Dossier d’œuvre architecture IA76003027 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
terminal pétrolier d'Antifer
Œuvre étudiée
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Grand Port Maritime du Havre

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Manche
  • Commune Saint-Jouin-Bruneval
  • Lieu-dit en façade littorale
  • Dénominations
    port
  • Précision dénomination
    port pétrolier
  • Appellations
    terminal pétrolier d'Antifer
  • Parties constituantes non étudiées
    digue, chenal, port, aire de stockage du combustible, réservoir industriel, station de pompage, quai, voie navigable

Bien que situé en façade maritime, sur la commune de Saint-Join-Bruneval, à 20 km de distance de l’estuaire de Seine, le terminal pétrolier d’Antifer, également appelé « port du Havre-Antifer » et propriété de HAROPA, est une émanation directe de l’industrie pétrolière de la Basse-Seine, résultant des orientations de sa politique de développement d’après-mondiale.

Pourquoi construire un nouveau terminal pétrolier ? Durant les années 1960, le trafic pétrolier dans le port du Havre connaît un développement vertigineux. Avec 12 MT de brut réceptionné en 1960, 14 MT l’année suivante, le Havre assure 45% des importations de brut en France, jouant un rôle éminemment stratégique. Mais les infrastructures portuaires havraises s’avèrent rapidement sous-dimensionnées pour assurer un tel trafic. Les pétroliers de 260.000 tonnes de port en lourd qu’elles peuvent accueillir, malgré leurs dimensions impressionnantes (350 m de longueur, 54 m de largeur et 20,50 m de tirant d’eau), sont considérés comme des navires de petit tonnage et peu rentable compte tenu du contexte géopolitique marqué par la fermeture du canal de Suez. Pour faire face à l’augmentation du prix du pétrole imposée par les pays producteurs, la réduction du coût du transport maritime grâce à l’utilisation de pétroliers géants (de 550.000 à 1 million de tonnes) devient la seule solution viable. Un rapport du Comité Pétrole, créé le 3 octobre 1969, montre que l’économie de transport à la tonne est de 20 à 25 % entre un pétrolier de 250.000 T et un supertanker de 500 000 T sur un trajet Koweit-Le Havre. Le port du Havre ne pouvant assurer de façon satisfaisante la réception de tels navires, la construction d’un nouveau terminal pétrolier devient la seule solution possible.

Le choix du site : A la fin de l’année 1969, le gouvernement prend la décision d’implanter ce nouveau terminal pétrolier en baie de Seine. Le projet est confirmé en 1971 dans le rapport présenté au parlement pour le VIe Plan, écartant définitivement la candidature du Pas-de-Calais. Ce choix répond trois impératifs : la rentabilité, la sécurité et le souci d’occuper un rôle stratégique plus marqué dans le ravitaillement de l’Europe. Les études menées par le Port Autonome du Havre proposent deux sites d’implantation : l’un dans la fosse du Parfond (à 25 km à l’Ouest de l’estuaire de la Seine), l’autre au large du cap d’Antifer (à 20 km au Nord du port du Havre), et portent sur trois types d’aménagement pour recevoir ces superpétroliers : la mise en place de postes sur bouée, la création d’une île artificielle au large, la construction d’un port à la côte. A l’issue des travaux, le site de Saint-Jouin-Bruneval, près du Cap d’Antifer, à 20 km au nord du chenal d’accès au port du Havre, est finalement retenu. Les conditions naturelles du site présentent en effet de nombreux avantages. Du point de vue hydrographique, c’est au large d’Antifer que les isobathes (-25), correspondant au tirant d’eau des navires de 550 000 tpl, se rapprochent le plus de la côte. Du point de vue géologique, la bande sableuse de 3 km de large qui s’étend perpendiculairement au rivage de Saint-Join-Brunneval permet de creuser jusqu’à 32 m de profondeur en dessous des plus basses marées d’équinoxe. Concernant le type d’aménagement, le choix se porte sur la création un port à la côte, qui présente les meilleures garanties en termes de sécurité pour la manœuvre des navires. Enfin l’implantation, le tracé et les caractéristiques de la digue font l’objet d’études pointues menées en laboratoire d’hydraulique afin d’assurer la meilleure protection des navires contre les courants de marrée et des houles dominantes de nord-ouest.

Caractéristiques générales des ouvrages : Le tracé, les dimensions et les installations du terminal pétrolier d’Antifer sont déterminés à partir des caractéristiques des superpétroliers de 550 000 tpl, c’est à dire pour des navire mesurant en moyenne 415 m de long, 63 m de large et ayant un tirant d’eau de 28,5 m (sachant que ces navires devront être toujours reçus à marée haute).

Le terminal pétrolier d’Antifer comporte : un port de service de 8 ha abritant des remorqueurs et autres engins de servitude ; un terre-plein de 35 ha, en pied de falaise, d’une longueur de 1 300 m et d’une largeur moyenne de 250 m. Cet espace est destiné au stockage des hydrocarbures (avec une capacité de 600 000 m3 : 4 cuves de 150 000 m3) et aux installations d’exploitation portuaire ; une digue de protection nord, conçue en « digue à talus », qui se développe sur 3,5 km par des fonds atteignant –22 m ; un chenal d’accès dragué à –25m, de 550 m de largeur comportant un cercle d’évitage de 1 450 m de diamètre et une zone de manœuvre ; deux appontements reliés par des oléoducs aux cuves de stockages situées sur le terre-plein ; un oléoduc permettant d’acheminer le pétrole préalablement déchargé dans les cuves de stockage d’Antifer jusqu’au installations de la Compagnie industrielle Maritime situées sur le terre-plein sud du port du Havre. Cet oléoduc, long de 26,5 km, comporte au départ du terre-plein d’Antifer, une station de pompage et une canalisation de 1,05m de diamètre qui rejoint le haut de la falaise pour gagner le port du Havre, franchissant un point à plus de 126m pour descendre sous le canal de Tancarville, puis sous l’écluse François 1er et aboutir au terminal d’arrivée situé près de l’appontement n°10 du Terre-Plein sud. Cette canalisation est protégée contre la corosion par un revêtement de brai armé de voile de verre et par protection cathodique. 

Calendriers des travaux : Bien que la route d’accès et la carrière soient ouvertes depuis mars 1972, la construction du terminal pétrolier proprement dit commence véritablement le 1er mars 1973. Les étapes chronologiques par type d’ouvrages sont les suivantes. Le port de service et la majeure partie du terre-plein sont achevés à la fin de l’année 1973. La grande digue de protection est terminée en 1975. En septembre 1975, les travaux d’approfondissement atteignent la cote nécessaire à la réception des pétroliers de 350 000 tonnes. Les dragages sont totalement achevés en 1976. La construction des appontements est entreprise en mars 1975. Le premier appontement (ouest) est opérationnel en novembre 1975, le second (est), en février 1976. Enfin, depuis l’automne 1975, tous les équipements pétroliers (pipelines, bacs de stockage, station de pompage et oléoduc de liaison Antifer-Le Havre) sont opérationnels. L'exécution de ces travaux et des infrastructures complémentaires a nécessité environ 11 millions de m3 de terrassements, 30 millions de m3 de dragages et 1,5 million de m3 de béton.

Coût de l'opération : D’après les premières estimations, les travaux doivent s’élever à 450 MF dont 270 à la charge de l’Etat. En 1974, le coût est réévalué à 600 MF, partagés entre les travaux d’infrastructure et d’équipement. Pour les infrastructures, le Port autonome du Havre se charge de 60% et l’Etat de 40% du coût. La Compagnie Industrielle Maritime, maître d’œuvre pour les équipements pétroliers, se rembourse par le produit du passage dans ses installations. En 1978, il s’avère que le coût avoisine le milliard de francs dont 750 MF à la charge de l’Etat et du Port et 250 MF à la charge de la CIM. L’ouvrage doit rapporter au port 1,50 F par tonne de pétrole débarqué.

Le trafic au terminal pétrolier d’Antifer : La part d’Antifer représente 34,5% du pétrole reçu au Havre en 1976, 55,6% en 1977, 68% en 1979 (c’est le record : 37 millions de tonnes débarquées), 25% en 1985 (c’est le minimum : 6,6 millions de tonnes) et se stabilise autour de 50 à 55% dans les années 1990.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1976, daté par travaux historiques

Toutes les infrastructures du terminal d'Antifer sont en béton.

  • Murs
    • béton
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • DUBOIS, LEMASSON, LANGLET. Le projet de construction du terminal pétrolier d’Antifer. In : Travaux, décembre 1973

    p. 14-32

Bibliographie

  • BASTARD, Paul. Les raisons d’être et les travaux en cours au nouveau terminal pétrolier d’Antifer. Paris, Académie de Marine, 1974, 18 p.

  • DUBOIS, GUYADER. Terminal d’Antifer. Considérations géologiques liées au choix du site et aux techniques de reconnaissances du sous-sol en mer. 6e Int. Haven Kongres, Anvers, mai 1974

  • REAL, Emmanuelle. Le paysage industriel de la Basse-Seine. Rouen : Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, Service régional de l'inventaire du patrimoine culturel de Haute-Normandie, coll. Images du patrimoine 249, 2008, 263 p.

    p. 146-147

Périodiques

  • AUPERIN, Louis. Le terminal pétrolier du Havre-Antifer. Les postes d’accostage. In : Travaux n°488, nov. 1975

    p.7 à 12
  • COMMISSARIAT GENERAL AU PLAN. Préparation du VIe Plan, Rapport du comité Pétrole. La Documentation Française, 1971, 205 p.

  • DUBOIS, J. Le projet de construction d’un terminal pétrolier à Antifer. In : Annales de l’Institut Technique du Bâtiment et des Travaux Publics, supplément au n°313, janvier 1974

    p. 126-154
  • GROSRICHARD, François. Le port pétrolier d’Antifer est prêt à accueillir les superpétroliers :  le gigantisme en question. In : Le Monde, 25 juin 1976

  • AUPERIN, Louis, COUPRIE, Jean-Pierre. Les études de l’appontement du port pétrolier d’Antifer. In : Annales de l’institut Technique du Bâtiment et des Travaux Publics, n°367, décembre 1978

    p. 70-94
  • BRETON; Gérard. Le port pétrolier du Havre-Antifer à Saint-Jouin : l’importance de la géologie appliquée dans les travaux de génie civil. In : Bulletin trimestriel de la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, tome 85, fascicule 1, 1er trimestre 1998

    p. 23-24
  • MALON, Claude. Prospective et planification des grands travaux. L’exemple du port pétrolier d’Antifer. In : Etudes Normandes, n°1, 2000

    p. 41-60
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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