Dossier d’œuvre architecture IA50001306 | Réalisé par ;
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Cherbourg-Octeville
abbaye Notre-Dame-du-Voeu, puis hôpital de la Marine, puis caserne Martin des Pallières, puis cité Chantereyne, actuellement site archéologique
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cherbourg-Octeville - Cherbourg
  • Commune Cherbourg-Octeville
  • Adresse rue de l' Abbaye
  • Cadastre 1826 C 3  ; 2008 BI 81
  • Dénominations
    abbaye, hôpital, caserne, cité
  • Vocables
    Notre-Dame-du-Voeu, Martin des Pallières, Chantereyne
  • Parties constituantes non étudiées
    église, bâtiment conventuel, logis abbatial, cloître, édifice hospitalier

Faute de documents, les circonstances de la fondation de l'abbaye royale Notre-Dame du Vœu demeurent incertaines. La construction des premiers bâtiments, où la reine Mathilde, petite-fille de Guillaume le Conquérant, établit une communauté de chanoines réguliers, débute, selon la tradition historiographique véhiculée par les chroniqueurs, en 1145 sur un vaste domaine acheté à Richard du Hommet, connétable de Normandie et capitaine de Cherbourg. Elle se poursuit tout au long des 12e et 13e siècles, avec l'édification des principaux bâtiments claustraux : église, salle capitulaire, réfectoire, cellier, cuisines. Consacrée dès 1181 par Henri II Plantagenet, l'abbaye connaît au 13e siècle un véritable âge d'or. Dotée de biens considérables, tant en France que dans les îles anglo-normandes et en Angleterre, forte de plus de 40 chanoines, son abbé, désigné par la communauté, a droit de haute, moyenne et basse justice sur l'ensemble de ses terres.

La guerre de Cent Ans sonne le glas de ce rayonnement. Situés à l'extérieur de l'enceinte fortifiée construite par Philippe le Bel, les bâtiments conventuels sont les victimes régulières des pillages et des incendies. Retranchés derrière les fortifications du bourg, les chanoines ne reprennent pleinement possession des lieux qu'après 1450 (la nouvelle église abbatiale est consacrée en 1464).

Aux siècles suivants, la communauté, dont les effectifs ne cessent de se réduire, entre dans une longue période de décadence. L'institution est placée sous le régime de la commende par décision royale en 1583. Les nouveaux maîtres laïcs, attirés par les revenus que la charge procure, se désintéressent des bâtiments et de la vie religieuse. Ravagés en 1758 lors du raid mené par les Anglais, les biens sont finalement placés sous séquestre en 1774. La communauté, dont le nombre de chanoines est inférieure au seuil minimum imposée par le nouvel édit royal de 1768 relatif aux congrégations, est alors dissoute.

En 1783, l'ensemble est transformé en caserne et en résidence administrative par le duc d'Harcourt, gouverneur de Normandie, venu surveiller les grands travaux maritimes de Cherbourg. Le roi Louis XVI y séjourne lors de son voyage en Normandie en juin 1786. Les terrains sont annexés pour la construction du port militaire. Cédés à la Marine en 1791 comme Bien national, les bâtiments sont alors transformés en hôpital jusqu'en 1865, puis en caserne à partir de 1880 et en magasin d'habillement au début du XXe siècle. Plusieurs éléments sont déplacés au cours de cette période : la cheminée du logis abbatial, démontée en 1838 et remontée dans la salle du conseil municipal; le portail occidental de l'église, redécouvert en 1892, transporté en 1894 dans le jardin public de la ville.

Le 20 août 1913, les bâtiments de l'abbaye sont classés. Ils sont acquis en 1928 par le notaire cherbourgeois Ygouf qui les transforme en cité ouvrière et prennent alors le nom de « cité Chantereyne ». Occupés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, les locaux sont une nouvelle fois ravagés par un incendie en juin 1944.

Les premiers travaux d'étaiement d'urgence, entrepris par la Conservation des Monuments Historiques, interviennent en 1950 et se poursuivent à partir de 1964. En 1994, des fouilles archéologiques aboutissent à la redécouverte d'un important mobilier, notamment une exceptionnelle plate-tombe du 13e siècle. En vertu de l'arrêté du 9 septembre 2002, la protection s'étend aujourd'hui à l'ensemble du site, propriété de la municipalité depuis 1961.

  • Remplois
    • Parties déplacées à Commune : Cherbourg-Octeville
  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle
    • Principale : 13e siècle
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle
    • Principale : 2e moitié 15e siècle
  • Dates
    • 1145, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Froidevaux Yves-Marie
      Froidevaux Yves-Marie

      Né en 1907 à Paris, mort en 1983 dans cette même ville.

      Élève à l'École Nationale Supérieure des Beaux-arts, dans les Atelier André et Patouillard, et diplômé du Centre d’Études Supérieures d’Histoire et de Conservation des Monuments Anciens, il est lauréat du concours de recrutement d’architecte en chef des Monuments historiques de 1938. Nommé en Dordogne, dans la Vienne et les Ardennes, il se voit confier la charge des réparations et restaurations de dommages de guerre dans la Manche en 1945. Il participe à ce titre à la restauration de nombreux édifices civils et religieux du département, notamment Notre-Dame de Saint-Lô, l'abbatiale de Lessay, l'église Saint-Malo à Valognes, les abbayes de Hambye ou de La Lucerne. Quand cela est possible, il aménage les abords du monument. Ainsi, si la restauration de l’abbatiale de Lessay fut saluée comme une résurrection, tant par les spécialistes de l’histoire de l’architecture que par la population locale, car elle préservait l’authenticité du monument, a contrario, il construisit une nef et une croisée de transept neuves en béton armé pour l’église de Valognes. En 1957, il est nommé architecte en chef du Mont-Saint-Michel. Il reste en poste jusqu'en 1983, tout en devenant inspecteur général en 1974. Il a aussi été chargé de l'aménagement des grottes de Lascaux (Dordogne) et de la restauration du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

      Il est l'auteur des monuments commémoratifs dits "monuments signaux" érigés sur les plages du Débarquement à l'initiative du Comité du Débarquement.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte des Monuments historiques attribution par source
    • Auteur :
      Traverse Jacques
      Traverse Jacques

      Nommé architecte en chef des monuments historiques en 1970, en charge des départements de l'Orne et de la Manche.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte des Monuments historiques attribution par source
    • Personnalité : commanditaire attribution par source
    • Personnalité :
      Harcourt François-Henri duc d'
      Harcourt François-Henri duc d'

      Duc et pair de France. - Capitaine des dragons, il servit sous le maréchal de Saxe. Lieutenant-général en 1762. - Général, gouverneur de Normandie en 1776, puis du Dauphiné en 1787. - Membre de l'Académie française (élu en 1788).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      personnage célèbre attribution par source
    • Personnalité : personnage célèbre attribution par source

L'abbaye Notre-Dame-du-Voeu est construite suivant le plan bénédictin. Elle comprend un cloître, bordé au nord par une église, à l'est une salle capitulaire avec chauffoir et cuisine, au sud un réfectoire et un cellier, à l'ouest une aile de réception. Il ne reste de l'église du 13e siècle, que la façade ouest, percée d'une ouverture en ogive, ainsi que les vestiges d'une tourelle d'escalier.

Effondrée en 1946, la salle capitulaire a été restaurée au cours de la décennie 1980/1990. Une rangée de six piliers, supportant des voûtes en croisée d'ogives avec liernes et tiercerons, découpe l'espace en deux parties éclairées, de chaque côté, par une série de huit fenêtres en lancette dont deux aveugles. L'extrémité orientale est fermée par une abside à trois pans. A l'intérieur, les chapiteaux à feuillages ont été retaillés au 19e siècle par les maçons de la Marine et ne présentent plus rien de commun avec ceux d'origine.

La salle voisine est un long bâtiment voûté d'arêtes qui accueillait au nord les cuisines et au sud le chauffoir. Les chapiteaux des colonnes sont d'époques différentes: romane dans les cuisines et gothique dans le chauffoir. Ils ont été défigurés par des sculpteurs au 19e siècle, à l'exception d'un seul qui présente des godrons très plats et une figuration humaine.

Le réfectoire du 13e siècle, au sud, a été totalement restauré. Il comprend une vaste et haute salle de sept travées, éclairée par de grandes baies en lancette. Son rez-de-chaussée, a demi-enterré, est occupé par un cellier, longue salle basse divisée en sept travées, datant du 12e siècle. Une rangée de colonnes cylindriques trapues divise cet espace en deux parties. Les colonnes supportent une voûte d'arêtes, leur base est ornée d'un double tore avec griffes aux angles ; les chapiteaux, sous un tailloir octogonal décoré de simples filets et rainures, présentent une corbeille nue et un astragale peu saillant. Le mur extérieur du cellier présente quelques arcades qui matérialisent tout ce qui reste du cloître.

Le logis abbatial du 15e siècle se situe à l'extrémité est de l'abbaye. La façade, à un seul étage, est ornée d'un gâble en accolade au décor fleuronné. Restauré de 1996 à 2000, le bâtiment, couvert d'un toit à longs pans et à croupe, est aménagé en logement de gardien et en salle d'exposition. Il se situe auprès d'une petite construction qui faisait autrefois office de prison.

Les ruines du pavillon de l'hôpital, construit sur la partie orientale de l'ancienne église, ont été consolidées entre 2003 et 2005. Le bâtiment appelé "Hôtel d'Harcourt" se situe à l'ouest du site. Cette partie de l'abbaye a été totalement ravagée par l'incendie de 1944. Les seuls travaux de restaurations entrepris jusqu'ici ont visé à préserver la façade encore debout. D'une dimension de 26 mètres sur 7, celle-ci comprend une aile à un étage éclairée par neuf baies rectangulaires, bordée par deux pavillons carrés. Au milieu, s'ouvre une porte cochère, encadrée de pilastres à bossages que coiffe un fronton triangulaire.

Le bâtiment de l'ancienne prison, en rez-de-chaussée, est couvert d'un toit à longs pas à pignon couvert.

  • Murs
    • schiste moellon
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    schiste en couverture
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte d'ogives
    • voûte en berceau
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à deux pans pignon découvert
    • toit à deux pans pignon couvert
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • État de conservation
    vestiges, restauré
  • Techniques
    • vitrail
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH partiellement, 1913/08/20
    classé MH, 2002/09/09
  • Précisions sur la protection

    Ensemble des bâtiments, vestiges et sols de l'ancienne abbaye (cad. BI 81) : classement par arrêté du 9 septembre 2002

L'abbaye du Vœu était un des principaux établissements religieux du Cotentin au Moyen Age. C'était également un des édifices majeurs de Cherbourg.

Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006
(c) Région Normandie - Inventaire général
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers