généreux et bien éclairés, les bâtiments conventuels représentent une aubaine pour les patrons du textile en quête de lieux peu couteux pour développer leur activité. Les exemples de réutilisations de couvent ou abbaye en filature ou en fabrique d'indiennes, des industries qui exigent à la fois beaucoup de place et de lumière, sont les plus fréquents.

L'indiennerie créée par Louis Goutan à Lyons-la-Forêt est une entreprise importante à caractère familial. Il en s'entoure en effet de plusieurs de ces neveux déjà implantés dans la vallée de l'Andelle qu'il débauche d'industries locales, forme et place aux postes les plus stratégiques : dessinateur-imagier, coloriste, graveur sur cuivre et imprimeur. Le travail en famille est courant chez les indienneurs qui s'assurent ainsi le respect du secret professionnel. L'installation de cette manufacture d'indiennes à Lyons-la-Forêt s’explique par ces raisons familiales mais aussi par la présence de la rivière Lieure qui coule au nord de la parcelle (l'eau étant indispensable dans le processus de fabrication des toiles peintes, comme matière première pour les opérations de lavage et de trempage... et comme source d'énergie pour le battage des toiles puis pour l'impression au cylindre à partir des années 1840), par la proximité de la forêt de Lyons qui fournit le bois de chauffage nécessaire à certaines opérations et par la proximité de Rouen où Louis Goutan tient une maison de commerce, pour l’approvisionnement en toile de coton blanche et pour l'écoulement des toiles imprimées. Dans son indiennerie, Louis Goutan n’emploie comme matière première non indigène que l’indigo et quelques bois de teinture.

En 1803, la manufacture Goutan occupe 220 ouvriers, compte 10 tables d’impression et produit 10 000 pièces de coton imprimé par an. En 1806, elle ne compte plus que 60 ouvriers, 6 tables d’impression et produit 3 000 pièces de coton dans l’année. Alors que le couvent et notamment l’église servent d’atelier de fabrication, Louis Goutan obtient, par acte du 27 juillet 1808, la cession pour 29 ans d’un terrain mitoyen non planté dit « côte des indiennes » qu'il utilise pour l’étendage des toiles sur pré mais qu'il dote également d'une sécherie. En 1812, la manufacture Goutan occupe 290 ouvriers qui demeurent, pour la plupart, dans le village de Lyons-la-Forêt et les communes avoisinantes. La valeur de la production est alors évaluée à 830 000 F par an. Comme toutes les indienneries locales, la manufacture Goutan ne travaille pas toute l'année : elle est contrainte de s'arrêter pendant près de 4 mois, lorsqu’il n'est plus possible de "mettre les toiles sur le pré" pour les sécher.

En 1819, Louis Nicolas Goutant s’associe à son fils Louis Adnete, âgé de 26 ans. La même année l'entreprise s'illustre à l’Exposition des produits de l’industrie française qui se tient au Louvre, en présentant ses toiles imprimées au côté des plus grands indienneurs du moment : Dollfus et Oberkampf. La manufacture Goutan excelle notamment dans la production de toiles de Jouy qui sont des toiles imprimées au rouleau de cuivre, présentant des dessins en camaïeu garancé rouge ou violet, ramages, avec des scènes orientales et de chasse, des personnages historiques ou légendaires... Cette production est essentiellement destinée à la tapisserie des intérieurs bourgeois : paravents, lits, sièges…

Désireux de développer son entreprise, en augmentant ses surfaces d'ateliers, Louis Goutan fait construire en 1828 une briqueterie au hameau de Saint-Paul, à proximité de sa fabrique.

Après son décès en 1833, ses héritiers reprennent l’indiennerie paternelle jusqu’en 1848 puis confient le site à M. Trochu qui y installe une verrerie dont la durée de vie sera extrêmement brève. En effet, l'activité verrière est arrêtée en 1852 après un violent incendie qui détruisit totalement l’église. Après cet échec, les descendants de Nicolas Louis Goutan transforment en habitation le bâtiment conventuel épargné par les flammes et en restent propriétaires jusqu'en 1920.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1793, daté par travaux historiques
    • 1808, daté par travaux historiques
    • 1828, daté par travaux historiques
    • 1852, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Goutan Louis Nicolas
      Goutan Louis Nicolas

      Coloriste dans la manufacture d’indiennes de Noël Fleury établie à Rouen quartier d’Eauplet dans les années 1780.

      Fonde l’indiennerie de Lyons-la-Forêt en 1793.

      Maire de Lyons-la-Forêt de 1804 à 1807 et de 1813 à 1816.

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      propriétaire, commanditaire, habitant célèbre attribution par source

Ne subsistent aujourd'hui qu'une partie de l'aile sud du cloître en rez-de-chaussée construit en brique et pierre et formant un L ainsi qu'un grand bâtiment conventuel de plan rectangulaire construit en brique et pierre sur un sous-sol, un étage de soubassement (pour rattraper la déclivité du terrain), deux niveaux et un étage de comble. Ce corps de bâtiment domine au nord la vallée de la Lieure et les jardins qui sont en contrebas.

  • Murs
    • brique
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    sous-sol, étage de soubassement, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, menacé
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Référence MH

Documents d'archives

  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1240. Statistiques industrielles et commerciales.

    Statistiques industrielles, 1806.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1240. Statistiques industrielles et commerciales.

    Etat des manufactures de toiles peintes, 1806.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1240. Statistiques industrielles et commerciales.

    Statistiques industrielles, 1812.

Bibliographie

  • PASSY, Louis. Rapport sur le progrès de l'Agriculture et de l'Industrie dans l'arrondissement des Andelys. 1862.

    p.65-66
  • Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Commission régionale de Haute-Normandie. Canton Lyons-la-Forêt, Inventaire topographique. Imprimerie nationale, 1976.

    p. 188, 201, 213, 214, 242, 243
  • WETZEL, Lise. Les imagiers sur étoffes à Lyons-la-Forêt – La manufacture d’indiennes Goutan. 1991, 76 p.

  • CHASSAGNE, Serge. Le coton et ses patrons. France, 1760-1840. Paris : EHESS, 1992.

    p. 171
  • DORE, Mylène. Quand les toiles racontent des histoires – les toiles d’ameublement normandes au XIXe siècle. Rouen : Ed. des Falaises, 2007, 247 p.

    p. 56-61, p. 107, p.151, p.168, p.172
  • CATHERINE, Éric. Balade au fil de l'eau. À la rencontre des moulins. Filatures et fonderies de la vallée de l'Andelle. Éditions Mémoires et Cultures, 2009. 143 p.

    p. 73-77
  • BELHOSTE, Jean-François. La vallée de l’Andelle : histoire et archéologie industrielles (1780-1870). In Tisser l’histoire. L’industrie et ses patrons. Mélanges offerts à Serge Chassagne. Valenciennes : Presses universitaires de Valenciennes, 2009. 406 p.

    p. 44

Périodiques

  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

    p. 35, 40

Annexes

  • Détail des sources.
Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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