Dossier d’œuvre architecture IA61001426 | Réalisé par
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
demeure dite "chateau de la Galardière"
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Mortagne-au-Perche
  • Commune Villiers-sous-Mortagne
  • Lieu-dit (la) Galardière
  • Cadastre 1830 C 352, 353  ; 2015 OC 113, 118
  • Précisions
  • Dénominations
    demeure
  • Appellations
    château de la Galardière
  • Parties constituantes non étudiées
    ferme

La Galardière (orthographiée "Gallardière") est citée pour la première fois en 1539 lors d'une donation de François de Brénard, sieur de la Brénière (probablement Bréonière) et de la Gallardière, aux religieux du Val-Dieu. Au 17e siècle, la famille Gruel de la Frette possède la seigneurie de Villiers et de la Galardière. En 1662, elle s'allie à la famille Périer de la Chevalerie par le mariage d'Élisabeth de Gruel avec René Périer. Un de leurs descendants est à l'initiative de la reconstruction de la demeure au 18e siècle qui conserve un élément structurel de l'ancien château (ou manoir ?) du 16e siècle, l'ancienne tour d'escalier en vis en pierre à noyau hélicoïdal. Par héritage, la propriété passe en 1815 dans une autre branche de la famille Périer, les Périer de la Genevraye. Victor Louis Achille Périer, comte de la Genevray, en est le propriétaire au second quart du 19e siècle. Il fait réaménager la demeure : rehaussement du corps de bâtiment central d'un étage, création de l'avant-corps, harmonisation des façades (agrandissement des ouvertures du rez-de-chaussée) et aménagement du salon dans le style 1er Empire en vogue à cette époque. Le plan général de la Galardière daté 1836 fait état des terres et fermes appartenant à Périer de la Genevraye : la moitié est du territoire communal de Villiers-sous-Mortagne, mais également une partie de celui de Feings et une autre de celui de Saint-Mard-de-Réno. La propriété est démantelée à partir de 1854, date de la vente de la demeure à Ferdinand Bouvier, banquier à Mortagne-au-Perche. Elle est a nouveau vendue vers 1870 à Louis Adolphe Leroy, médecin à Mortagne-au-Perche.

Concernant les bâtiments de la ferme, le logis présent sur le cadastre de 1830 est converti en bâtiment rural pour Ferdinand Bouvier. Son successeur Louis Adolphe Leroy fait construire la ferme : le bâtiment secondaire (étables et écuries) en 1872, le bâtiment principal à la fin du 19e siècle ou au début du siècle suivant.

En 1920, la propriété est achetée par Gaëtan Jacquet, vicomte de Heurtaumont et conseiller général de l'Orne. De nos jours, ses descendants qui l'ont restaurée, en sont toujours propriétaires.

La Galardière comprend la demeure, les communs et la ferme située à l'ouest et au nord-ouest.

La Demeure :

De style classique, elle comprend trois corps de bâtiments alignés : un central et deux pavillons latéraux. Le corps central s'élève sur deux niveaux habitables, rez-de-chaussée et un étage carré. En façade nord, un avant-corps peu saillant donne accès au bâtiment. Les façades nord et sud sont ordonnancées, rythmées par cinq travées d'ouvertures. L'avant-corps est percé de trois ouvertures, une porte et une fenêtre en plein cintre que couronne un fronton triangulaire percé d'un oculus. À l'intérieur, un premier couloir sis au nord du corps relie les deux pavillons tandis qu'un second relie les entrées nord et sud. Ce dernier sépare deux pièces : le salon de style Ier Empire à l'ouest (cheminée en marbre noir à colonnettes adossées) et la salle à manger à l'est qui conserve en partie son poêle en faïence. Encadrant le corps central, les deux pavillons sont en rez-de-chaussée surmonté d'un simple comble. Si le pavillon ouest a été entièrement réaménagé (bureau, chambre), celui de l'est conserve son agencement d'origine : cuisine et tour d'escalier. La cuisine est équipée d'une large cheminée dans laquelle se trouvent les entrées de deux fours, l'un à pâtisserie, l'autre à pain. Un tourne-broche est conservé à droite de la cheminée. Au nord de la cuisine se situe la tour d'escalier, vestige de l'ancien édifice. Dans-œuvre, elle renferme un escalier en vis en pierre aux nez de marche moulurés et au noyau central évidé et hélicoïdal.

Les murs sont en moellons de calcaire et de grès ferrugineux (roussard) couverts d'un enduit plein, à l'exception de de la surélévation du corps central et de l'avant-corps en pierre de calcaire. Les encadrements des baies et les chaînages d'angle sont en pierre de taille de calcaire, sauf la partie basse des portes et des chaines d'angle en pierre de taille de grès roussard. Les toits sont à longs pans et en pavillon (pavillons latéraux) couverts en tuile plate.

Les communs :

Situé à l'est de la cour de la demeure, le premier bâtiment comprend des caves, des celliers et un logement (probablement celui du palefrenier). En partie sud, une porte donne accès à deux caves voûtées : celle du fond servait à conserver le vin, celle du devant, la viande - en atteste les crocs utilisés pour suspendre les morceaux de viande. A proximité, une autre porte s'ouvre sur un escalier droit qui permet l'accès au logis (salle unique chauffée par une petite cheminée en pierre de taille de calcaire) ainsi qu'aux greniers. Les autres portes donnaient accès aux celliers. Toutes les ouvertures, à l'exception de la porte charretière agrandie tardivement, sont surmontées d'un linteau légèrement cintré.

En face, un second bâtiment abrite la remise à voiture, la sellerie et une orangerie chauffée l'hiver par un poêle. L'accès à la remise se faisait par une porte charretière en façade postérieure. À l'est, les ouvertures sont surmontées d'arc en plein cintre ou surbaissé en brique (remise et sellerie) ou sont simplement quadrangulaires mais de grandes dimensions pour l'orangerie.

À l'ouest de la demeure, se situe le colombier de plan quadrangulaire. Une porte et une fenêtre en arc légèrement cintré donne accès à l'édicule. Les quatre trous de boulin et la planche d'envol se trouvent au niveau supérieur.

Les toits sont à longs pans et à croupes couverts en tuile plate.

La Ferme :

Située à l'ouest de la demeure, elle comprend deux bâtiments :

- Au nord, le bâtiment principal abrite sous un même toit les remises, le logis (salle, chambre), le cellier, la grange, une écurie et des étables. Les murs sont en moellons de silex (majoritairement) et de calcaire couverts d'un enduit plein en façade et simplement jointoyés sur les pignons. Les encadrements d'ouvertures sont en brique, les chaînages d'angle en pierre de taille calcaire.

- De l'autre côté de la cour de la ferme se situe le second bâtiment servant d'écuries et d'étables. Les murs sont en moellons de grès roussard, de calcaire et de silex couvert d'un enduit plein à l'origine dont l'usure laisse apparaître quelques moellons. Les encadrements d'ouvertures (portes quadrangulaires aux linteaux déchargés par un arc en mitre et fenêtre en plein cintre) et les chaînages d'angle sont en pierre de taille de calcaire.

Les toits sont à longs pans couverts en tuile plate ou en tôle.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • silex moellon enduit
  • Toits
    tuile plate, tôle ondulée
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Cette demeure a été reconstruite au 18e siècle tout en conservant une pièce maîtresse et structurelle de l'édifice précédent (château ou manoir), ample et raffiné. L'histoire de cet ancien domaine seigneurial est assez bien connue. Son importance à l'échelle de la paroisse (déplacement de la seigneurie de Villiers à la Galardière au 17e siècle), la bonne lisibilité de la fonction initiale des bâtiments et la restitution des aménagements intérieurs du 18e siècle en font un édifice de premier ordre à l'échelle communale.

Le plan géométrique de 1785 fait état de l'environnement de la demeure : son accès se fait alors par une allée arborée à l'est et sa façade sud donne sur des jardins à la française.

Victor Louis Achille Périer, comte de la Genevray, est propriétaire de la Galardière durant le second quart du 19e siècle. Chevalier de la Légion d'Honneur et ancien garde d'honneur sous Napoléon Ier, il s'illustre notamment lors des campagnes de 1813 et 1814. Ses treize blessures occasionnées lors de sa dernière campagne de 1814 lui valent le surnom de "Nez de Cuir" en raison de la mutilation de son nez. Son histoire a inspiré son petit neveu, Jean de la Varende, qui publie en 1936 un roman intitulé Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, adapté au cinéma par Yves Allégret en 1952.

Documents d'archives

  • AD Orne. IE 719. Donation de François de Brénard, sieur de la Brénière (probablement Bréonière) et de la Gallardière, aux religieux du Val-Dieu (1539).

  • AD Orne. 3 P 3-507/1 à 3 P 3-507/6. Matrices cadastrales.

Périodiques

  • MARGARITIS, Jacques. Monographie de VILLIERS-SOUS-MORTAGNE (Orne). Bulletin de la Société Percheronne d'Histoire et d'Archéologie. tome 23, 1925, 88 p.

    p. 52-75

Documents figurés

  • AD Orne. 3 P 2-507/1 à 3 P 2-507/8. Plans cadastraux de 1830.

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.