Dossier d’œuvre architecture IA61001021 | Réalisé par ;
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
manoir
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Mortagne-au-Perche
  • Commune Corbon
  • Lieu-dit la Vove
  • Cadastre 1830 C 95, 96 ; 1990 ZD 2
  • Précisions
  • Dénominations
    manoir
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, grange, étable, fournil

Parmi les plus puissants du Perche, les seigneurs de la Vove s'illustrent dès 1144 avec Symon Louël de la Vove, témoin des donations du comte Rotrou III au profit de la léproserie de Chartrage de Mortagne-au-Perche. Dès cette époque, ils habitent un manoir qui surplombe et garde la vallée de l'Huisne, entre Mauves-sur-Huisne et Boissy-Maugis, dont la tour circulaire, au nord de l'actuel manoir, constituerait l'unique vestige (ancien donjon). Selon certaines sources, Jean de la Vove - responsable de la construction d'une importante forge sur l'Huisne en 1477 - serait également à l'initiative de la reconstruction du manoir au dernier quart du 15e siècle, comme le montre l'analyse chrono-stylistique des moulurations des encadrements de baies qui n'apparaissent qu'à partir de 1480. Datent de cette époque le logis manorial, la tour d'escalier hors-oeuvre, une partie de l'aile en retour d'équerre au sud-est - dont les vestiges d'une porte en arc brisée ont été mis en évidence lors de récents travaux de restauration - et la chapelle. Le manoir passe ensuite, par mariage, dans la famille de Langan en 1572. Il est mis en vente pour la première fois en 1765 par le marquis de Langan au profit de Philippe-Denis de Glapion qui l'acquiert. De cette époque, ou du siècle précédent, dateraient le prolongement de l'aile en retour d'équerre au sud-est, la construction du fournil, de la grange au sud-est du manoir, la reconstruction des murs de clôture et du portail et l'agrandissement des fenêtres du logis manorial. A la Révolution, le manoir est déclassé en ferme et vendu comme bien national, peut-être à la famille Delorme dont un décédant, Félix, est mentionné dans les matrices du cadastre de 1830 comme commanditaire de la "destruction partielle d'une maison" en 1860 (parcelle C 95). Jusqu'en 1970 et le rachat de la propriété par Roger Couvelaire qui a fait restaurer le manoir - à l'exception du logis manorial (converti en logis de ferme), toutes les parties constituantes du manoir servent de dépendances agricoles.

Situé à proximité immédiate de l'Huisne, le domaine seigneurial de la Vove comprenait le manoir, la chapelle, plusieurs fermes (dont deux au sud du manoir), un moulin (situé sur la commune de Courcerault) et une ancienne forge détruite à la Révolution. Le Manoir : Le logis manorial s'organise autour de deux espaces : la haute cour à l'ouest, face au manoir et entourée de murs ; la basse-cour à l'est où s'articulent les bâtiments agricoles dont ne subsiste que la grange. Le logis manorial adopte un plan en "L". L'aile nord-ouest comprend un rez-de-chaussée surmonté de deux étages carrés et d'un étage de comble. Une imposante tour octogonale, flanquée contre la façade sud-est, abrite un escalier en vis en pierre qui dessert les étages. Cette tour, richement décorée, est accessible par une porte de style gothique flamboyant en arc surbaissé, encadrée de pinacles et surmontée d'un tympan ogival décoré de feuillages, terminé par un arc en accolade couronné par un fleuron. Ses niveaux d'élévation sont séparés par des larmiers. L'escalier en vis, au noyau central hélicoïdal mouluré, est éclairé par des fenêtres aux encadrements moulurés se terminant en prisme et surmontées d'un linteau en accolade. Le départ en tas de charge des nervures, supportées par des culots sculptés d'un bestiaire fantastique, montre que le projet initial de couvrement de la tour d'une voûte d'ogive n'a jamais été réalisé. La chambre du guetteur, au dernier niveau de la tour, est accessible par un petit escalier en vis contenu dans une tourelle en encorbellement. Le comble de la tour est éclairé par une lucarne moulurée aux rampants ornés de choux frisés. Un cadran solaire orne la tour octogonale dans sa partie inférieure. La tour nord, possible vestige de l'ancien donjon, est de section circulaire à l'extérieur, carrée à l'intérieur. L'épaisseur de ses murs excède le mètre cinquante. Composée de quatre niveaux d'élévation surmontés d'un comble, elle est percée de fenêtres à l'est et à l'ouest dont une seule, au troisième étage à l'est, a conservé ces proportions et ces moulurations gothiques (traverse disparue) de la même époque que l'aile nord-ouest et la tour d'escalier. Les autres ouvertures ont été agrandies tardivement. L'aile sud-est s'élève sur deux niveaux. Sa façade sud-ouest conserve les vestiges d'une baie originelle bouchée (fenêtre à meneau et à traverse). Les autres ouvertures ont subi de nombreuses modifications. La façade nord-est est rythmée par huit travées. Quatre murs de refend, délimitant les pièces à l'intérieur, montre l'évolution de ce bâti. La chapelle : De plan rectangulaire à chevet à pans coupés, la chapelle est orientée à l'est. Parmi les sept fenêtres-hautes en arc brisé qui éclairent l'édifice, deux sont à réseau flamboyant. Voûtée en berceau continu couvert d'un lambris, elle aurait dû, faute de moyen financier ou de main-d'oeuvre qualifiée (?), être couverte en croisée d'ogives comme en témoignent le départ des nervures à l'intérieur. La grange et le fournil : De dimension importante, la grange porte les traces de la réfection de sa charpente sur ses pignons (pente de toit moins importante que précédemment). Les ouvertures ont été transformées tardivement. Le fournil se situe à l'entrée de la propriété, directement au sud du manoir. L'ensemble est clos de murs. L'accès se fait par un portail monumental composé de deux piliers maçonnés en pierre de taille ou par une porte en anse de panier comprise dans le mur, près de l'aile sud-est. Les murs, surlignés d'une corniche moulurée, sont en moellons de calcaire couverts d'un enduit à pierre vue ; les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les jambes harpées et les contreforts, en pierre de taille de calcaire. Les toits sont à longs pans, à croupe (aile sud-est, chapelle, fournil), conique (tour nord), à pans multiples (tour octogonale), à poivrière (tourelle d'escalier) couverts en tuile plate ou en ardoise (poivrière de la tourelle d'escalier, toit à pans multiples de la tour octogonale).

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile plate, ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit conique
    • toit polygonal
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en vis
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Protections
    classé MH, 1974/06/18
  • Référence MH

Ce domaine seigneurial constitue un ensemble architectural d'une rare qualité. Philippe Siguret parle de la Vove comme du plus important manoir du Perche. L'ensemble conserve, malgré les inévitables remaniements successifs, plusieurs réalisations marquantes du patrimoine percheron telles que la chapelle, de dimension modeste mais très haute (quasiment autant que le manoir lui-même) et la tour d'escalier dont la richesse décorative demeure quasi-inégalée à l'échelle du Parc. Ce chef-d'oeuvre de l'architecture gothique percheronne reste néanmoins inachevé aux vues des ambitions architecturales des seigneurs de la Vove.

Documents d'archives

  • AD Orne. 3 P 2 - 118. Cadastre napoléonien. 1830.

  • AD Orne. 3 P 3 - 113/1 à 3 P 3 - 113/5. Matrices cadastrales.

  • AD Orne. 3 P 2 - 118/1 à 3 P 2 - 118/4. Plans cadastraux (M. Hermey, géomètre première classe, 1830).

Bibliographie

  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

    p. 24
  • GAUTIER, Nicolas. FAUCON, Régis. Les manoirs du Perche. Paris : Acanthe, 2006, 223 p.

    p. 56-61
  • SIGURET, Philippe. Histoire du Perche. Ceton, Fédération des amis du Perche, 2001, 606 p.

  • SIGURET, Philippe. Les manoirs du Perche. Fédération des Amis du Perche, coll. Présence du Perche, éd. Arts Graphique du Perche, Meaucé, 1991, 176 p.

    p. 33-36
  • TOURNOUËR, Henri. Les Seigneurs de la Vove, Société Historique et Archéologique de l'Orne, tome XXIV, 1905, p.114-129.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2009
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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