Parmi les 36 fermes repérées sur le territoire communal, trois ont été sélectionnées pour l'étude. Le nombre relativement peu élevé de fermes repérés, compte tenu de la dimension importante de la commune, montre que ce corpus a subi des remaniements importants (beaucoup de fermes trop dénaturées ont été exclues du repérage).
Repères historiques
Même si l'examen des archives atteste la présence de quatorze lieux-dits dès l'époque médiévale, aucune ferme ou métairie noble ne présente d'éléments architecturaux antérieurs au 16e siècle. Les métairies nobles (devenues simples fermes après la Révolution) du Chauchis, de la Fauconnerie et de la Jouinière qui présentent des vestiges du 16e ou 17e siècle, ont été en partie remaniées ou complétées dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle.
Pour l'essentiel, les fermes sont construites à partir de la seconde moitié du 18e siècle. L'examen des matrices cadastrales fait état de remaniements, agrandissements et même reconstructions in situ à partir de 1830 et jusqu'au début du 20e siècle. Cette même période constitue l'époque importante de reconstruction rurale que connaît tout ce secteur (révolution agricole et évolution des pratiques agraires). Seulement deux dates portées ont été relevées : 1666 et 1804.
Au sein de ce territoire de plateau bocager, l'habitat se trouve dispersé sur l'ensemble du territoire communal à l'exception de l'extrémité sud occupé par le bois de Dambrai. La commune compte 61 lieux-dits : le bourg, sept écarts et 53 fermes isolées et moulins.
Description
Matériaux et mises en oeuvre
Le calcaire d'extraction locale est largement employé dans les constructions rurales. Il est mis en oeuvre dans les maçonneries sous forme de moellons. Les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les corniches et les jambes harpées sont en pierre de taille. Beaucoup plus minoritaire, le grès, dit "le roussard", apparaît parfois dans les jambages des encadrements d'ouvertures comme à la Fauconnerie. La brique, dont l'utilisation se cantonne aux encadrements des baies, en général, des parties agricoles, n'apparaît que tardivement (à partir de 1850) et concerne assez peu de constructions rurales (fermes de la Jouinière et de la Crespinière). Les murs sont très souvent couverts d'un enduit plein ou à pierre vue.
Couvertures
Les toits des maisons et des fermes sont en général à longs pans et à croupe (plus rarement : la Fauconnerie, la Crespinière). Les pignons, dont certains étaient découverts avant des remaniements au 19e siècle (le Chauchis, la Cochardière), sont couverts. Les couvertures sont majoritairement en tuile plate. Certains bâtiments agricoles sont couverts en tuile mécanique (la Brisardière, la Crespinière). L'ardoise apparaît à partir de 1850 en milieu urbain et sur quelques maisons rurales mais aucune ferme n'adopte ce type de couverture.
Structure et composition d'ensemble
Les 36 fermes repérées se répartissent en deux corps corpus : les fermes de plan allongé, prédominantes, - qui se divisent elles-même en groupes selon l'organisation spatiale - et les fermes de type "logis-étable", minoritaires.
La typologie des fermes est dominée par l´abondance du type ferme de plan allongé qui représente 33 fermes sur les 36 repérées. Néanmoins dans ce premier groupe, on distingue les neuf fermes à bâtiments continus qui se composent d´un logis et de dépendances agricoles qui s´alignent sous un même toit, des sept fermes de plan allongé à bâtiments juxtaposées correspondant à des édifices qui associent des dépendances sous des volumes différents. Concernant l'organisation spatiale, une seule ferme de plan allongé à bâtiments contigus adopte un plan en "U" ; sept à bâtiments distincts, un plan également en "U" ; six à bâtiments distincts, un plan perpendiculaire (en "L") et trois à bâtiments en vis-à-vis.
Le second corpus regroupe les trois fermes de type "logis-étable", leur rez-de-chaussée abrite une salle et le plus souvent une étable ; l´étage est lui pourvu d´une chambre desservie par un escalier en vis en bois accolé à un grenier (souvent situé au-dessus de la dépendance). Les fonctions peuvent êtres superposées ou croisées.
Les Beaujardières, ferme de plan allongé à bâtiments distincts perpendiculaire (repérée).
Conclusion
L'architecture rurale de Mauves-sur-Huisne a connu de nombreux remaniements au cours des siècles suite à l'évolution des manières de vivre. La prédominance de fermes de dimensions assez importantes reflète une activité agricole prospère dans ce secteur. Cette activité connaît son apogée entre le milieu du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle comme le montre la vague importante de reconstructions, de remaniements et d'accroissements des dépendances agricoles.
La Brancardière, le Chauchis, la Fauconnerie, la Soudière, la Jouinière et la Pâquerie conservent des réalisations marquantes de l'architecture rurale de la commune.
Typologie
Fermes de plan allongé à bâtiments continus alignés (9) ; fermes de plan allongé à bâtiments juxtaposés alignés (7) ; ferme de plan allongé à bâtiments contigus en "U" (1) ; fermes de plan allongé à bâtiments distincts en "U" (7) ; fermes de plan allongé à bâtiment distincts en "L" (6) ; fermes de plan allongé à bâtiments en vis-à-vis (3) ; type "logis-étable" (3).
Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.