Dossier d’œuvre architecture IA61001146 | Réalisé par
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Mortagne-au-Perche
  • Commune Saint-Denis-sur-Huisne
  • Lieu-dit Blavou
  • Cadastre 1830 B 200 à 206 ; 1987 B 186
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, pièce d'eau, conciergerie

Le domaine seigneurial de Blavou, dont le toponyme fait référence à l'antique forêt de Blavou jadis située plus à l'ouest vers Saint-Quentin-de-Blavou, est attesté dès le 16e siècle. A cette époque, les seigneurs de Blavou appartiennent à la famille de Loisel, connue au moins depuis Jehan Loysel de Blavou (vers 1520). Les Loisel, également seigneurs de Poesley et de La Bignonnière, sont probablement à l'initiative de la construction (ou reconstruction ?) du château au cours du 15e ou du 16e siècle. Dès 1655, Blavou entre dans le giron de la famille Catinat. En 1713, Pierre de Catinat revend le domaine à René de Vanssay. Le château semble rester inchangé jusqu'au milieu du 19e siècle. Sur le plan cadastral de 1830, il adopte un plan en "L". Il est alors compris dans un pourpris entouré de douves et accessible par deux ponts, l'un à l'ouest, l'autre au sud. A l'est du château, un second bâtiment est également compris dans ce pourpris. A l'ouest, trois bâtiments, servant probablement de dépendances, et un étang complètent l'ensemble. Dans la seconde moitié du 19e siècle, le domaine subit d'importants travaux de reconstruction et d'aménagement qui sont à mettre à l'actif d'Antoine de Vanssay. Le bâtiment adjacent au château (à l'est) est détruit. Le château, bien que sa structure (soubassement) semble être identique en plan à celle originelle comme en témoignent le contrefort d'angle au nord-ouest et l'étage de soubassement voûté en arêtes, a été en grande partie reconstruit in situ dans le style néo-gothique vers 1871 (d'après l'examen des matrices cadastrales). Deux tours d'angles ont été construites au sud-est et au sud-ouest de l'édifice. Les communs (trois édifices situés à l'ouest du pourpris) ont été détruits. Au cours du troisième quart du 19e siècle, plusieurs sont reconstruits : une probable orangerie au sud, un logement de gardien, une remise et deux autres dépendances (fonction indéterminée). Au troisième quart du 20e siècle, le site de Blavou devient un institut médico technique spécialisé (personnes handicapées et épileptiques). Plusieurs bâtiments, souvent en extension de ceux préexistants, sont construits et le domaine est réaménagé. A la fin du 20e siècle, le domaine redevient privé. Les nouveaux propriétaires le restaurent et font du château un lieu de réception et des chambres d'hôtes.

Le domaine de Blavou, qui se situe au sud-ouest du territoire communal, comprend le château et ses communs, le logement du gardien, un plan d'eau et une ferme (aménagée au nord et faisant l'objet d'un dossier individuel).

Le château adopte un plan en "T". L'aile principale, dont la façade donne au sud, est encadrée de deux tours d'angle. Elle s'élève sur trois niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage carré surmonté d'un comble. Un bandeau mouluré souligne chaque niveau d'élévation. Le rez-de-chaussée surélevé est accessible au sud depuis un perron par un escalier à deux volées. Six travées d'ouvertures richement ornées (moulures, décors prismatiques, chambranles, plates-bandes en arc infléchi) rythment la façade principale. Si les quatre travées centrales sont assez rapprochées, les deux travées latérales sont beaucoup plus éloignées. Les tours d'angle sont également rythmées par trois travées. Les fenêtres qui les composent sont étroites, hautes et possèdent une traverse en pierre. Les lucarnes concentrent l'essentiel de l'effort décoratif (quatre à meneaux et traverses en façade principale, deux à traverses sur les tours d'angle). Elles sont encadrées de piliers et surmontées de frontons aux rampants sculptés et ornés de choux frisés. Les façades latérales possèdent une ou deux travées. Au nord-ouest de l'édifice, un second escalier, à deux volées également, dessert les deux ailes du château, via un perron. Située au nord de la première, la seconde aile s'élève sur quatre niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un comble à surcroît. Probablement réservée aux pièces de service, elle est beaucoup moins décorée que la première : pas de bandeau, ni de lucarne mais des ouvertures simplement encadrées de feuillures. Les différents niveaux d'élévation de chaque aile sont desservis par un escalier en vis en pierre de taille compris dans une tourelle hors-oeuvre placée au nord-ouest, à la jonction entre les deux ailes. A l'intérieur, l'étage de soubassement des deux ailes est voûté en arrête. La voûte repose sur des piliers de section carrée en pierre de taille de calcaire. Au niveau inférieur de l'aile principale, une cheminée monumentale de grande dimension (piédroits en pierre de taille de calcaire, corbelets et manteau en plate-bande moulurés) ouvrant sur un four à pain montre la destination initiale de cette pièce : une cuisine. Une autre partie de cet étage de soubassement devait servir de cellier et de cave. Le rez-de-chaussée surélevé est occupé par trois pièces qui devaient initialement servir de grand salon, salle à manger et petit salon (ou bibliothèque). L'étage carré et le comble devaient abriter des chambres. Un probable logement de gardien se situe au nord-ouest du manoir. Très transformé, il dispose d'un rez-de-chaussée surmonté d'un comble. Deux (ou trois) pièces sont accessibles par deux portes en façade sud. Une ancienne remise se situe au nord-ouest du château. Deux grandes arcades et plusieurs petites ouvertures composent sa façade sud de manière symétrique. A l'exception d'un oeil de boeuf éclairant le comble, les petites ouvertures possèdent des piédroits en pierre de taille calcaire surmontés d'arcs en plein cintre en brique et éclairent le rez-de-chaussée. Les deux grandes arcades en plein cintre comprennent chacune une porte en plein cintre (rez-de-chaussée) et une fenêtre en arc segmentaire (comble). Un bandeau sépare le rez-de-chaussée du comble. Une orangerie est construite au sud du château. Très lumineuse, elle est percée de trois arcades en plein cintre, deux oeils-de-boeufs au sud et d'une fenêtre haute à l'est et à l'ouest. Les murs sont en moellons de calcaire couverts d'un enduit plein. A l'exception des arcades et des oeils-de-boeufs des communs en brique, les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les bandeaux et le contrefort d'angle du château sont en pierre de taille calcaire. Les toits sont à longs pans (château, communs, logement de gardien), coniques (tours et tourelle d'escalier du château) et à croupes (château et communs) couverts en ardoise (château et orangerie) ou en tuile plate (communs et logement de gardien).

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    ardoise, tuile plate
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
    • croupe
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Le domaine seigneurial de Blavou, assez bien connu par les archives, jouissait d'une influence considérable dans un vaste secteur. Le château possède d'importants vestiges attestant de son ancienneté (étage de soubassement voûté en arêtes, cheminée monumentale). L'ampleur de sa reconstruction quasi-complète au troisième quart du 19e siècle dans le style néo-gothique en vigueur à l'époque et la richesse de son décor montrent la volonté de la famille De Vanssay d'affirmer sa réussite sociale. Cet édifice est un des plus intéressants à l'échelle communale (voire supra).

Documents d'archives

  • AD Orne. 3 P 5-381/2 à 3 P 5-381/3. Section A et B du cadastre de 1830.

  • AD Orne. 3 P 3-381/1 à 3 P 3-381/5. Matrices cadastrales.

Bibliographie

  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

  • PITARD, J.-F. Fragments historiques sur le Perche, statistique par commune et par ordre alphabétique. Paris : Res Universis, 1993 (fac-similé de l'édition de Mortagne : Daupeley frères, 1866).

  • SIGURET, Philippe. Manoirs et châteaux des cantons de Bazoches-sur-Hoëne, Pervenchères et Mortagne (suite du cahier n°3). Cahiers percherons. n°14, 1960.

Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2013
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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