Dossier d’œuvre architecture IA00016804 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
filature de coton Levavasseur
Œuvre monographiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies canal de dérivation l'Andelle
  • Commune Pont-Saint-Pierre
  • Lieu-dit Fontaine Guérard
  • Adresse 1836 A 1 à 10
  • Cadastre 2018 A 44, 93, 94, 143, 144  ; 2018 A 44, 93, 94, 143, 144
  • Dénominations
    filature
  • Précision dénomination
    filature de coton
  • Appellations
    filature Levavasseur
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    logement d'ouvriers, logement patronal, bief de dérivation, vanne, salle des machines, entrepôt industriel, atelier de réparation, forge, canal, centrale hydroélectrique, passerelle

Le domaine industriel de Fontaine Guérard

Le domaine de Fontaine-Guérard sur lequel sont édifiés les différents bâtiments qui constituent la filature Levavasseur fait l'objet d'une exploitation industrielle ancienne.

L'usine Guéroult, première filature mécanique de la vallée

L'activité textile y démarre en 1792, date à laquelle l'abbaye de Fontaine-Guérard, déclarée bien national, est vendue par lots aux enchères. François Guéroult (1745-1804), architecte et entrepreneur rouennais (maître d’œuvre en 1784 de la filature La Mécanique de Louviers), acquiert le 12 mars 1792 pour la somme de 53 000 livres le lot comprenant le moulin à blé de l’abbaye et des prairies avoisinantes. La même année, après un voyage "d'espionnage industriel" en Angleterre dans le Lancashire, il lance la construction, à l'emplacement du moulin abbatial et d'après les plans qu'il a lui-même dessinés, d'une importante filature mécanique. Cette usine de 4 000 broches (aujourd'hui disparue) entrainée conjointement par une roue hydraulique et une machine à vapeur, constitue le premier exemple de filature de coton mécanique édifiée dans la vallée de l'Andelle.

Une affiche, publiée en 1923 par Edmond Perrée dans sa brochure intitulée Les origines de la filature mécanique de coton en Normandie donne une description précise de la filature Guéroult. L'usine consiste en un vaste édifice à étages, bâti en pierre et couvert en ardoise, comprenant 5 niveaux d'atelier. Au rez-de-chaussée se trouvent un atelier de continus à filer, un atelier de réparation et une menuiserie. Le premier étage comprend un second atelier de continus à filer, un magasin de classement des cotons et un dépôt de pièces de rechange. Le deuxième étage est occupé par l’atelier des cardes, l'atelier des éplucheuses et celui des batteuses de coton. Le troisième étage regroupe les boudineries, les laminoirs et dévidoirs. Enfin, l'étage de comble abrite un atelier de filage (équipé de 3 métiers à filer en doux) et sert essentiellement de magasin de rebut.

Soucieux de mettre en œuvre les dernières innovations techniques en matière de filage, François Guéroult équipe sa filature des machines les plus modernes (cardes, mule Jennys et continus à filer) importées d'Angleterre et engage en décembre 1792, pour une durée de 16 ans et moyennant un traitement annuel de 5 000 livres plus 1/8 du bénéfice net de l’entreprise, un ingénieur anglais, John Flint pour diriger l'usine. Il lui confie également la conception des machines qu'il n'a pu rapporter : cardineries, boudineries, laminoirs... Mais la collaboration ne dure que peu de temps car John Flint demande sa démission en février 1794, invoquant le conflit qui oppose alors la France et l’Angleterre et de fait son impossibilité par devoir national d’assurer les missions qui lui sont demandées. François Guéroult et son fils Adolphe se retrouve alors dans l'obligation d'assurer eux-même la direction de l'usine.

Après des débuts difficiles en raison du contexte politique et de la rareté du coton, l'activité textile explose sous l'Empire grâce à la politique protectionniste, au développement de la mécanisation et à l'engouement de la population pour les tissus en coton. En 1808, la filature Guéroult totalise 5 056 broches (réparties en continus à filer et mule-Jennys) et emploie 200 ouvriers. Pour diversifier la production, Adolphe Guéroult resté seul à la tête de l'entreprise depuis le décès de son père en 1804, fait construire en 1810 à côté de la filature de coton déjà en place, une filature de chanvre ainsi qu'une filature et un tissage de laine. En 1812, les usines Guéroult présentent le bilan suivant : la filature de coton, alimentée en coton importé du Levant et de Macédoine, emploie 289 ouvriers et compte 3 934 broches (dont 800 inactives à cette date). La filature de laine, alimentée en laine Mérinos importée d’Espagne, emploie 130 ouvriers payés 1,25 f/j et compte 52 métiers de 3000broches. La totalité de sa production est destinée aux fabricants drapiers d’Elbeuf et de Louviers. Enfin, le tissage de draps emploie 20 ouvriers payés 2 f/j et compte 7 métiers battant et diverses machines établies sur le cours d’eau pour réaliser les apprêts. Cette dernière usine est exploitée pour le compte de Jean-Baptiste Decrétot, fabricant de draps à Louviers. Tous les ouvriers employés par Adolphe Guéroult viennent des communes voisines, logent dans les bâtiments de la fabrique la semaine et ne retournent chez eux que le dimanche.

En 1815, le domaine de Fontaine-Guérard où se concentrent pas moins de cinq usines textiles et où travaillent quotidiennement près de 500 ouvriers est le territoire (non urbanisé) le plus industrialisé de la vallée de l'Andelle.

L'avènement des Levavasseur

Au lendemain de la Restauration, la concurrence étrangère fait sombrer l’entreprise Guéroult et en 1820, toutes les usines sont vendues sur licitation judiciaire.

Le baron Édouard Jacques Levavasseur (1777-1842), négociant-armateur havrais, fondateur de la filature de coton du Houlme (76) en 1811, anobli en 1815, se porte acquéreur du domaine industriel de Fontaine-Guérard qui s'étend sur 18 ha pour reprendre l'exploitation des usines fondées par François et Adolphe Guéroult. L'année suivante, il rachète au marquis Dubosc de Radepont par contrat passé de 17 avril 1821 devant Maître Petit, notaire à Rouen, le moulin du Pont établi sur la commune voisine de Radepont.

Grace à l'impulsion et aux investissements de Jacques Levavasseur, le domaine de Fontaine-Guérard retrouve sa vigueur industrielle. Sur le cadastre napoléonien, établi en 1836, on y dénombre cinq usines toutes mues par la seule force hydraulique de l'Andelle : trois filatures (une de laine et deux de coton), un moulin à foulon et un moulin à blé. Le baron Jacques Levavasseur meurt en mars 1842 et son fils cadet Charles hérite du domaine de Fontaine-Guérard.

Charles Levavasseur reprend aussitôt l'exploitation des usines en place et rachète, le 1er avril 1843, l’ensemble du domaine de la famille Dubosc de Radepont, à savoir le château bâti en 1788 dont il fait sa demeure et les terres attenantes. Avec cette nouvelle acquisition, il devient l'unique propriétaire des rives de l'Andelle, de Radepont à Pont-Saint-Pierre, c'est à dire sur une distance de 5 km.

En 1845, à la suite d'incendies successifs, car rappelons-le le feu est alors le principal fléau dans l'industrie textile, toutes les usines du domaine de Fontaine-Guérard ont disparu. Pour les remplacer, Charles Levavasseur fait le projet en 1851 de créer un nouvel établissement exigeant le percement d'un immense canal d'alimentation et la création d'un grand barrage sur la rivière capable de produire une chute d'eau puissante. Le projet est autorisé par l'arrêté préfectoral du 1er octobre 1855, malgré l'opposition des industriels d’aval et d’amont qui craignent que leur usines hydrauliques ne soient inondées pour les uns, asséchées pour les autres.

La filature-cathédrale de Charles Levavasseur, un chef-d’œuvre unique en France

Au lieu de l'usine programmée, c’est un établissement de plus grande grande envergure encore que décide finalement d’édifier Charles Levavasseur. Outre les divers annexes, le site comprend deux usines : une immense filature-cathédrale et une plus petite de même style architectural prévue à l’origine pour être une tissage mais finalement dédiée au filage. Les travaux plusieurs fois repoussés, démarrent véritablement en 1858. La construction de la filature-cathédrale est achevée en mars 1861, et les travaux pour l’édification de la seconde usine (devant servir de tissage) maintes fois ajournés sont finalisés en 1868.

Tout le travail relevant de la maîtrise d’œuvre, la conception de l'usine, le dessin des plans, l'organisation des travaux, la quantité et la provenance des matériaux de construction (exception faite la pierre calcaire issue des ruines de l'abbaye voisine), le nombre d'ouvriers qu'a nécessité le chantier et leur spécialisation, la circulation et l'activité fourmillantes suscitées par un chantier aussi important dans un endroit aussi isolé... ne nous sont pas connus. Les documents conservés dans les archives publics étant muets sur ces sujets, nombre de questions restent sans réponses.

Le coût global de l'opération est également difficile à établir précisément. Mais on sait par un rapport de 1850 commandé au sous-préfet des Andelys par le Ministère de l’Intérieur que le montant des travaux de construction se monte à 3,5 MF, sans compter les frais d'équipement. L'année suivante, Charles Levavasseur évoquant les investissements nécessaires pour équiper son établissement, déclare : "le coût d’une broche est de l’ordre de 45 F, cela revient à un investissement de 4,05 MF pour les seuls bancs à broches, non compris l’achat des autres machines (éplucheuses, batteuses, cardes…) et des moteurs et le cout de construction des bâtiments". Ainsi les investissements réalisés par Charles Levavasseur pour mettre en œuvre son projet (construction des bâtiments et achats des machines) atteignent plus de 8 MF (non compris les frais de fonctionnement). C'est donc une somme colossale pour l’époque, que Charles Levavasseur investit dans ce projet industriel sans commune mesure.

Un projet d'une telle ambition, bien sûr, interpelle et fait couler beaucoup d'encre. Dans la presse, les commentaires à l'issue des travaux sont unanimes et les superlatifs abondent. La grande filature, point d'orgue du projet, fait l'admiration de tous et est décrite comme un « monument de l’industrie », une « usine colossale ». En 1862, le député de l’Eure Louis Passy, dans son rapport sur Le progrès de l'Agriculture et de l'Industrie dans l'arrondissement des Andelys rend un hommage vibrant aux travaux entrepris par l'industriel dans la vallée de l'Andelle et présente sa grande filature comme « un monument tel que l’Europe n’en connaît aucun de semblable ».

L’usine est en effet monumentale par ses dimensions. Elle se déploie sur 96 mètres de longueur, 26 mètres de largeur et s’élève sur 36 mètres de hauteur. De telles proportions répondent à la volonté, clairement exprimée par Charles Levavasseur, de concentrer dans un même lieu l'ensemble de la production des usines textiles qu’il possédait antérieurement sur le site de Fontaine-Guérard. L’usine-cathédrale est alors une des plus grandes filatures de France. A l’intérieur du bâtiment, les cinq niveaux d’ateliers bénéficient d’une hauteur sous plafond de 5 à 6 mètres, de manière à offrir les conditions optimales de travail, de lumière et de salubrité.

L’usine est également exceptionnelle par sa puissance de production et sa modernité technologique. Avec un équipement de 90 000 broches, sa capacité de production est de 4 T de fil de coton par jour soit 4,5 fois supérieure à celle d’une filature de taille moyenne (dotée de 20 000 broches). Les fils produits dans l'établissement (de trame n°28 à 40) sont destinés à la fabrication de calicot, un tissus écru épais et résistant essentiellement destiné au marché normand.

L'usine est dotée d'un équipement puissant et performant. Charles Levavasseur y installe en effet des métiers à filer automatiques (dits self-acting) construits sur le modèle anglais mais d'origine française. Il en va de même, pour les batteuses, les éplucheuses et autres cardes pour lesquelles Charles Levavasseur fait le choix de machines fonctionnant de façon automatique dans le but limiter le recours à la main d’œuvre. En effet le problème majeur pour les industriels de l'époque est celui de la main-d’œuvre à la fois insuffisante en nombre et trop couteuse en termes de salaire (par rapport à la main d’œuvre anglaise). Levavasseur privilégie ainsi les dépenses en investissement (machines perfectionnées et automatiques) pour réduire celle de fonctionnement (c'est à dire de la main d’œuvre). Néanmoins, pour fonctionner à plein régime, la filature Levavasseur requiert la présence de 600 ouvriers, hommes, femmes et enfants.

Pour entraîner l'ensemble des machines, l’énergie thermique et l’énergie hydraulique sont toutes deux sollicitées, comme l'y autorise l'arrêté préfectoral du 2 juin 1862 réglementant l'usine. La filature compte ainsi deux machines à vapeur de 160 CV chacune provenant des ateliers Powel de Rouen et une turbine hydraulique de 200 CV, de type Fourneyron, achetée au constructeur Fontaine et Brault de Chartres. C'est alors l’une des plus grosses turbines fabriquées par l’entreprise et il a fallu, pour son installation, réaménager le canal d'alimentation qui avait été créé antérieurement de façon à augmenter le volume d'eau et la hauteur de chute. Il mesure après travaux 10 à 15 mètres de large et s’étend sur 500 mètres de part et d’autre des vannes de décharge.

Mais l’usine Levavasseur est unique en son genre par sa qualité architecturale. Plus qu’une usine triomphaliste aux allures de château comme il s’en construit alors en Angleterre et dans le Nord de la France, c’est une véritable cathédrale dédiée à la gloire de l’industrie que Charles Levavasseur fait bâtir à Pont-Saint-Pierre. En effet, la forme et l’esthétique de l’usine s’inspirent directement de l’architecture religieuse néo-gothique. Du jamais vu ! Ses élévations en brique et pierre sont épaulées par des contreforts et sont percées de grandes baies ogivales mesurant 19 mètres de hauteur et décorées de vitraux losangés. Ses murs-pignons sont décorés d’immenses rosaces également munies de vitraux. Chaque baie est soulignée par un encadrement en pierre calcaire. Des balustres en pierre de taille, ornés de décors quadrilobés, couronnent les murs de l’édifice. Enfin, quatre tours d'angle monumentales de forme octogonale encadrent l’édifice. Trois d'entre elles abritent les escaliers qui desservent les espaces de travail installés aux différents étages. La quatrième tour, quant à elle, dissimule astucieusement la cheminée de l'usine. Ainsi, rien dans l’apparence de l’édifice n’indique sa fonction industrielle. Ferveur religieuse, intérêt pour l’architecture sacrée, lubie d’un mégalomane, volonté d’afficher de la façon la plus ostentatoire sa réussite économique et politique… on ignore les motivations de ce grand patron à investir dans un tel chef-d’œuvre ! De même, nous est inconnu le nom de l’architecte qui en a dessiné les façades, à moins que ce ne soit Charles Levavasseur lui-même… le cas de patron s’exerçant à la maîtrise d’œuvre n’est pas rare.

Par ailleurs, la filature bénéficie d’un environnement naturel d’une beauté remarquable qui sublime son architecture. Bâtie sur une ile formée par le canal d'alimentation aménagé par l’homme, et le cours naturel de l’Andelle, elle jaillit comme par magie au milieu d’un écrin d’eau et de verdure.

Une usine illicite et nuisible

Dès sa mise en route, en 1861, la filature-cathédrale de Charles Levavasseur constitue une véritable nuisance pour les industriels voisins car les énormes volumes d'eau qu'elle requiert pour entraîner sa puissante turbine entravent le fonctionnement de leurs propres usines. La colère et le sentiment d’injustice qui les animent sont d’autant plus forts que la légitimité et le bon droit dont se prévaut Charles Levavasseur sont remis en cause. Ils reprochent en effet au grand industriel d'avoir illégalement fait construire son établissement, ou plus exactement d’avoir prolongé le canal d’alimentation existant de plusieurs mètres et surtout d'y avoir établi un immense barrage formant une chute de 3,60 m de hauteur sans obtenir préalablement l'accord de l'administration des Ponts et Chaussées et de la Préfecture. Pour parer ces accusations et justifier ses travaux, Charles Levavasseur s’appuie assez malhonnêtement sur un arrêté préfectoral antérieur, promulgué le 6 aout 1852, qui validait en fait un tout autre projet de moindre envergure.

Ainsi, dans les archives relatifs à l'exploitation des rivières (sous-série 7S – AD27), les documents contentieux concernant Charles Levavasseur abondent. Ils montrent un homme d’affaires peu respectueux de la loi et de ses voisins, ignorant ses obligations et jouant de l’influence de sa fortune et de sa notabilité pour imposer son droit. Les plaintes et pétitions à son encontre émanent des usiniers d'amont et d'aval et concernent les droits d’eau dévolus à la grande filature. Ils incriminent tout particulièrement la construction du barrage et son fonctionnement par « retenue et flouée » qui provoque des crues et des baisses quotidiennes de la rivière particulièrement nuisible à la bonne marche de leurs usines, dont les moteurs hydrauliques se retrouvent systématiquement noyés puis asséchés. Ce débit irrégulier de la rivière contraint les industriels incommodés à saisir l’administration préfectorale. Ainsi dans une pétition en date du 30 mars 1862, MM. d’Houdemare, Dutuit, Pélissier et autres industriels de la vallée, dénoncent le fonctionnement de la grande filature de M. Levavasseur qui en leur transmettant irrégulièrement les eaux de la rivière, occasionne des chômages à leurs établissements et un trouble à leur fabrication ; ils demandent en conséquence que M. Levavasseur soit invité à placer un repère règlementant la hauteur des eaux et à installer des vannes de compensation pour maintenir le cours de la rivière en un état le plus régulier possible. La plainte adressée le 28 janvier 1863 au préfet de l'Eure par le baron d'Houdemare (propriétaire de deux filatures et de deux moulins à foulon à Pont-Saint-Pierre et à Douville-sur-Andelle) est également éloquente sur les agissements de M. Levavasseur. Ainsi écrit-il : « On lui défend à la vérité de faire des retenues et des flouées, mais comme aucune mesure n’est indiquée pour empêcher ces manœuvres, M. Levavasseur continuera à les pratiquer et à jeter les perturbations dans la marches des usines depuis Fontaine-Guérard jusqu’aux fonderies de Romilly. Les moulins à foulon principalement souffrent de ces manœuvres qui occasionnent des tares et des avanies dans les draps… Je trouve que les ingénieurs montrent une grande partialité pour M. Levavasseur. Quelque puissant qu’il soit par sa fortune, quelque magnifique que soit sa nouvelle usine, les usines inférieures réunies ne valent pas moins, elles ont le droit à ce que leurs intérêts soient sauvegardés et ne lui soient pas sacrifiés. Il leur restera toujours le recours aux tribunaux mais M. Levavasseur étant très redoutés dans la vallée de l’Andelle, on hésitera avant de s’engager dans des procès dispendieux et interminables avec un des hommes les plus tracassiers de France… ».

La question d’accès à l'eau est donc d’une extrême importance pour les usiniers du XIXe siècle et les décisions prises par l’administration conditionnent l’avenir économique des usines de la basse vallée de l’Andelle. Après deux ans d’activité, l'administration, mise devant le fait accompli, promulgue le 27 octobre 1862 l'arrêté préfectoral de règlement d'eau qui autorise « M. Levavasseur à maintenir en activité une filature de coton dite la grande filature de Fontaine-Guérard et abrogeant l'arrêté préfectoral du 6 aout 1852 ». Cet arrêté restera en vigueur jusqu'au 28 février 2014, date de l’arrêté qui l'a remplacé.

Une usine frappée de malédiction

Dès sa mise en activité, la filature Levavasseur joue de mauvaise fortune.

Elle se heurte tout d'abord à une crise cotonnière sans précédent provoquée à la fois par la concurrence des cotonnades anglaises (de 20 à 40 % moins chères que celles produites en France) qui inondent le marché français suite au traité de libre-échange signé en 1860 entre l’Angleterre et la France et par l’arrêt brutal des importations de coton américain du fait de la guerre de Sécession (1861-1865) qui oppose les états du Sud producteurs de coton, aux états du Nord favorables à l’abolition de l’esclavage.

La pénurie de matière première qui s’en suit entrave profondément l'activité de la filature-cathédrale qui est contrainte de fonctionner à sous régime, une grande partie des machines restant à l’arrêt. Sur les 90 000 broches installées, 25 000 seulement peuvent être alimentées, utilisant du coton de moindre qualité provenant du Levant et d’Égypte. L’usine conçue pour employer 600 ouvriers ne peut en occuper guère que 155 à son démarrage. Dans ce contexte de production réduite de 3/4, le tissage initialement prévu par Charles Levavasseur pour compléter sa filature ne sera jamais mis en route.

A la crise d’approvisionnement du coton s’ajoute à la même époque une crise de la main d’œuvre (insuffisante en nombre et trop couteuse). Alors que la construction de son usine n’est pas encore achevée, Charles Levavasseur déclare en 1860 dans une enquête initiée par le Conseil supérieur de l’agriculture, du commerce et de l’industrie : « Ce qui me préoccupe au plus haut degré, alors que je suis à la veille de mettre en activité 80 000 broches [90 000 dans les faits] (…) c'est de savoir comment j'aurai des ouvriers, si j'en aurai, et à quel prix j'en aurai, en supposant que je puisse en trouver. Voilà, pour moi, la vraie question, la question fondamentale. » et il poursuit ainsi « J'ajoute que l'emploi d'un petit nombre d'ouvriers est tout à fait contraire à mes intérêts, et que je voudrais pouvoir en occuper un nombre plus considérable; mais les ouvriers font défaut partout ». Il en est de même pour la main d’œuvre féminine et enfantine très prisée dans l’industrie textile pour sa dextérité et son faible coût : « La rareté des enfants est portée à ce point en Normandie, que, ayant eu besoin de mettre derrière les cardes cinq ou six enfants, ceux-ci m'ont fait défaut, et j'ai été souvent obligé d'y mettre des hommes. Cela m'est arrivé encore il y a quelques jours : j'ai trouvé des hommes plus facilement que des enfants ». Rappelons à cette occasion, l’opposition du grand industriel sur la limitation du temps de travail des enfants… « que par humanité on ne devait pas séparer de leurs parents ».

La pénurie de main-d’œuvre ayant pour conséquence une hausse substantielle des salaires, Charles Levavasseur déplore dans la même enquête « Je payais jadis les ouvrières de 1,25 F à 1,75 F à la journée ; il en est beaucoup aujourd'hui qui gagnent 3 F à la tâche. Je ne paye rien à la journée, je paye tout à la tâche, pour stimuler le zèle des bons ouvriers… » et s’inquiète « Je le répète, la question dominante, suivant moi, dans les circonstances actuelles, est celle de savoir où s'arrêtera le prix de la main-d'œuvre et si elle continuera à renchérir comme elle le fait depuis quelques années ».

La fin du blocus de l’Union après la guerre de Sécession met un terme à la pénurie de matière première mais ne règle en rien le manque de main d’œuvre de sorte que le plein effectif ne sera jamais atteint dans la grande filature. Dans une pétition adressée au préfet de l’Eure le 9 juillet 1866, Charles Levavasseur évoque ainsi la situation : « La reprise des travaux dans cette industrie a eu pour effet de rendre les ouvriers tellement rares que je n’ai pu parvenir à mettre en activité la moitié d’un grand établissement que j’ai fait construire à Pont-Saint-Pierre… ». Une enquête administrative réalisée en 1868 montre que le nombre d’ouvriers employé dans la filature-cathédrale n’a pas dépassé l’effectif de 155 personnes, comme au début de la décennie, malgré la reprise des importations de coton américain.

Lorsque le contexte économique se rétablit enfin, la filature-cathédrale est victime d’un accident dévastateur. Le matin du dimanche 23 aout 1874, un violent incendie se déclare dans les combles de l’usine. Le feu est vraisemblablement provoqué par l’effet de loupe produit par les vitraux des rosaces sur les balles de coton stockées à cet endroit. En quelques heures, tous les planchers en bois s’effondrent, les machines installées dans les différents niveaux d’atelier sont détruites et l’usine est en ruines (c'est ainsi qu'on la voit encore aujourd'hui). Par chance, le dimanche étant jour de repos pour les ouvriers (le seul de la semaine), aucune perte humaine n’est à déplorer.

Tous les habitants de la vallée sont sous le choc et la presse locale venue couvrir l'évènement relate ainsi l'accident : « Jamais spectacle plus terrifiant ne s’était vu. Les flammes sortaient par toutes les fenêtres et s’élevaient à une hauteur incalculable… les habitants de Pitres [à 9 km de distance] voyaient tomber devant leur porte des parcelles de coton en feu » Courrier de l’Eure du 24 aout 1874 & Journal de Rouen du 25 aout 1874.

En vérité, la destruction de l'usine résulte autant de la malchance que de la négligence dans le parti constructif du bâtiment. Prodigue sur la qualité formelle de son usine, Charles Levavasseur a délaissé paradoxalement l’aspect technique du bâtiment, portant son choix sur un système constructif archaïque, en planchers et ossature poteaux-poutres en bois (en 1868, l’usine fait déjà l’objet d’un arrêt technique pour renforcer les planchers de bois), alors que l’emploi de la fonte comme matériau de construction "fireproof" pour l’ossature des usines textiles est connu et utilisé de longue date, depuis la fin du XVIIIe siècle en Grande Bretagne et depuis 1848 en France où ce système constructif est inauguré lors de l'édification de la filature La Foudre de Petit-Quevilly. Une inconséquence impardonnable, dans un contexte où le feu est le premier fléau des usines textiles !

Heureusement pour Charles Levavasseur, les compagnies d'assurance (la Nationale, le Phoenix, l'Urbaine, la France, l'Union, la Providence, le Soleil) couvriront une partie des dommages. Mais le remboursement s’élève seulement à 1 528 500 F alors que les pertes sont évaluées à environ 4 MF.

La filature-cathédrale de Charles Levavasseur n’aura fonctionné qu’à peine 13 ans, avant de partir en fumée engloutissant avec elle une bonne part de la fortune et des ambitions du grand industriel !

La poursuite de l'activité cotonnière après l'incendie de la filature-cathédrale

A la suite de cette catastrophe, la production est transférée dans le bâtiment annexe indemne, initialement dédié au tissage mais demeuré inactif et dès lors affecté exclusivement au filage. Ce bâtiment, dénommé dès lors la petite filature, n’est pas de si modestes dimensions : comme la grande filature, elle mesure initialement 96 m de longueur (mais sera tronquée d’un tiers) mais ne compte que 20 m de largeur et 24 m de hauteur.

En 1894, suite au décès de Charles Levavasseur, son fils Charles-Arthur prend la direction de l'entreprise. La petite filature est à son tour la proie du feu, en 1913. Partiellement détruite, elle est rapidement remise en activité et occupe 160 ouvriers. En 1923, Jacques Levavasseur succède à son père et fait construire, pour alimenter en énergie sa filature, une centrale hydro-électrique et un bâtiment dédié aux moteurs Diesel, tous deux en béton armé. L’énergie thermique et l’emploi de machines à vapeur jugées trop dangereuses sont définitivement abandonnés.

A la fin des années 1930, Bernard Levavasseur devient directeur de l'entreprise. Il assure cette fonction jusqu'en novembre 1946 date à laquelle la petite filature est à son tour entièrement détruite par un incendie. Ce dernier sinistre entraîne la fermeture définitive du site qui comprend alors outre les ruines de la grande filature-cathédrale et de la petite filature attenante, un bâtiment de stockage (dit bâtiment de l’horloge), un atelier de réparation-forge, une réserve, un bâtiment dédié aux moteurs diesel (dit bâtiment des machines) et une centrale hydroélectrique, la maison du directeur et quelques petites maisons ouvrières en bande.

Dans les années 1960, les héritiers Levavasseur décident de revendre le site par lots. Le logement du directeur et les maisons ouvrières trouvent rapidement acquéreurs. La centrale hydroélectrique, équipée d’une turbine tourbillon à hélice d’une puissance de 1 200 000 kW/h est exploitée par la Régie d’électricité d’Elbeuf. Le reste du site reste à l’abandon.

Opérations de sauvegarde et projets de mise en valeur des vestiges de l'usine

En 1995, conscient de la valeur patrimoniale que représente cet exceptionnel témoignage de l’architecture industrielle du XIXe siècle et de l’urgence à remédier à sa dégradation, l’Établissement Public de la Basse Seine (actuellement Établissement Public Foncier de Normandie) se porte acquéreur du site, au titre de la politique régionale des friches, pour la somme de 300 000 F.

Une intervention rapide est engagée sur les deux années suivantes et comprend notamment des travaux de consolidation et de défrichement sur les vestiges de la grande filature ainsi que la réfection du clos et couvert du bâtiment dit des moteurs Diesel. La maîtrise d’œuvre est confiée à l’architecte rouennais Jean-Marc Fabri. L’entreprise Lanfry, spécialisée dans la restauration des Monuments Historiques, assure les travaux. Le coût total des opérations s’élève à 3,8 MF et est financé conjointement par l’État, la Région, l’Établissement Public de la Basse Seine et le Fonds européen de développement régional (FEDER). Dans le même temps, la Régie municipale d’Électricité d’Elbeuf rachète la centrale hydroélectrique pour en poursuivre l’exploitation.

L’Établissement Public de la Basse Seine n’ayant pas vocation à conserver la filature dans son patrimoine, le rachat du site est proposé à une collectivité. En 1999, le Département de l’Eure se porte acquéreur de l’usine-cathédrale et de ses annexes. Le coût de cession est calculé sur celui de l’acquisition et des frais s’y rapportant, actualisé à raison de 2% par an, soit 320 000 F (les dépenses liées aux travaux de réhabilitation n’étant pas répercutées dans le prix).

Face à l’intérêt croissant du public pour le patrimoine industriel et au potentiel touristique de ce site unique en France, nombre de projets de mise en valeur des ruines des deux filatures néogothiques sont aujourd'hui envisagés : aménagement paysager, mise en lumière, visites guidées, espace d’exposition, lieu d’événements artistiques…

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1861, daté par source
    • 1874, daté par source
    • 1923, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Guéroult François
      Guéroult François

      Architecte rouennais, François Guéroult réalise en 1776 le premier théâtre des arts de Rouen (détruit par un incendie peu après son inauguration) qui était situé à l'emplacement des actuelles rues Grand-Pont et Charrettes.

      En 1785, il fait construire à Louviers une tante filature de lature de laine (dite La Mécanique) pour la famille Defontenay.

      En 1792, il est le maître d’œuvre de la première filature de coton hydraulique de la vallée de l'Andelle qu'il bâtit pour lui même à Fontaine-Guérard (Pont-Saint-Pierre).

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    • Personnalité :
      Levavasseur Edouard Jacques
      Levavasseur Edouard Jacques

      Filateur au Houlme (76) et à Pont-Saint-Pierre (27), armateur et négociant, assureur de navires.

      Père de Charles Levavasseur

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    • Personnalité :
      Levavasseur Charles
      Levavasseur Charles

      Fils du baron Jacques Levavasseur, négociant armateur et filateur rouennais, anobli en 1815.

      Marié en 1834.

      A la mort de son père en 1841, il hérite d’une fortune considérable et de la filature de Radepont (son frère ainé James du titre de baron et des filatures de Rouen et du Cailly)

      L’industriel : 2er filateur normand sous le 2nd Empire

      Radepont : Filature acquise par son père le baron JL en 1822. A la mort de son père en 1842 en devient propriétaire.

      Pont-Saint-Pierre : Filature (1860-1874) – 72 000 broches

      L’homme politique :

      -Député de Dieppe en 1842, de Rouen de 1846 à 1857

      -Conseiller général de l’Eure

      Profondément libéral : grande modération vis-à-vis du traité franco-britannique de 1860.

      Le 12 janvier 1859, le baron Jacques Levavasseur est décoré de la croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Sur sa demande manuscrite il se dit « …armateur et industriel à Rouen…membre de la chambre de commerce, ancien juge au tribunal de commerce, administrateur de la Banque, Consul de Hambourg, membre du Conseil municipal de Rouen et du Conseil général de la Seine-Inférieure… »

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La filature du baron Levavasseur au lieu-dit de Fontaine-Guérard est bâtie sur une ile formée par le cours naturel de l’Andelle et par un canal maçonné aménagé vers 1855 pour capter et diriger de façon optimisée l'eau de la rivière vers les moteurs hydrauliques des usines précédentes. Outre cet important canal surélevé, en pierre et brique, de 10 à 15 mètres de largeur et de 500 m de longueur, les aménagements hydrauliques nécessaires à la production de l'énergie, tels que le déversoir, le bras de décharge, les vannes d'alimentation, la chute de 3,6 m de hauteur, le bras de fuite sont encore en place.

L'usine proprement dite se compose de plusieurs bâtiments. Outre les vestiges de la grande filature-cathédrale et de la petite filature attenante, qui furent les principaux ateliers de fabrication, elle possède encore dans sa partie amont deux bâtiments dédiés à la production d'énergie (à l'exclusion de la salle des machines à vapeur disparue de longue date) : le bâtiment des moteurs diesel et la centrale hydroélectrique. Cette dernière est équipée d'une turbine tourbillon et est encore utilisée comme station de production d’électricité. Dans la partie aval du site se trouvent trois bâtiments annexes, de taille modeste et d'architecture commune, servant de bureau, d'atelier (de fabrication et de réparation), de forge, d’entrepôt... dont les fonctions ont pu varier au cours de l'exploitation de l'usine. Enfin, le site est complété par la présence quelques logements bâtis à proximité : quatre maisons ouvrières jumelées implantées à l'entrée de l'usine, une dizaine de logements ouvriers en bande distants de 200 m et la demeure du directeur édifiée en bord de rivière à 500 m l'amont des bâtiments industriels.

Les deux filatures s'apparentent par leur mise en forme, leur volume et leur style néo-gothique à des bâtiments ecclésiastiques tels qu'une cathédrale pour la plus importante et une église pour la plus modeste. Ce registre architectural religieux est rarissime dans le monde industriel même le plus triomphaliste. Il ne subsiste de ces deux filatures que les vestiges de leurs façades en maçonnerie de brique rouge épaulées par des contreforts. La pierre de taille calcaire également présente est utilisée exclusivement comme matériau de décor pour l'encadrement des baies (ogives, oculi et rosace) et autres ornements et modénatures (corniches, moulures, balustres...).

La grande filature-cathédrale consiste un bâtiment monobloc à étages, mesurant 114 m de longueur (soit des façades de 19 travées longitudinales), 26 mètres de largeur (soit des murs-pignons de 5 travées transversales) et 36 mètres de hauteur sous toiture quand celle-ci était encore en place. La façade nord sert de soutènement au canal de décharge qui passe à ses pieds. L'usine disposait de 4 niveaux d'atelier ayant 5 à 6 mètres de hauteur sous plafond et d'un étage de comble de près de 10 m sous faitage servant de lieu de stockage. Tous les planchers en bois étaient portés par une ossature en bois également dont les poteaux de 20 cm de section reposaient sur des dès de pierre de 40 cm de côté. L'élévation nord porte la trace de l'emplacement des importants sommiers de 40 à 60 cm de section, en chêne vraisemblablement, destinés à recevoir les planchers. La jonction de chaque sommier se faisait au niveau des poteaux par un assemblage classique en trait de jupiter, repris par des contrefiches assemblées sur les poteaux venant soulager la rupture des sommiers. Le sol était constitué d'un appareillage de brique rouge au rez-de-chaussée, et de carreaux de terre cuite aux étages. Chaque niveau d'atelier consistait en un vaste espace de 90 m de longueur sur 25 m de largeur, entièrement libre, mais encombré des séries de poteaux supportant le plancher. L'éclairage des ateliers était assuré en rez-de-chaussée par des séries de 4 à 5 lancettes de 3,30 m de hauteur et pour les parties supérieures par 44 baies ogivales de 4 m de largeur et 12,5 mètres de hauteur (19 pour les façades sud et nord, 3 pour les murs pignons). L'étage de comble était quant à lui éclairé par deux immenses rosaces percées dans les pignons. Chacune de ces baies était munie de vitraux blancs losangés sertis de plomb. Enfin, la filature-cathédrale disposait de quatre tours d'angle octogonales qui abritaient pour trois d'entre elles les escaliers desservant les étages du bâtiment, la quatrième dissimulant astucieusement la cheminée de l'usine. Ainsi, rien dans l'aspect extérieur du bâtiment ne laisse présumer de sa fonction industrielle.

La petite filature également de style néo-gothique est une réplique simplifiée de la filature-cathédrale dans le prolongement de laquelle elle est bâtie. Elle mesurait initialement 96 m de longueur (mais fut tronquée du tiers), 20 m de largeur et 24 m de hauteur sous toiture. Ses planchers, son ossature (poteaux-poutres) et sa charpente étaient également en bois. On retrouve sur ses façades en brique les mêmes éléments de décors en pierre de taille.

Le bâtiment des moteurs Diesel, plus tardif, est construit de plain-pied et mesure 21, 40 m de longueur, 10,40 m de largeur et 5,50 m de hauteur. Il se compose d'une structure en béton armé (poteaux, ferme cintrée et tirant) avec un remplissage en maçonnerie de briques polychromes permettant des jeux de décor sur les façades. Celles-ci sont percées de larges baies cintrées et les murs-pignons disposent en outre de tympans vitrés. Le toit vouté (bombé) en béton est pourvu d'un lanterneau entièrement vitré. Le bâtiment bénéficie ainsi d'un éclairage naturel maximal à la fois latéral et zénithal. A l'intérieur, le pont roulant métallique qui permettait de déplacer de lourdes charges est le seul élément technique encore en place. Il s’appuie sur des poutres béton reposant sur des corbeaux.

La centrale hydroélectrique, plus tardive également, est édifiée en béton et brique en remplissage sur un étage et est couverte d'un toit-terrasse en béton.

L'atelier-magasin-bureau, dit bâtiment de l'horloge, est construit en rez-de-chaussée, en brique, et doté d'un toit à longs pans. Il en va de même de l'atelier de réparation-forge, mais celui-ci dispose d'un lanterneau en toiture. Subsistent également les vestiges d'un bâtiment circulaire en brique, vraisemblablement à usage de réserve.

Le logement patronal, situé à 500 m en aval du site industriel, consiste en une vaste demeure en brique édifiée sur un plan en U parfaitement symétrique, comportant quatre niveaux (deux étages et un étage de comble) dont un rez-de-chaussée percé d'un très large passage vouté permettant de laisser aisément passer charrettes et voitures. Ses façades austères présentent quelques éléments de décor (clé de linteau et chainage d'angle en brique bicolore, corniche à modillon...). Les trois corps de bâtiment, le corps central et les deux corps en retour sont chacun couvert d'un toit en pavillon en ardoise.

Les quatre maisons ouvrières jumelées bâties à l'entrée de l'usine sont édifiées en brique sur un étage de comble. Les 10 logements en bande sont également construits en brique mais disposent d'un étage sous comble.

  • Murs
    • brique
    • calcaire pierre de taille
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture, ardoise, verre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    3 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente en béton armé apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit bombé pignon découvert
    • terrasse
    • toit à longs pans lanterneau
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    vestiges, établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété du département, le site industriel (à l'exclusion de la centrale hydroélectrique)
    propriété d'une personne privée, les logements ouvriers et le logement du directeur
    propriété d'une société privée, la centrale hydroélectrique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    filature, machine énergétique (étudiée dans la base Palissy)

Documents d'archives

  • AN Paris. F12 2382. Commerce et industrie. Usines Guéroult, 26 Thermidor an IV.

    Traitement et conditions d'engagement de l’ingénieur anglais John Flint, 16 décembre 1792.
  • AD Seine-Maritime. Série L : L 2406. Administrations et tribunaux de l'époque révolutionnaire, 1790-1800. Registre des délibérations.

    Montage de la Société Guéroult et Cie 12 avril 1792-4 février 1797.
  • AN Paris. F12 2382. Commerce et industrie. Usines Guéroult, 26 Thermidor an IV.

    Pétition de François Guéroult, 13 aout 1796.
  • AN Paris. F12 2382. Commerce et industrie. Usines Guéroult, 26 Thermidor an IV.

    Lettre de François Guéroult au Ministre des Finances, 29 juillet 1796.
  • AN Paris. F12 2382. Commerce et industrie. Usines Guéroult, 26 Thermidor an IV.

    Lettre de François Guéroult au Ministre de l’Intérieur, 23 avril 1797.
  • AN Paris. F12 2382. Commerce et industrie. Usines Guéroult, 26 Thermidor an IV.

    Litige, 24 décembre 1801.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1240. Statistiques industrielles et commerciales.

    Statistiques industrielles, 1806.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Rapport de l’Ingénieur des Ponts et Chaussées, 5 mars 1810.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Décret impérial, 10 février 1811.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1240. Statistiques industrielles et commerciales.

    Statistique industrielle, 1812.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Ordonnance royale, 28 février 1821.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition, 13 septembre 1822.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 63. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre.

    Plan de l’usine Levavasseur, 31 janvier 1834.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Procès-verbal de visite des lieux, 7 octobre 1835.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Rapport de l’Ingénieur des Ponts et Chaussées, 4 aout 1836.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Arrêté préfectoral, 29 juillet 1844.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation des usines de M. Levavasseur, 9 octobre 1845.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Plan de situation des usines de M. Levavasseur, 20 mai 1846.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées sur le règlement des usines de M. Levavasseur, 27 novembre 1845.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 20 septembre 1847.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 63. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre.

    Plan de situation des usines de M. Levavasseur en vue d’un nouvel établissement projeté, 23 décembre 1851.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition, aout 1853.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Rapport de l’Ingénieur des Ponts et Chaussées, 16 aout 1855.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de l’usine projetée par M. Levavasseur, 1/2500e, 16 aout 1855.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 1er octobre 1855.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de MM. Dutuit frères et sœurs, propriétaires des usines Saint Pierre et Saint Paul, 31 juillet 1858.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 25 aout 1858.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Procès-verbal de contravention aux lois et règlements sur les appareils à vapeur pour l’usine en construction à Fontaine-Guérard de M. Charles Levavasseur , par M. Defontanges ingénieur ordinaire, 23 juin 1860.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Procès-verbal de poinçonnage d’appareil à vapeur par M. Defontanges ingénieur ordinaire, filature Charles Levavasseur, 25 juillet 1860.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Lettre du Préfet de l’Eure au Ministre, 5 mars 1861.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de MM. d’Houdemare, Pelissier et autres usiniers, 30 mars 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Procès-verbal de visite des lieux, 25 avril 1862.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de l’usine projetée par M. Levavasseur, 1/2500e, 3 mars 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Plan des usines Levavasseur existantes et projetées, 1 mai 1862.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Rapport de l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées résidant à Gisors, 13 mai 1862.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Rapport de l’Ingénieur ordinaire sur les appareils à vapeur installés dans la filature de Charles Levavasseur, 21 mai 1862.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Arrêté préfectoral, 2 juin 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Procès-Verbal de visite des lieux, 13 aout 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Projet de règlement de la grandede filature de Fontaine-Guérard à M. Levavasseur, 3-11 septembre 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Rapports de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, 1 mai 1862, 3 septembre 1862 et 1er octobre 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Arrêté préfectoral, 27 octobre 1862.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Procès-verbal de pose de repère, 9 février 1863.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Lettre de protestation de M. d’Houdemare, 28 janvier 1863.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Enquête administrative. Protestation des usiniers, Janvier à décembre 1863.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de M. Levavasseur, 4 avril 1864.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 4 mai 1864.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de M. Levavasseur, 9 juillet 1866.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 26 juillet 1866.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 9 M : 9 M 3. Enquêtes administratives et industrielles (1837-1881).

    Enquête industrielle, 1866.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 6 M : 6 M 1243. Statistiques commerciale et industrielle (1859-1880).

    Statistique industrielle : Liste des filatures en activité en 1869.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Lettre de Charles Levavasseur à M. le Préfet de l’Eure, 6 juillet 1904.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Lettre de M. Levavasseur fils au préfet de l’Eure, 28 juillet 1906.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de M. Levavasseur, 11 décembre 1906.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Rapport de l’ingénieur ordinaire, 28 mars 1907.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 9 M : 9 M 4. Enquêtes administratives et industrielles (1884-1926).

    Enquête industrielle, 1923.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Lettre de M. Jacques Levavasseur à M. le Préfet de l’Eure, 19 janvier 1925.
  • AD Eure. Série J ; Sous-série 1 J : 1 J 465. État récapitulatif des usines hydrauliques existantes au 31/12/1926 dans l’Eure.

    Sociéte A. et J. Levavasseur.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition Kratz-Boussac, 11 juin 1928.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Mémoire en défense, 29 mars 1929.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 64. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont Saint Pierre (Usines de Fontaine-Guérard).

    Lettre de M. Hague directeur des Anciens établissements A. et J. Levavasseur, 22 mai 1929.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Arrêté préfectoral, 3 septembre 1929.

Bibliographie

  • DEVILLENEUVE L.-M.,CARETTE A.-A. Recueil général des lois et des arrêtés rédigé depuis 1831. Paris, 1839.

    Procès M. Levavasseur contre M. de Radepont, 1839.
  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

    p. 208, n°147 (3° arrondissement des Andelys)
  • CONSEIL SUPERIEUR DE L’AGRICULTURE, DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE. Enquête. Traité de commerce avec l’Angleterre. Tome 4. Industries textiles. Coton. Paris : Imprimerie impériale, 1860.

    pp. 283 à 292 (témoignage de Charles Levavasseur)
  • PASSY, Louis. Rapport sur le progrès de l'Agriculture et de l'Industrie dans l'arrondissement des Andelys. 1862.

    p. 61, p. 64
  • ESTAINTOT, Robert d’. Recherches sur l'introduction de la filature mécanique du coton dans la Haute-Normandie. Rouen : H. Boissel impr., 1865, 28 p.

    p. 18
  • PERREE Edmond. Les origines de la filature mécanique de coton en Normandie. Rouen, 1923, 21 p.

  • DAUMAS, Maurice. L'archéologie industrielle en France. Paris : Robert Laffont, 1980. (Les hommes et l'histoire).

    p. 18-19, p. 305
  • FABRI, Jean-Marc. La grande filature, hier, aujourd’hui, demain. Unité pédagogique d’architecture de Rouen, 1983.

    Mémoire de 3e cycle.
  • LECOEUR, Eric. Moulins et usines de la vallée de l'Andelle : recherches d'histoire et d’archéologie industrielle, 1780-1880. Thèse sous la dir de Jean-Pierre Chaline. Université de Rouen, 1989.

    Thèse sous la dir. de JP Chaline
  • BARJOT, Dominique (Dir.). Les patrons du Second empire. Anjou, Normandie, Maine. Paris : Picard, 1991. 255 p.

    Charles Levavasseur (1804-1894), p. 125-126
  • CHASSAGNE, Serge. Le coton et ses patrons. France, 1760-1840. Paris : EHESS, 1992.

    p. 401
  • Patrimoine industriel cinquante sites en France. Ed du Patrimoine, coll. Images du patrimoine, 1997, 128 p.

    p. 8
  • DE ROUX, Emmanuel. Patrimoine industriel. Ed Scala, coll. Patrimoine, 2007, 270 p.

    p. 136-141
  • CATHERINE, Éric. Balade au fil de l'eau. À la rencontre des moulins. Filatures et fonderies de la vallée de l'Andelle. Éditions Mémoires et Cultures, 2009. 143 p.

    p. 118-125
  • BELHOSTE, Jean-François. La vallée de l’Andelle : histoire et archéologie industrielles (1780-1870). In Tisser l’histoire. L’industrie et ses patrons. Mélanges offerts à Serge Chassagne. Valenciennes : Presses universitaires de Valenciennes, 2009. 406 p.

    p. 41, 46, 48-50, 55
  • Les plus beaux lieux du patrimoine industriel. Guide Michelin, Coll. Patrimoine de France, 2013, 335 p.

    p. 72-73
  • SYNDICAT INTERCOMMUNAL DU BASSIN DE L'ANDELLE. Plan Pluriannuel de Restauration et d'Entretien de l'Andelle et de ses affluents 2015-2019. 369 p.

    A16 Fontaine-Guérard - ROE 53907
  • REAL, Emmanuelle. La filature Levavasseur, une cathédrale de l'industrie unique en France. Note de service illustrée, 2018.

Périodiques

  • AD Eure. Courrier de l'Eure.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux
    Courrier de l’Eure, 24-25 aout 1874.
  • AD Seine-Maritime. JPL 3_261. Journal de Rouen, 29 janvier 1920.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : JPL 3_261
    Journal de Rouen, 25 aout 1874.
  • AD Eure. Journal le Vexin.

    Journal le Vexin, 30 avril 1874.
  • Eure. L’Illustration économique et financière, n° spécial, septembre 1923.

    p. 67
  • LECOEUR, Eric. Les moulins de l'Andelle, aperçu d’archéologie industrielle. Etudes Normandes, n°1, 1985.

    p. 67
  • GRANVOINNET, M. La grande filature de Fontaine-Guérard. AMSE, n°64/65, 1992.

    p.61-62
  • BOUTEVIN, Patrick. La filature qui voulut être cathédrale. La vie du collectionneur (hors série), 1994,

    p. 62-70.
  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

    p. 35-36, 38, 40-41
  • BELHOSTE, Jean-François. La filature Levavasseur à Fontaine-Guérard : un monument du patrimoine industriel en quête d'avenir. Etudes normandes, n°2, 2009.

    p.11-18
  • LEVACHER, Philippe. La cathédrale de l’Andelle. A la recherche des temps perdus, bulletin n°7, 2015.

    p.29-35

Documents figurés

  • AD Eure. Série J ; Sous-série 47 J fonds de la société des Amis des Arts : 47 J 223-17

    Photographie des ruines de la filature Levavasseur, Arthur Dutac phototographe, vers 1890.

Documents multimédia

  • DESCHAMPS-LOTTHE Mahilde. En remontant la Seine de l'estuaire à Paris - Des racines & des ailes. Film documentaire 116', éclectic production, 2 décembre 2016.

    séquence sur la filature Levavasseur (34'17s)

Lien web

Annexes

  • Détail des sources
  • Témoignage de Charles Levavasseur. Extrait du Traité de commerce avec l'Angleterre : enquête du Conseil supérieur de l’agriculture, du commerce et de l’industrie. Imprimerie Imperiale, 1860, pp. 283 à 292
  • PASSY, Louis. Rapport sur le progrès de l'Agriculture et de l'Industrie dans l'arrondissement des Andelys – 1862, p.61, p.64
  • LECOEUR, Eric. Moulins et usines de la vallee de l'andelle : recherches d'histoire et d'archeologie industrielle, 1780-1880. Thèse sous la dir de JP Chaline, soutenue en 1989 à l’université de Rouen. Extrait :
  • Article extrait du Journal de Rouen du 25 aout 1874 (AD Seine-Maritime. JPL 3_167 - 25 aout 1874).
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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