Dossier d’œuvre architecture IA14000948 | Réalisé par
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
Dupont Stéphanie
Dupont Stéphanie

Chercheuse à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2010. Spécialité : patrimoine industriel, co-référente du Label "Patrimoine de la Reconstruction en Normandie".

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de l'arrondissement de Caen
  • enquête thématique régionale, céramique industrielle de Basse-Normandie
tuilerie et briqueterie dite Tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie, puis Grande tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie au Fresne d'Argences, puis Tuileries de Beauvais
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Calvados - Troarn
  • Commune Argences
  • Lieu-dit le Fresne
  • Cadastre 1825 C 116, 212  ; 1987 C1 59 à 63  ; 2015 C 405, 413, 429, 450, 453, 522, 523
  • Dénominations
    tuilerie, briqueterie
  • Appellations
    Tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie, Grande tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie au Fresne d'Argences, Tuilerie de Beauvais
  • Parties constituantes non étudiées
    carrière, atelier de fabrication, four industriel, cheminée d'usine, atelier de réparation, bureau

Une première tuilerie est construite en 1841 par Jean Déterville et Auguste Buret, à proximité de la carrière du Fresne d'Argences. Exploitée sur 12 m de hauteur, celle-ci livre deux couches d'argile, jaune et panaché gris-rouge. Vers 1865, Louis-Aquilin Coypel, architecte à Alençon, acquiert l'établissement pour y produire des tuiles à colonnes, dont il a fait breveter le système, et des tuiles mécaniques losangées. Il dote alors les ateliers de deux machines à vapeur d'une puissance totale de 20 chevaux.

Vers 1871-1872, l'usine est reprise, rasée et reconstruite par Achille Grégoire, Gustave Norès et Gaston Lebel, qui fondent en 1874 la société de la Tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie, à laquelle succédera une société anonyme dirigée par Trullard. Equipée de fours à feu continu, elle livre 1,2 million de tuiles mécaniques en 1873 et 2,5 millions en 1876. Une production complémentaire de tuiles plates, tuyaux, drains, pavés, boisseaux pour cheminée et objets vernissés démarre en 1877. La tuilerie d'Argences, considérée à la fin des années 1870 comme la plus importante du département, est rachetée en 1880 par les frères Gourmez (dont Jules, architecte à Paris), qui font construire le porche, un bureau et l'atelier de fabrication de pièces émaillées. Elle consomme quotidiennement 30 mètres cubes de terre en 1894 et produit 12 500 tuiles cuites. En 1912, elle est reliée à la ligne ferroviaire Paris-Cherbourg par une voie ferrée privée entre Argences et Moult (la gare de Moult est détruite en 1987). L'année suivante, sa cheminée est reconstruite (date portée). Exploitée en 1913, par la Grande tuilerie mécanique perfectionnée de Normandie au Fresne d'Argences, elle est reprise en 1921 par la Société anonyme des tuileries de Beauvais (également propriétaire des tuileries de Saint-Fromond et d'Airel dans la Manche et de Lison dans le Calvados), qui entreprend une production complémentaire de briques. L'ensemble de l'équipement est modernisé après reconstruction de l'usine entre 1944 et 1946. A la fin des années 1950, la production se monte à 30 000 tonnes de marchandises par an. Électrifiée en 1956, la tuilerie est pourvue l'année suivante d'un atelier dit de précontraints : aménagé de l'autre côté de la route départementale 37, il assure la production de briques creuses spéciales dites hourdis, destinées à l'ossature des planchers en béton armé.

Une nouvelle modernisation, qu'accompagne la construction d'ateliers de fabrication, de façonnage, de séchage et de triage, est entreprise en 1962, suite à un incendie qui détruit une grande partie des ateliers du 19e siècle, pour la plupart en bois. L'activité reprend en février-mars 1963, avec une production exclusive de tuiles plates, de briques creuses et d'hourdis. La tuilerie-briqueterie d'Argences, qui connaît des difficultés économiques dès les années 1970, cesse définitivement son activité en 1983. Le site est aujourd'hui occupé par une société d'archivage privée.

L'argile, extraite sur place d'abord manuellement, puis grâce à un excavateur à godets à partir des années 1930, est convoyée vers les ateliers dans des wagons en bois tirés par un cheval, à partir de 1952 dans des wagons en fer tractés par un locotracteur, après 1962 par camions.

En 1848, la tuilerie est équipée de trois fours à cuisson intermittente chauffés à la tourbe, remplacés au milieu des années 1870 par deux fours continus à feu mobile de type Hoffmann, eux-mêmes remplacés en 1963 par un four tunnel à feu fixe long de 120 m.

Les tuiles ont d'abord été séchées à l'air libre, à la fin du 19e siècle par la chaleur des fours, enfin dans des séchoirs à chambre après 1962. Les produits sont cuits au charbon jusqu'en 1963, puis au fuel.

La tuilerie emploie 25 ouvriers en 1848, environ 70 vers 1869, 140 en 1873, 180 en 1875, 250 en 1879 (dont 50 femmes et 45 enfants de 14 à 15 ans), 350 en 1921, 109 en 1927, 145 en 1972. Un bâtiment à usage de cantine et dortoir est construit en 1878 (détruit en 1984). L'entreprise fait également édifier plusieurs logements d'ouvriers, ainsi que des habitations destinées au contremaître, au comptable et au gardien.

En 1972, l'usine occupait une superficie totale de 530 000 m2, dont 3 600 m2 couverts. Les ateliers de fabrication, le four tunnel et le séchoir à chambres sont réunis dans un même corps de bâtiment en pan de fer et brique creuse, à toit à longs pans en tuile mécanique et verre, avec charpente métallique apparente.

Long de 60 m, le bâtiment des fours Hoffmann (1913 ?), en brique sur une assise en moellons de calcaire et couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique avec charpente en bois apparente, abritait deux fours en parallèle. Il est orné d'un clocheton à toit en pagode recouvert de tuiles vernissées. Une aire de stockage sous appentis était aménagée sur son pourtour. Sa cheminée (1913), en brique, est haute de 47 m.

Un atelier de réparation, dit menuiserie, en brique et pan de bois, et un bureau en brique complètent les installations.

  • Murs
    • brique
    • brique creuse pan de fer
    • calcaire moellon
    • brique pan de bois
  • Toits
    tuile mécanique, verre en couverture
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à longs pans croupe
    • appentis
  • Énergies
    • énergie thermique produite sur place
    • énergie électrique achetée
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Techniques
    • céramique
  • Représentations
    • raison sociale
    • blason
    • lion
  • Précision représentations

    Le porche d'entrée est orné d'une mosaïque bleue et blanche, où étaient portés les noms des propriétaires successifs de la tuilerie en céramique noire. Il est encore possible d'y lire "Tuileries de Beauvais". Il est également orné de quatre têtes de lion en terre cuite et du blason normand.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AD Calvados. M 4291. Hygiène publique, établissements insalubres, tableaux trimestriels demandés, 1845-1869.

  • AD Calvados. M 8641. Commerce, régime industriel. 1880-1884.

  • AD Calvados. M 8662. Commerce, affaires diverses. 1854-1920.

  • AD Calvados. P 7664. Contributions directes, arrondissement de Caen, Argences. 1917-1930.

  • AD Calvados. P 7665. Contributions directes, arrondissement de Caen, Argences. 1917-1930. Notes du percepteur d’Argences, 30 octobre 1916.

  • AD Calvados. P 7667. Contributions directes, rôle des patentes. 1928-1930.

  • AD Calvados. P 9404. Contributions directes, arrondissement de Caen, Argences. 1905.

  • AD Calvados. P.O. 15-3. MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE. Statistique de la France, 1848. Paris : Imprimerie nationale, 1850.

  • AD Calvados. 3P 2193. Argences. Matrice cadastrale des propriétés foncières bâties et non bâties. 1er vol. 1828-1913.

  • AD Calvados. 3P 2194. Argences. Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 2e vol. 1828-1913.

  • AD Calvados. 3P 2197. Argences. Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1881-1911.

  • AD Calvados. 3P 2196. Argences. Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1913-1963.

  • AD Calvados. R 1860. Enquête sur la coopération industrielle à la défense nationale dans le Calvados ; établissements travaillant exclusivement pour la Défense. 1915.

  • AD Calvados. 4U 28/218. Justice de Paix. Canton de Troarn. Actes de sociétés. 1887-1936.

    Société Gourmez et Kind, tuilerie à Argences, dissolution. 24 mars 1887. - Société Tuilerie de Beauvais, augmentation de capital. 19 mars 1929.
  • AD Calvados. 4U 28/227. Justice de Paix. Canton de Troarn. Actes de sociétés. 1874-1935.

    Tuilerie mécanique du Fresnes d'Argences. 1874-1929.
  • Depuis toujours qualité Beauvais, catalogue des Tuileries de Beauvais. [s.l.] : Imprimerie Draeger, [1925]. 50 p.

  • Gardez en poche… ces documents sur la tuile de Beauvais (extrait de l’album général). Catalogue 1er janvier 1926. Dijon : Imprimerie Darantière, 1926. 24 p.

  • Tuileries de Beauvais, grandes tuileries mécanique à vapeur, tarif n°6. 1er janvier 1928, 24 p.

    pp. 16-18.

Bibliographie

  • ASSOCIATION DES AMIS DU MOULIN DE LA PORTE. Le Moulin de la Porte dans l’histoire d’Argences. Argences : Association des Amis du Moulin de la Porte, 2009. 22 p.

  • ASSOCIATION FRANCAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES. Caen et le Calvados : actes de la 23e session, août 1894. Caen : Imprimerie Ch. Valin, 1894. 642 p.

    p. 341-346.
  • BERNOUIS, Philippe. Les tuileries et briqueteries dans les arrondissements de Caen et de Lisieux aux XIXe et XXe siècles. Rapport inédit. Caen : Histoire et Patrimoine Industriels de Basse-Normandie, 1987.

    La Tuilerie du Fresne d’Argences.
  • BERNOUIS, Philippe, DUFOURNIER, Daniel. La fabrication des tuiles et des briques en Normandie centrale (XIXe-XXe s.). Potiers - Tuiliers - Briquetiers - La céramique en Normandie Centrale : exposition, Histoire et traditions populaires, n° 38, juin 1992, (ISSN 0298-6728), 102 p. pp. 68-84.

  • BERNOUIS, Philippe, DUFOURNIER, Daniel, LECHERBONNIER, Yannick. Céramique architecturale en Basse-Normandie : la production de briques et de tuiles XIXe-XXe siècle. Cabourg : Cahiers du temps, 2006. 144 p. ISBN 2-911855-89-2.

  • LABOULAYE, Ch. Complément de la troisième édition du Dictionnaire des arts et manufactures. Paris : Librairie du Dictionnaires des arts et manufactures, 1868.

  • MINISTERE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE, DES POSTES et DES TELEGRAPHES. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XII. - Décoration et mobilier des édifices publics et des habitations. Deuxième partie. Classes 72 à 75. Paris : Imprimerie nationale, 1902. [4]-540 p.

    p. 117.
  • ROBIQUET, C. La tuilerie d’Argences. Mémoire pour l'obtention du C.F.E.N., 1958.

  • UNION COMMERCIALE DE CAEN. Commerce et industrie de Caen et du Calvados. Caen : Ch. Valin, 1894.

    pp. 170-172.
  • VILLE D'ARGENCES. Argences. Argences : Ville d'Argences, 1994. 157 p. ISBN 2-95008199-0-7.

    pp. 52-65.
  • Annuaire technique régional – Calvados. Saint-Brieuc : Imprimerie Moderne, 1972.

    B 135 - Société des Tuileries de Beauvais.
  • Les tuileries de Beauvais, Marius Doffoy, administrateur – directeur général, son œuvre. Beauvais : Imprimerie-Librairie-Reliure Prévot, 1927. 199 p.

    p. 114-117 (liste du personnel de l’usine d’Argences + illustrations).

Périodiques

  • CAUMONT, Arcisse (de). Etablissement de deux tuileries à Argences. Annuaire des cinq départements de Normandie, 7e année, 1841.

    pp. 538-539.
  • CAUMONT, Arcisse (de). Note sur la tuilerie du Fresne d’Argences. Annuaire des cinq départements de Normandie, 35e année, 1869.

    p. 477.
  • DUFRESNE, L. La tuile mécanique et l’usine du Fresne, à Argences (Calvados). Annuaire des Cinq départements de la Normandie, 1869. p. 475-479.

  • MORIERE, Jules. Industrie céramique dans le Calvados. Grande tuilerie du Fresne-d’Argences. Annuaire des cinq départements de la Normandie, 46e année, 1879. Caen : F. Le Blanc-Hardel ; Rouen : C. Métérie, successeur de Le Brument, 1879. p. 26 à 29.

  • RIOULT, M., MOUGON, R. Carrière de la Tuilerie du Fresne-d’Argences (Calvados). Bulletin trimestriel de la Société Géologique de Normandie et Amis du Muséum du Havre, 69/3, 1982. p. 13-18.

  • SAVARY, Hubert. La tuilerie du Fresne, pivot de la vie économique et sociale pendant près d’un siècle. Bulletin d’information municipal d’Argences, [s.d.]. p. 8-9.

  • Annuaire du Calvados. 1870.

    p. 14.
  • Annuaire du Calvados. 1875.

    p. 26.
  • Annuaire du Calvados. 1876.

    p. 27.
  • Bulletin des lois. Paris : Imprimerie royale, 1865.

    p. 257.
  • Bulletin des lois. Partie principale. Paris : Imprimerie nationale des Lois, 1866.

    p. 492 et 574.
  • La grande tuilerie d’Argences est encore debout. Ouest-France, édition Caen, 9-10 juin 2001.

  • La tuilerie de Normandie au Fresne d’Argences. Revue illustrée du Calvados, n°9, septembre 1913, 7e année. p. 143-144.

Documents figurés

  • Normandie (Calvados). Grande tuilerie de Normandie. Lefresne d'Argences.- Carte postale, éd. Rebourg, Argences, s.d., début 20e siècle. (AD Calvados. 18FI 19/29).

  • Argences (Calvados). Tuilerie, vue générale de l'Usine.- Carte postale, éd. C. Groult, épicier. (AD Calvados. 18FI 19/30).

  • 610 - Argences (Calvados) - La Tuilerie - Les Carrières.- Carte postale, s.d., début 20e siècle. (AD Calvados. 18FI 19/32).

Annexes

  • CAUMONT, Arcisse (de). Etablissement de deux tuileries à Argences. Annuaire des cinq départements de Normandie, 7e année, 1841. p. 538-539.
  • DUFRESNE, L. La tuile mécanique et l’usine du Fresne, à Argences (Calvados). Annuaire des Cinq départements de la Normandie. 1869. p. 475-479.
  • MORIERE, J. Industrie céramique dans le Calvados. Grande tuilerie du Fresne-d’Argences. Annuaire des cinq départements de la Normandie, 46e année, 1879. Caen : F. Le Blanc-Hardel ; Rouen : C. Métérie, successeur de Le Brument, 1879. p. 26 à 29.
  • ASSOCIATION FRANCAISE POUR L’AVANCEMENT DES SCIENCES. Caen et le Calvados : actes de la 23e session, août 1894. Caen : Imprimerie Ch. Valin, 1894. 642 p. p. 341-346.
  • BERNOUIS, Philippe, DUFOURNIER, Daniel, LECHERBONNIER, Yannick. Céramique architecturale en Basse-Normandie : la production de briques et de tuiles XIXe-XXe siècle. Cabourg : Cahiers du temps, 2006. 144 p. ISBN 2-911855-89-2. p. 35-37.
Date(s) d'enquête : 1987; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Normandie - Inventaire général
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Dupont Stéphanie
Dupont Stéphanie

Chercheuse à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2010. Spécialité : patrimoine industriel, co-référente du Label "Patrimoine de la Reconstruction en Normandie".

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.