Dossier d’œuvre objet IM14006126 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice nef, 4e travée sud

A propos du mobilier sculpté par Joseph Charles Louis Douin à la chapelle du Bon Sauveur à Caen, Fernand et Marthe Engerand parlent du talent trompeur des sculpteurs du 19e siècle pour reproduire des motifs anciens pouvant induire en erreur "les archéologues futurs [qui] feront bien d'être en garde". La remarque pourrait s'appliquer aux reliefs de la chaire à prêcher de Saint-Gilles tant ils paraissent à première vue résulter d'un remontage d'éléments sculptés anciens sur un bâti moderne. La qualité du décor, en partie taillé dans la masse, paraît d'une facture plus ancienne. D'emblée se pose la question de la provenance du meuble car les sources mentionnent plusieurs objets transférés de l'ancienne église Saint-Gilles pour répondre dans l'urgence aux besoins du culte établi en 1865 dans l'ancienne église abbatiale dont le chantier de restauration s'achève (1854-1868). Dans un courrier du 20 juillet 1866, adressé au ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts, Victor Ruprich-Robert évoque le "mobilier bien défectueux de l'église St-Gille [...] transféré il y a quelque temps déjà dans l'église Ste.Trinité pour y rétablir le culte. D'après ce qui m'a été dit il ne s'agit là que d'un état transitoire." A cette date, la chaire est déjà positionnée dans la nef puisque l'architecte indique qu'un grand crucifix "de forme prétentieuse et sans style" a été scellé face à elle.

Si les sculpteurs caennais Douin ne font aucune mention de la chaire dans leur article paru en 1866 dans la revue La Normandie archéologique, le couple Engerand s'attarde encore moins, soixante-dix ans plus tard, au mobilier moderne "criant neuf", certes "bien exécuté sans doute, sur les dessins de Ruprich Robert, par Jacquier et Douin", mais trop récent pour qu'il puisse en évaluer l'intérêt. Tandis que les contributions des sculpteurs caennais Joseph et Raoul Douin ont bien été identifiées (décor porté, fonts baptismaux, bénitiers), le périmètre d'intervention des Jacquier dans la "nouvelle" église paroissiale Saint-Gilles reste à circonscrire. Il est possible que les Douin n'ait pas voulu évoquer les réalisations d'un atelier concurrent dont l'activité, centrée sur l'ameublement et la décoration des édifices religieux et la construction funéraire, prend son véritable essor dès les années 1870. Comme pour les autres éléments du mobilier, Victor Ruprich-Robert propose un projet (dessin conservé à la médiathèque de l'architecture et du patrimoine) qui ne sera cependant pas exécuté, tout comme celui du maître-autel proposé en cuivre et émail. La chaire à prêcher actuellement en place résulte d'un projet dont le dessein n'a pas encore été identifié et localisé. S'il est fort probable que Victor Ruprich-Robert en soit l'auteur, il en a certainement confié l'exécution à un atelier local, celui des Jacquier, dans les années 1860-1870. Stylistiquement, les reliefs de la chaire se rapprochent de ceux du Bon Sauveur, qui sont antérieurs (2e quart 19 siècle), notamment dans le traitement des drapés et des mains.

Le décor sculpté dans la masse du pied est l'un des morceaux les plus remarquables de la chaire à prêcher. Les reliefs des panneaux de la cuve comme la ronde bosse du dorsal (saint Augustin d'Hippone) ou le décor sculpté du lambrequin, présentent des qualités esthétiques et une certaine finesse dans le rendu des détails (voir en particulier les figures des panneaux de la cuve, les fins plissés des vêtements qui rappellent la statuaire religieuse des années 1770-1880). Le savoir-faire de l'atelier qui montre ici sa maîtrise technique des différents reliefs, en particulier au niveau du dorsal (Moise recevant la loi sur le Sinaï), contraste avec la banalité du bâti de la cuve, du dorsal et du dais octogonal sur lequel est plaqué le décor. Le pupitre fixé sur la cuve constitue un rajout du 20e siècle. Il n'a pas été possible de monter dans la cuve, la porte d'accès à la chaire étant fermée à clef.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle

Le pied de section carré repose sur une base octogonale et supporte une cuve de même plan. Le dorsal est surmonté d'un dais octogonal. Un escalier de neuf marches conduit à la porte d'accès à la cuve. L'ensemble du meuble est mouluré petit cadre. Des tables faiblement saillantes soulignent les panneaux de la rampe d'escalier, de la porte (moitié inférieure) et du dorsal. Le garde-corps est formé de neuf panneaux fixes dépourvus de décor. La cuve comprend sept panneaux fixes dont cinq portent un décor en demi-relief tout comme la scène biblique du dorsal entouré d'une moulure grand cadre élégi. Le bâti et le châssis sont chevillés.

  • Catégories
    menuiserie, sculpture
  • Structures
    • élévation, droit
    • plan, octogonal
  • Matériaux
    • chêne, décor en relief, décor en haut relief, décor en demi-relief, décor dans la masse, décor en ronde bosse, mouluré, vernis, tourné, mouluré petit cadre, grand cadre élégi
  • Mesures
    • h : 172 centimètre (pied)
    • d : 119 centimètre (pied)
    • h : 109 centimètre (cuve)
    • h : 213,5 centimètre (porte d'accès)
    • la : 89 centimètre (porte d'accès)
    • la : 58,5 centimètre (battant de la porte d'accès)
    • h : 79 centimètre (panneau de la cuve)
    • la : 32,5 centimètre (panneau de la cuve)
  • Iconographies
    • saint Loup, en pied, de face, figure
    • saint Sébastien, en pied, de face, figure
    • protomé, représentation animalière
    • ange
    • saint Augustin d'Hippone, de face, en pied, sur pied, figure
    • volute, sur pied, ornementation
    • chute végétale, sur pied, ornementation
    • feston, ornementation
    • pot à feu, ornementation
    • fronton, ornementation
    • Saint-Esprit
    • acanthe, ornementation
    • mutule, ornementation
    • enroulement, ornementation
    • angelot, sur gaine
    • rayons lumineux
    • saint Gilles, en pied, de face, figure
    • Moïse, en pied, de face, sur panneau, figure biblique
    • chérubin
    • Moïse, de profil, agenouillé, scène biblique, sur panneau, figure, figure biblique
    • table saillante, ornementation
  • Précision représentations

    Chutes végétales, acanthes et protomés de lion ornent les quatre volutes rentrantes accolées au pied. Des têtes d'angelots engainées, formant des termes en console, supportent la cuve ornée de cinq figures en pied placées sous une arcade : Moïse tenant les Tables de la Loi, saint Loup de Bayeux (évêque de Bayeux vers 440-470), saint Sébastien, saint Laurent et saint Gilles. Un chérubin cantonné de volutes surmonte l'arc en plein cintre tandis qu'un feston pare le devant de la niche. Sur le dorsal, la scène de Moïse recevant la Loi sur le Sinaï est inscrite dans un cartouche. Au centre de l'abat-voix se détache le Saint-Esprit rayonnant. Deux angelots engainés, reposant sur les colonnettes cantonnant le dorsal, portent le dais orné d'un lambrequin où alternent têtes de chérubins et enroulements. Des frontons ponctués de pots à feux le surmontent. Au revers de la chaire, une statue de saint Augustin d'Hippone est adossée au dorsal.

  • État de conservation
    • bon état
    • remontage
    • manque
  • Précision état de conservation

    État en 2013 : meuble remonté lors de son transfert dans l'église Sainte-Trinité. Certaines parties paraissent plus récentes (éléments structurels) et d'une facture plus sèche (porte d'accès). Ont été relevés quelques altérations ponctuelles : manques (bout de corniche entre saint Loup et saint Sébastien), fentes (pied, panneaux de la cuve) et trous d'envol (partie basse).

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Bibliographie

  • BERGEN, Bernd-Wilfried. Le tympan central de l'église de Caen. In CONGRES DES SOCIÉTÉS HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES (XXVI ; 1991 ; Caen). L'art en Normandie. Caen : Conseil général du Calvados ; Archives départementales, 1992.

    Région Basse-Normandie - Inventaire général du patrimoine culturel, Caen : 730 005
    p. 157, 158.
  • ENGERAND, Fernand et Marthe. Les Trésors d'art religieux du Calvados. Tome 1 : Caen et l'arrondissement de Caen. Caen : Marigny et Joly, 1940.

    Bibliothèque universitaire - Droits-Lettres - Fonds Normand, Caen : N RB I a 8516 . BUDL. DLFDN
    p. 23.

Documents figurés

  • Plans d'édifices du Calvados : ancienne abbaye aux Dames à Caen, église de la Trinité, collection Ruprich-Robert, tirage et dessins au crayon, lavis, à l'encre sur papier, sur calque, par Victor et Gabriel Ruprich-Robert, architectes, 1856-1911 (Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Charenton-le-Pont ; 0082/014/2056).

    Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont : 0082/014/2056
    025491(61) : Projet de chaire à prêcher (à exécuter en bois, métal et émail) : face principale et latérale, plan, abat-voix, échelle 0,05 p.m., dessin au lavis et à l'encre sur papier par Victor Ruprich-Robert, architecte, 1er juin 1865.
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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