Dossier d’aire d’étude IA00065640 | Réalisé par
Benoît-Cattin Renaud (Contributeur)
Benoît-Cattin Renaud

Conservateur, chercheur, service de l'Inventaire du Patrimoine Haute-Normandie 1980-1990.

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Pottier Gaëlle (Contributeur)
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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  • inventaire topographique, canton de Routot
  • inventaire topographique, boucles de la Seine normande
présentation de la commune du Landin
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays du Roumois
  • Adresse
    • Commune : Le Landin

La commune du Landin occupe les marges nord du plateau du Roumois qui s’élève à une altitude moyenne de 130 mètres. Côté Seine, le raide versant crayeux a été façonné par l'énergie du fleuve qui a longuement érodé le plateau dans la rive concave du méandre de Jumièges au cours des glaciations quaternaires (qui ont débuté il y a 2,5 millions d’années). Lors des dégels printaniers, les eaux de fontes ont entaillé ce versant de profondes ravines, localement appelées cavées. Les plus importantes facilitent l'accès au fleuve depuis des millénaires, telle que la côte de La Foulerie. La route de Routot qui débouchait sur le passage de Jumièges passait à l’aplomb des falaises du Landin, au niveau de l’actuel site du Val Persil. Ce chemin d’accès, autrefois très fréquenté, a été abandonné au milieu du 19e siècle, suite à la remise en exploitation des carrières, utilisées pour la réfection du chemin de halage. Vue aérienne par cerf-volant : côteau du Landin avec son château et l'ancienne ferme du château au premier plan. Vue aérienne par cerf-volant : côteau du Landin avec son château et l'ancienne ferme du château au premier plan.

L’ancienne carrière de craie du Landin, au lieu-dit le « Val Persil », est un espace d’un peu plus de trois hectares, situé en léger surplomb par rapport aux berges du Landin. Classé en réserve biologique dirigée (RBD) en 2002, cet espace a été intégré à la réserve biologique mixte des Landes créée en 2010 sur le périmètre de la forêt domaniale de Brotonne, gérée par l’Office National des Forêts (ONF). Des travaux de fauchage et de débroussaillage, destinés à maintenir les milieux ouverts, propices au développement d’une flore et faune spécifique, s’accompagnent d’inventaires floristiques et faunistiques. Ce site, composé de pelouses sèches, d’éboulis et de forêts de ravins, accueille pas moins de 15 espèces d’orchidées, ce qui représente un peu plus de 30 % de la richesse régionale. Parmi elles, trois sont protégées en Normandie orientale : la Gymnadénie odorante, l’Épipactis des marais et l’Ophrys bourdon. Le Faucon pèlerin profite de la tranquillité de ces falaises pour élever ses jeunes et chasser ses proies aux alentours. Pelouse calcaire de l'ancienne carrière du Val Persil avec ses orchidées sauvages. Pelouse calcaire de l'ancienne carrière du Val Persil avec ses orchidées sauvages.

Au sein de ces espaces de nature, le patrimoine remarquable et l’habitat traditionnel en brique et pan de bois est réparti entre le petit bourg du 19e siècle et ses hameaux isolés ainsi que le long du chemin de halage. Carte de l'inventaire croisé élaborée par le SIG du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, 2018.Carte de l'inventaire croisé élaborée par le SIG du Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande, 2018.

L'inventaire croisé mené en 2018 sur la commune a permis de recenser 61 bâtiments, dont :

- 6 remarquables

- 18 très intéressants

- 37 intéressants

Le nom de la localité est attesté sous la forme Lendinc en 1208. Il s'agit d'une appellation de vieil anglais, lending ou landing, qui signifient « lieu d'abordage » ou « lieu de débarquement ». Le Landin dépendait autrefois de la paroisse de Hauville et les habitants possédaient des droits d'usage dans la forêt de Brotonne. Le Landin possédait un port avec vraisemblablement deux accès pour l’embarcation de marchandises et de voyageurs, aux lieux-dits "les Tuileries" et "le port de la Foulerie". Le port du Landin est détruit en 1236 à la demande de l’abbaye de Jumièges, mais le quai d'embarquement continue à servir pour expédier les tuiles produites en grand nombre sur ce secteur à partir du 14e siècle.

En 1817, le marquis de Sainte-Marie, propriétaire du château du Landin, met à jour, sur le site d'une villa gallo-romaine, un vase de cuivre contenant un bracelet en or, une bulle d’or avec sa chaîne et plus de 400 monnaies. Ce site majeur, situé à la lisière de la forêt de Brotonne, est qualifié en 1834 par Alfred Canel de « maison de campagne romaine ». Tournée vers le sud et les grandes plaines limoneuses, cette vaste villa mesure environ 360 mètres sur 240. Les joyaux retrouvés sur place au début du 19e siècle témoignent de son activité entre la fin de l'âge du Fer et le 4e siècle après J.-C.

La motte féodale du Landin, aménagée par Geoffroi du Landin ou par son frère, Guillaume, en 1123, est l’un des témoins encore visibles de ce type de fortifications apparues en Europe Occidentale autour de l’an mil. Sa position stratégique, sur le rebord du plateau dominant la Seine, au sommet du vallon de La Foulerie, lui permettait de surveiller les activités menées sur le fleuve ainsi qu’au niveau du passage d’eau. Cette butte piriforme de 100 mètres sur 70, entourée d'un fossé, est aujourd'hui très endommagée. Le château primitif a été détruit pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453) et les matériaux constituant la motte ont ensuite servi de matière première pour alimenter un four à briques à l’époque moderne.

Une portion de la paroisse du Landin faisait partie du fief nommé « la cour l’abbé », centré sur la paroisse de Hauville, ayant appartenu à l’abbaye de Jumièges, qui l’avait reçu en 1015 de la famille Crespin, établie à Barneville-sur-Seine. La richesse des terres du Roumois étant connue dès le Moyen Âge, ce fief situé face à l’abbaye de Jumièges, facilement accessible en franchissant la Seine, s’est vite révélé d’une importance capitale pour les moines qui s’en servaient comme d’un « grenier à blé ».

L'histoire locale est également marquée par la proximité de la forêt de Brotonne, limitrophe du hameau des Bosquets au Landin. Jusqu’à la Révolution française, les habitants y prélevaient le bois nécessaire au chauffage, aux constructions, aux clôtures et se servaient des frais pâturages pour leurs troupeaux et le glanage des porcs. Cette forêt prestigieuse, autrefois peuplée de grands cerfs, était réputée pour ses chasses à courre.

En 1863, la comtesse de Chaumont-Quitry, Adélaïde Louise Charlotte de Bourbon-Condé (1780-1874), châtelaine du Landin, décide de doter son village d’un nouveau « bourg ». Celui-ci, jusque-là rattaché à la paroisse d’Hauville tant pour la messe que pour l’instruction primaire, est alors complètement dépourvu de centre. L’ensemble de la donation comprend trois bâtiments, homogènes dans leur style : l’église Sainte-Croix, le presbytère et l’école congréganiste.

  • Sites de protection
    parc naturel régional

La problématique de l’accès à l’eau, qui plus est de qualité, est peut-être à l'origine de la curieuse morphologie du Landin, qui pointe un long doigt vers le nord jusqu'à atteindre la source Saint-Vaast, au contact d'Heurteauville. Il s'agit là de la seule source naturelle, avec un débit de plus de 100 litres par seconde, sur le côté est du méandre de Brotonne, à la différence des sources de « Grainetieu », totalement artificielles, créées par terrassement sur le pied de versant du méandre abandonné, pour atteindre le toit de la nappe.

L’évacuation des coupes de bois de la forêt de Brotonne vers la Seine constitue une autre piste de compréhension du découpage communal du Landin. Les données récentes, acquises par les prospections laser aéroportées (LIDAR), ont révélé que le débardage des grumes s’effectuait sur ce versant accidenté et difficile d’accès, par roule ou par glissière. Le bois réceptionné sur toute la longueur du pied de versant était probablement acheminé jusqu’au parc à bois, appelé quai Saint-Vaast, un peu en aval du passage de Jumièges ou expédié directement par le quai de Jumièges, situé plus au sud.

L’ancienne carrière de craie du Landin, au lieu-dit le « Val Persil », est un espace d’un peu plus de trois hectares, localisé en grande partie sur la commune de Arelaune-en-Seine, bien qu’en léger surplomb par rapport aux berges du Landin. Classé en réserve biologique dirigée (RBD) en 2002, cet espace a été intégré à la réserve biologique mixte des Landes créée en 2010 sur le périmètre de la forêt domaniale de Brotonne, gérée par l’ONF. Ce site, composé de pelouses sèches, d’éboulis et de forêts de ravins, accueille pas moins de quinze espèces d’orchidées, ce qui représente un peu plus de 30 % de la richesse régionale. Le faucon Pèlerin profite de la tranquillité de ces falaises pour élever ses jeunes et chasser ses proies aux alentours.

Bibliographie

  • POTTIER, Gaëlle. Barneville-sur-Seine, Honguemare-Guenouville, Le Landin. (Au fil des patrimoines). Notre-Dame-de-Bliquetuit : Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande, février 2019. 72 pages.

    Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande
Date(s) d'enquête : 1979; Date(s) de rédaction : 1990, 2018
(c) Parc naturel Régional des Boucles de la Seine Normande
(c) Région Normandie - Inventaire général
Benoît-Cattin Renaud
Benoît-Cattin Renaud

Conservateur, chercheur, service de l'Inventaire du Patrimoine Haute-Normandie 1980-1990.

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Pottier Gaëlle
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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