Parmi les 35 maisons et fermes repérées sur le territoire communal, sept ont été sélectionnées pour l'étude. Les maisons dénaturées ou trop remaniées ont été exclues ainsi que toutes les nouvelles constructions (à l'ouest du bourg).
Repères historiques
A part de rares constructions qui semblent conserver des vestiges des 16e et 17e siècles (fermes du Breuil et de la Vove), l'essentiel des maisons et fermes repérées est construit à partir de la seconde moitié du 18e siècle. L'examen des matrices cadastrales fait état de nombreux remaniements, agrandissements et même reconstructions aux emplacements d'anciennes fermes à partir de 1830 jusqu'au début du 20e siècle. Plusieurs millésimes ont été relevés, soit gravés sur des pierres à même les bâtiments, soit dans les matrices cadastrales : 1835, 1841, 1847, 1848, 1862, 1866, 1869, 1872, 1875, 1877, etc. Dans le corpus de repérages, 29 sont des fermes, six des maisons. Les fermes se situent essentiellement en milieu rural, au sein de petits hameaux ou de manière isolée. Une seule ferme se trouve au bourg. Parmi les six maisons, trois se situent en milieu rural.
Au sein de ce territoire de plateau bocager, l'habitat se répartit au bourg, dans de petits hameaux - dont les plus importants sont les Aunaies, les Boeuftières et les Fortinières - et dans une dizaine de fermes isolées.
Description
Matériaux et mises en œuvre
Le calcaire d'extraction locale est largement employé dans les constructions, aussi bien pour les maisons que pour les fermes. Il est mis en oeuvre dans les maçonneries sous forme de moellons ; les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les corniches et les jambes harpées sont en pierre de taille. Beaucoup plus minoritaire, le grès, dit "le roussard", apparaît parfois dans les jambages des encadrements d'ouvertures comme au Breuil. La brique, dont l'utilisation se cantonne aux encadrements des baies, en général, des parties agricoles, n'apparaît que tardivement (à partir de 1850) et concerne assez peu de constructions (ferme du Bois du Puits). Les murs sont très souvent couverts d'un enduit plein ou à pierre vue.
Couvertures
Les toits des maisons et des fermes sont en général à longs pans et à croupe (plus rarement : l'Absoudière, le Bois du Puits). Les pignons, dont certains étaient découverts avant des remaniements au 19e siècle (le Breuil), sont couverts. Les couvertures sont majoritairement en tuile plate. Certains bâtiments agricoles sont couverts en tuile mécanique (lavoir à l'Absoudière, appentis à la Charbotière). Seuls quelques bâtiments plus récents, à partir de 1850, sont couverts en ardoise (presbytère et maison de notable au bourg).
Structure et composition d'ensemble
Concernant les types de maison, deux sont des maisons de notable (presbytère et "château de Corbon"), une appartient au patrimoine ferroviaire (maison de garde barrière : type très standardisé) et trois sont des maisons rurales.
Quant aux fermes, le type "ferme de plan allongé" (logis et dépendances agricoles sous le même toit) est bien représenté avec dix spécimens. Sept fermes sont "à bâtiments juxtaposés" impliquant une continuité du bâti mais des différences de formes et de volumes entre dépendances et logis (niveaux de toitures différents). Cinq fermes possèdent des "bâtiments contigus en L" (fermes de l'Absoudière, du bourg, du Breuil, de la Gistière et de la Motte). Une seul ferme, celle du Bois du Puits, possède un plan "en U à bâtiments distincts" et trois fermes (les Boeuftières, la Fortinière et la Rougerie) ont un plan "en L à bâtiments distincts perpendiculaires".
Conclusion
L'architecture rurale de Corbon a connu de nombreux remaniements au cours des siècles suite à l'évolution des manières de vivre. La prédominance de fermes de dimensions assez importantes reflète une activité agricole prospère dans ce secteur. Cette activité connaît son apogée entre le milieu du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle comme le montre la vague importante de reconstructions, de remaniements et d'accroissements des dépendances agricoles.
L'Absoudière, le Bois du Puits, le Breuil, la Charbotière, la Motte conservent des réalisations marquantes de l'architecture rurale de la commune.
Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.