Dossier d’œuvre architecture IA27002479 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
filature de coton les Câbles puis usine de rayons de bicyclettes Robergel
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies l'Andelle
  • Commune Perruel
  • Lieu-dit Les Câbles
  • Cadastre 2018 ZA 112, 190 à 193, 200, 238, 252, 253, 272
  • Dénominations
    filature, usine de petite métallurgie
  • Précision dénomination
    filature de coton, usine de rayons de bicyclettes
  • Appellations
    filature les Cables, usine Robergel
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, entrepôt industriel, conciergerie, bief de dérivation, vanne

En 1815 et 1816, Jacques-François Lecouturier de Courcy, notable résidant à Andé, demande par deux fois l’autorisation de construire à Perruel, au lieu-dit des Câbles, plusieurs filatures en argumentant que ces usines « amènent dans le pays beaucoup d’ouvriers étrangers et occupent ceux du pays qui sont sans travail… ». L'investisseur a fondé la même année, sur la commune voisine de Perriers-sur-Andelle, la filature de coton dite de Perriers. Les travaux d’édification d’une ou plusieurs usines sont finalement autorisés par l’ordonnance royale du 13 août 1823 et Jacques-François Lecouturier de Courcy reçoit également l’accord de l’administration pour « ouvrir un canal de dérivation destiné à procurer l’eau nécessaire pour les mettre en activité ». A l’issue de cette démarche, une seule usine, une filature de coton, est finalement édifiée et son exploitation est confiée à Louis-Frédéric Fauquet, descendant d’une famille d’industriels cotonniers implantée dans la région de Bolbec. C'est également en 1823, que M. Lecouturier de Courcy fonde à Fleury-sur-Andelle la filature dénommée les Jumelles.

En 1827, Louis-Frédéric Fauquet rachète pour 40 000 F l’ensemble du matériel de la filature, tout en restant locataire des murs. Un arrêté préfectoral du 20 décembre 1836 lui permet de perfectionner son usine en y installant une machine à vapeur en complément de l'énergie hydraulique.

En 1839, le rouennais Jacques Nicolas Adèle Grimaux rachète l'usine de M. Lecouturier de Courcy et demande l’autorisation de construire dans son proche voisinage, sur le cours de l'Andelle, au lieu-dit La Planche, une seconde filature. Sa requête est acceptée par l’ordonnance royale du 7 mars 1841. Louis-Frédéric Fauquet assure alors l'exploitation des deux usines qui constituent finalement un seul et même site. D’après l’enquête industrielle réalisée en 1847, l’usine des Câbles réunissant les deux filatures a une valeur locative de 14 000 F. La valeur annuelle des matières premières qui y sont utilisées se monte à 300 000 F et celle des produits finis à 500 000 F. Elle est équipée de 40 métiers et 70 machines fonctionnant à l’aide de l’énergie hydraulique ou thermique. Elle emploie à cette date 60 hommes, 56 femmes et 60 enfants, soit 176 personnes, alors que le village de Perruel compte seulement 350 habitants. Pour augmenter la puissance des deux filatures, Louis-Frédéric Fauquet obtient par les arrêtés préfectoraux du 24 mai 1850 et du 19 novembre 1853 l’autorisation d’installer deux nouvelles machines à vapeur. En 1854, il rachète à Jacques Nicolas Adèle Grimaux l’usine des Câbles. Bâtiments et machines sont désormais entièrement sa propriété.

Son fils Octave Fauquet entre peu après dans la société paternelle Louis Fauquet et Cie et est associé à la direction de l’usine les Câbles. C’est lui qui fondra en 1860 la grande filature modèle d’Oissel. L’usine de Perruel, plus modeste, compte 14 700 broches en 1869. A sa mort, en 1895, il laisse à son fils Armand Fauquet une entreprise prospère.

En 1908, l’usine des Câbles est rachetée à la famille Fauquet par MM. Maillard et Chevret qui vont y poursuivre l’activité de filature de coton, puis en 1919 elle passe aux mains de la société anonyme des Établissements de Perruel. Dans les années 1920, un nouvel atelier de plain-pied couvert en shed est édifié et une turbine Francis d'une puissance de 400 000 kw/h est installée pour remplacer l'ancien moteur hydraulique d'une des deux filatures à étages.

L’activité textile est abandonnée durant l'entre-deux guerre et l’usine les Câbles est rachetée en 1936 par la société Robergel spécialisée dans la fabrication d’écrous et de rayons de bicyclettes. Sont utilisés pour cela des laminés de cuivre et de laiton provenant des usines de Navarre établies à Évreux. L'entreprise travaille essentiellement en sous-traitance avec les firmes de cycles de la région parisienne (Solex, Simca, Renault...). Le développement de l'activité dans les années 1960 nécessite la construction d'un nouvel atelier de type halle. En 1986, la société Robergel est liquidée et abandonne le site. L’usine en très mauvais état est en grande partie détruite en 1992.

Ne subsistent aujourd’hui que des vestiges des anciens ateliers de fabrication et du logement du gardien ainsi qu'un bâtiment vraisemblablement à usage d’entrepôt industriel transformé en logements.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1823, daté par travaux historiques
    • 1836, daté par travaux historiques
    • 1841, daté par travaux historiques
    • 1850, daté par travaux historiques
    • 1853, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Les filatures édifiées en 1823 et 1839 étaient des bâtiments monoblocs à étages, celle construite dans les années 1920 était un bâtiment de plain-pied couvert en shed. Les premières ont été détruites. La dernière est à l'état de friche extrêmement dégradée.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique, verre en couverture
  • Étages
    2 étages carrés, rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • shed
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, vestiges, envahi par la végétation
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Pétition de Jacques François Lecouturier de Courcy, 16 octobre 1815.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Ordonnance royale, 13 août 1823.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Arrêté préfectoral, 20 décembre 1836.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 88. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Perruel.

    Plan de situation de l’usine de M. Grimaux existante et de l’usine Grimaux projetée, 31 août 1839.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 90. Cours d'eau et usines hydrauliques. Perruel.

    Plan des filatures de Perruel appartenant à M. Quesnel, M. Rioult, M. Grimaux, vers 1840 (AD Eure. 18 S 90).
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Ordonnance royale du 7 mars 1841.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Rapport de l’ingénieur résidant à Gisors, 23 août 1845.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Arrêté préfectoral, 24 mai 1850.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Arrêté préfectoral, 19 novembre 1853.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Pétition de M. d’Osmoy, 23 novembre 1854.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Pétition de M. Fauquet, 11 mai 1857.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Pétition de M. Fauquet, 30 juin 1857.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 1 M : 1 M 302. Administration générale.

    Enquête 1867.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1243. Statistiques commerciales et industrielles (1859-1880).

    Statistique industrielle : Liste des filatures en activité en 1869.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Lettre de M. Fauquet au préfet de l’Eure, 14 septembre 1882.
  • AD Eure. Série S. Sous-Série 18 S : 18 S 7. Police des Eaux, affaires générales, Andelle (Charleval, Douville, Fleury, Perriers).

    Pétition de M. Devantoy, 7 août 1888.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Entête de lettre d'Octave Fauquet, 1892.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Pétition de M. Fauquet, 27 septembre 1901.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Situation 1901.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 8. Andelle - Police Fluviale 1813-1939, affaires diverses.

    Plan masse de l’usine de Mme Vve Fauquet, 19 octobre 1901.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Situation 1902.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 6. Syndicat des usiniers de l'Andelle.

    Situation 17 décembre 1908.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Lettre de MM. Chevret et Maillard au préfet de l’Eure, 19 décembre 1909.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 309. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Lettre de la S.A. des Etablissements de Perruel au préfet de l’Eure, 31 juillet 1919.
  • AD Eure. Série J ; Sous-série 1 j : 1 J 465. Etat récapitulatif des usines hydrauliques existantes au 31/12/1926 dans le département de l'Eure.

    Concessionnaire : Société anciennement Etablissements Perruel sur Andelle.

Bibliographie

  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

    Filature de coton FAUQUET
  • FRUIT, Jean-Pierre. Vexin normand ou Vexin parisien ? : Contribution à l'étude géographique de l'espace rural. Rennes : PUR, 1974. 230 p.

    p. 52, 110, 147, 148, 151
  • BARJOT, Dominique (Dir.). Les patrons du Second empire. Anjou, Normandie, Maine. Paris : Picard, 1991. 255 p.

    p. 99-100
  • CHASSAGNE, Serge. Le coton et ses patrons. France, 1760-1840. Paris : EHESS, 1992.

    p. 395, p. 574
  • BELHOSTE, Jean-François. La vallée de l’Andelle : histoire et archéologie industrielles (1780-1870). In Tisser l’histoire. L’industrie et ses patrons. Mélanges offerts à Serge Chassagne. Valenciennes : Presses universitaires de Valenciennes, 2009. 406 p.

    p. 43
  • SYNDICAT INTERCOMMUNAL DU BASSIN DE L'ANDELLE. Plan Pluriannuel de Restauration et d'Entretien de l'Andelle et de ses affluents 2015-2019. 369 p.

    p. 174-178 (ROE 1548-1549)

Périodiques

  • LECOEUR, Eric. Les moulins de l'Andelle, aperçu d’archéologie industrielle. Etudes Normandes, n°1, 1985.

    p. 67
  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

    p. 40

Annexes

  • Détails des sources
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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